Moins stoner que ses prédécesseurs, « Rise From The Ashes » fait la part belle à un heavy rock marqué par les 90’s. Preuve qu’après sept albums et 16 ans d’existence, on peut évoluer tout en respectant ses fondamentaux.
Après 16 ans d’existence, comment avez-vous abordé la réalisation de ce septième album ? Plus sereinement que pour les précédents ?
David Rocha (guitare) : Cela fait effectivement 16 ans que Headcharger existe, mais le nouveau line-up, avec l’arrivée de David (Vallée) à la guitare et aux chœurs, et Antoine (Cadot) à la batterie, est en place depuis environ deux ans. C’est donc le premier disque que nous avons enregistré avec cette formation et le concept de « Rise From The Ashes » tourne autour de cette idée de renaissance : c’est toujours sous le nom de Headcharger, mais nous repartons sur de nouvelles bases avec des personnes différentes.
De quelle manière l’apport de ces deux nouveaux membres a-t-il pu influencer la dynamique du groupe ?
David Rocha : C’est vraiment comme du sang neuf. Nous avions le sentiment d’être arrivés au bout de quelque chose, tant avec le line-up précédent que sur un plan artistique. David et Antoine ont apporté de nouvelles idées, notre manière d’aborder la composition a changé, tout comme l’implication de chacun : David a beaucoup bossé en amont avec Seb, notre chanteur, ce qui lui a permis de mieux trouver sa place plus facilement.
David Vallée (guitare/chœurs) : En tant que chanteur, et je sais de quoi je parle (David fut le frontman du groupe Noïd, ndlr), on a souvent l’impression d’être seul dans son coin à écrire ses textes. Pour cet album, avec Seb, nous avons eu un super échange durant l’élaboration des maquettes. Cela permet d’avoir du recul, de se remettre en question et d’être beaucoup plus efficace une fois en studio, et pas seulement au niveau du chant, mais également pour ce qui est des parties guitare. J’avais quelques idées en stock et certaines ont servi de bases aux nouveaux titres.
On sent d’ailleurs un réel travail sur les secondes voix, beaucoup plus pensé qu’auparavant…
David Rocha : C’était une réelle envie de notre part de profiter de l’expérience de David en tant que chanteur avec Noïd. Et puis, nous sommes tous fans d’Alice In Chains et du travail sur les parties chant de Layne Staley et de Jerry Cantrell. Même si le premier était le chanteur principal, parfois, sur certains morceaux, tu ne sais plus qui fait la voix lead, et cela crée une tessiture très intéressante. L’idée pour cet album était vraiment de composer ces nouveaux morceaux autour de la voix.
C’est sans doute pour cette dernière raison que ce nouvel album semble moins marqué par la culture du riff très présente dans les précédents disques de Headcharger, non ?
David Rocha : C’est juste et c’est totalement dû au fruit de notre évolution. Cette culture du riff dont tu parles a toujours été l’une des marques de fabrique du groupe, mais nous avons eu quelque peu l’impression de tourner en rond. Pour cet album, et pour que Seb, notre chanteur, puisse s’épanouir, nous voulions faire un album plus ouvert sur le plan harmonique, avec des mélodies plus variées.
Tout en gardant le côté heavy-rock cher à Headbanger…
David Rocha : Exactement ! L’idée était de se renvoyer la balle entre le chant et les instruments. Chacun interagit, ce qui nous permet de trouver un équilibre. C’est vraiment un travail collaboratif. C’est peut-être cliché de dire ça, mais je crois vraiment en la notion de groupe, même si c’est l’un d’entre nous qui est au départ d’une idée.
David Vallée : Sur ce disque, il y a une réelle volonté d’aller vers un rock plus universel, avec des formats « chansons » au service de la voix ou d’un ensemble. C’est donc sans doute moins metal que par le passé, mais nous nous retrouvons tous dans le résultat final. Rien n’a été calculé, cela s’est fait très naturellement, les compositions nous donnant la voie à prendre.
« Rise From The Ashes » a un côté très années 90, pas forcément dans le son, mais plutôt dans l’approche de la composition. Est-ce votre décennie musicale référence ? David Vallée :
J’ai grandi avec Korn et les Deftones… C’est une période très riche où le rock s’ouvrait à l’électro, au hip hop. Sincèrement, je ne me pose pas ce genre de question, c’est totalement inconscient et c’est ancré dans ma culture musicale.
David Rocha : Vu que je suis plus âgé, je me suis intéressé à la musique plus tôt. Gamin, j’ai commencé par écouter des groupes de hard-rock des années 80, puis j’ai été fortement marqué par le mouvement grunge. Ce qui est drôle, c’est que c’est grâce à des formations de Seattle telles que Soundgarden ou Alice In Chains que j’ai découvert ensuite Led Zeppelin, Black Sabbath et consorts, car ces groupes étaient souvent cités comme des références incontournables. Alors oui, pour ma part, le dernier âge d’or du rock reste les années 90. Je me souviens qu’à l’époque, je n’avais pas assez d’argent pour m’acheter tous les bons disques qui sortaient (rires) !
Souvenirs Si les années 90 sont sans nul doute la période musicale qui les a le plus marqués, les deux David n’en oublient pas pour autant leurs premiers émois de six-cordistes.
David Vallée : J’ai découvert Metallica quand j’avais 10 ans. Je suis un inconditionnel de James Hetfield, qui reste pour moi la base et un modèle de chanteur/guitariste rythmique. À la même époque, j’ai tellement été marqué par Lenny Kravitz et son « Are You Gonna Go My Way » que je m’étais fabriqué une Flying V en carton. Par la suite, je me suis plus intéressé aux groupes qu’à des musiciens en particulier.
David Rocha : Mon premier souvenir guitaristique, c’est AC/DC, quand j’étais au collège. J’avais chopé la cassette VHS du live à Paris, « Let There Be Rock ». Tous les jours, quand je rentrais de l’école, mon rituel était de regarder cette vidéo. Comme David, le côté guitar hero ne m’a jamais spécialement attiré, j’ai toujours préféré la notion de groupe. Pour moi, AC/DC, c’est autant Angus Young que son frère Malcolm. Pareil pour les Guns, j’aimais bien Slash, mais j’ai plus retenu son association avec Izzy Stradlin.