Depuis le début du millénaire, Schecter s’était plutôt fait une spécialité des modèles metal, aux formes parfois extravagantes (Jeff Loomis et sa Cygnus pour le moins anguleuse), souvent déclinés en modèles 7 et 8 cordes. Du thrash au djent, en passant par le symphonique, le prog, le hard-rock et autres genres velus, les instruments de la marque de Los Angeles sont passés entre les mains véloces de plusieurs générations. Nick Johnston, guitariste canadien au sens aiguisé de la mélodie, figure parmi les têtes de proue de l’écurie, et son premier modèle signature en 2016, d’apparence stratoïde mais sans concession avec sa configuration HSS chirurgicale (humbucker en chevalet), était une réussite. Cette nouvelle itération, tout aussi fenderienne d’inspiration, se veut un outil de précision et de polyvalence : corps en aulne (quatre finitions disponibles Atomic Frost, Green, Ink ou Snow) et manche en érable torréfié pour une meilleure stabilité, au profil relativement fin et doté de 22 frettes, configuration simple bobinage en chevalet/humbucker (splittable) au manche... Un instrument dont l’apparente simplicité laisse entrevoir quelques options utiles et pertinentes.
Studieuse
Avec la guitare branchée dans un ampli drivé accomagné d'un Delay et Reverb, le résultat est ainsi que l’on pouvait l’attendre de ce modèle : un son précis en position chevalet, plus moelleux en manche, une position intermédiaire exploitable à tous les niveaux de gain. Mais, pour être tout à fait honnête, ça manque peut-être un peu de personnalité. Si le caractère type Tele est bien là sur le micro aigu, le grave bave un peu trop. Et, lorsque les effets de spatialisation sont laissés de côté, l’ensemble souffre d’une base de son inégale. Comme on pouvait s’y attendre, avec l’association de micros simple et double bobinages, une différence de niveau de sortie assez conséquente se fait entendre (surtout en son clair, où l’ampli viendra moins compresser le signal), et le split du micro manche induit l’inverse : dès lors un équilibre est difficile à atteindre dans une configuration plug and play. En revanche, dans un contexte d’enregistrement, c’est une agréable surprise : on découvre un son facile à mixer et l’instrument révèle sa pertinence dans un univers plus produit, en guitare de studio. Si, au regard du prix public annoncé, cette Schecter peut paraître un peu chère vis-à-vis de ce qui se fait aujourd’hui dans cette gamme de prix, elle prend cependant son sens dans un moment de création et d’enregistrement, même si ses finitions résolument fiables ne viendront pas entraver le chemin des amoureux de la route et des tournées intensives.
Nouvelle génération
Nick Johnston est un guitariste éminemment actif sur plusieurs tableaux : sa formation en ligne « Purpose », autant axée sur l’instrument que sur des éléments de son background et de sa carrière fait des ravages, et on le retrouve très régulièrement en tournée – pour des concerts et des masterclasses – de par le monde (souvenir ému de 2019, au magasin parisien Metal Guitar), ainsi qu’en guest sur des réalisations de Polyphia, Intervals, et tant d’autres. En réalisant un hommage à la Telecaster, Schecter sort avec Nick Johnston un nouveau modèle signature, à la fiche technique résolument plus moderne. Mécaniques à blocage, radius plat, 22 frettes et split du micro manche : toutes les conditions sont réunies pour proposer un instrument polyvalent, mais qui peinera peut-être à trouver sa voix...
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