Depuis 10 ans maintenant, Lloyd a doucement laissé mûrir sa musique pour qu’elle arrive aujourd’hui à maturation. Après une paire de EP pour trouver le bon line-up et affiner le propos, le blues rock pêchu des débuts a laissé place à un style aujourd’hui beaucoup plus travaillé, mais pas forcément complexe, sur lequel les ombres de Pink Floyd, Supertramp, David Bowie, voire même Archive pour le côté moderne, planent, tels des garants du bon goût. « Les années 70 sont omniprésentes dans le son de Lloyd et ce depuis le début. Cependant, nos différentes influences se sont mélangées jusqu’à créer notre propre son : un carrefour entre le blues, le rock, la pop, la musique orchestrale et l’électro. » Et dans son premier opus, « Black Haze », le trio parisien ne cherche aucunement à cacher son fort attrait pour les seventies, les bandes originales de films ou les opéras rock (« The Wall » et « Tommy ») et assume totalement son choix de réaliser un concept-album à la double lecture. « Dès le début, notre but était de composer un disque qui raconte une histoire. Nous avons travaillé avec les « Stratégies obliques » de Brian Eno (jeu de cartes créé en collaboration avec le peintre berlinois au milieu des années 70 pour aider groupes et artistes dans leur processus créatif, ndlr), qui sont à l’origine des différentes sections narratives dans l’album. Plus les idées germaient, plus on se disait que créer une seconde histoire en changeant l’ordre des morceaux serait intéressant. Les chiffres romains devant les titres sont un jeu de piste pour emprunter un autre parcours d’écoute. » Un projet ambitieux (et réussi) que les trois musiciens défendent sans structure, en totale indépendance par la force des choses. « Les labels indés sont sans doute plus frileux de nos jours. Il faut reconnaître que notre style de musique est assez compliqué à défendre en France. Nous ne rentrons pas vraiment dans la « norme ». C’est donc à nous de constituer notre propre équipe, de trouver les bons partenaires et de tout produire par nous-mêmes. » Une ligne artistique exemplaire et un groupe passionné, c’est sûr, Lloyd est sur la bonne voie.