La gamme American Standard fait peau neuve et change de nom : American Professional. Comment remplacer un standard et surtout, quelle piste privilégier ? Un pas vers la modernité ? Un autre vers le vintage ? Un peu des 2 à vrai dire… C’est ce que nous a montré cette Strat au caractère de rockeuse.
Rien n’est vraiment révolutionnaire dans cette nouvelle mouture de la Strat américaine qui, par respect de la tradition probablement, reste fidèle
à ses rondeurs, ses atours et son tempérament. La série AM Professional comprend désormais 4 modèles, parmi lesquels cette Super Strat dont le micro humbucker en position chevalet ajoute plus d’épaisseur et de tranchant aux saturations. Il délivre des notes
au spectre riche, aux attaques très définies, avec une bonne assise dans
le bas du spectre, mais sans ampleur dans le grave. D’ailleurs, cette nouvelle version verse plus dans le son creusé
et incisif que la rondeur
et le chatoyant. Déjà en
acoustique, le son est brut,
peu généreux en graves, et
plutôt porté sur les aigus.
Le son du micro manche est caractéristique de ce que l’on
est en droit d’attendre : léger en bas-médiums et profond à la fois, restituant des attaques incisives et faisant
« entendre » la planche de bois dans
les résonances. Le micro en position centrale sonne moins plein et dense que celui des versions précédentes (avec
un peu de nasalité). La combinaison micro manche/central est classique, claire et cristalline. En revanche, on peut être surpris par la combinaison micro central/double qui est beaucoup plus sourde que l’association habituelle de 2 simples bobinages. Le niveau de sortie du humbucker est bien entendu plus élevé que celui des 2 autres micros, mais cet instrument est conçu pour les sons saturés, qui tendent à réduire les écarts de niveau sonore.
Alors, quoi de neuf ? Où se cache le renouveau finalement ? Premièrement, dans le manche dont
la forme « deep C » est un compromis plus affirmé entre une forme moderne (manche peu épais, touche large, radius plat et frettes épaisses) et vintage (plus arrondi, plus étroit, radius moins plat et frettes fines). Le confort de jeu est très bon, grâce notamment aux divers appuis et positions que peut confortablement prendre la main gauche. Le vernis satiné du manche est aussi particulièrement agréable. Le profil « curve » de la touche fait penser aux touches fines en palissandre du milieu des années 1960. Le potentiomètre de volume est couplé à un circuit « Treble Bleed » dont la fonction est de limiter la perte des aigus quand on baisse le volume : on conserve ainsi une bonne précision des attaques à tous les niveaux de sortie. Par ailleurs, la tige de vibrato ne se visse pas : elle est maintenue à sa base lors de l’enfoncement et peut être serrée par une petite vis latérale. Enfin, le micro à double bobinage Shawbucker était associé depuis 2015 à 2 Fender Custom Shop Fat 50. Ces derniers sont remplacés par les V-Mod, conçus également avec Tim Shaw.
La légende se poursuit donc avec
une nouvelle déclinaison d’un standard qui connaît quelques modifications, mais conserve
l’essence même de ce qu’il représente probablement aux yeux de tous. Benoît Navarret
Caractéristiques
C'est Shaw ! Les micros Shawbucker doivent leur nom à leur concepteur, Tim Shaw, ancien ingénieur chez Gibson. Il est à l'origine des répliques des micros de type PAF réalisés à la fin des années 70 et au début des années 80. Après de nombreuses études et analyses, il a conçu un modèle très appréciés des utilisateurs qui l'ont tout simplement appelé le Gibson « Tim Shaw » Humbucker. Comme de nombreux spécialistes, Shaw a commencé sa carrière en tant que réparateur de guitares et bobiné ses premiers micros à l'âge de 20 ans, avant de rentrer chez Gibson où il est devenu spécialiste des micros. Recruté ensuite par Fender, il est à l'origine des fameux micros qui équipent plusieurs guitares de la marque américaine.
Test paru dans le Guitar Part n°276
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