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BEN LEMELIN (YOUR FAVORITE ENEMIES) - Les copains d’abord

Your Favorite Enemies fut la bonne surprise de la fin d’année 2014. Avec un album enfin disponible dans l’Hexagone, « Illness And Migration », le groupe canadien, basé à quelques encablures de Montréal, a de sérieux atouts rock et noise en main pour ne plus être le secret le mieux gardé du Canada. Propos recueillis par Olivier Ducruix - Photo : © Olivier Ducruix

La basse, c’est un choix par défaut ou un coup de cœur ? J’ai toujours été autodidacte… En fait, au début, je voulais être batteur, mais l’idée de faire entrer une batterie dans le salon n’était pas quelque chose de bien considérée chez moi (rires) ! Mon frère, qui est aussi le lead guitariste du groupe, m’a demandé si je ne voulais pas me mettre à la basse. Jusqu’à ce jour, je ne m’étais jamais intéressé à cet instrument. À cette époque, j’écoutais beaucoup de heavy metal : Metallica, Iron Maiden. Et quand je me suis penché sur le sujet, j’ai réalisé que la basse était le lien parfait entre la puissance de la rythmique et la mélodie. Je suis très vite tombé amoureux de la basse et je n’ai plus décroché depuis !

Étant autodidacte, tu as dû jouer dans pas mal de groupes avant de commencer l’aventure avec Your Favorite Enemies, non ? Oui, Je me suis intéressé à pas mal de styles de musique, j’ai surtout joué avec des amis, mais toujours plus ou moins dans l’univers du rock. Ensuite, j’ai découvert le slap et le funk, je me suis acheté également une 6-cordes. Ce n’était jamais très sérieux. Quand j’ai rencontré les autres membres de Your Favorite Enemies, c’est devenu beaucoup plus sérieux et nous avons décidé de faire de ce groupe un véritable projet de vie.

On peut voir quelques photos trainer sur le Net où tu joues avec une 6-cordes alors que le groupe débutait. Aujourd’hui tu as définitivement opté pour une 4-cordes. Pourquoi ce changement ? Avec la 6-cordes, je me compliquais beaucoup la vie. Cela peut te paraître étrange, mais je suis quelqu’un qui manque de confiance et j’ai toujours un peu peur de ce que les gens peuvent penser de moi. J’avais l’impression que ma 6-cordes me donnait un certain standing… Sans me vanter, je pense avoir assez de technique pour me débrouiller et j’ai réalisé que ce type d’instrument, à cause de la lourdeur, m’empêchait de totalement vibrer sur scène. J’ai commencé à me poser des questions… Pourquoi 90% des bassistes jouent-ils sur des Fender Precision ou Jazz Bass ? Il y a sans doute une raison à cela ! Alors je suis allé essayer une Fender et j’ai vraiment beaucoup aimé. Mais je ne l’ai dit à personne (rires) ! Cela a été une grosse réflexion sur moi-même, sur mon rôle de bassiste, pour finalement me dire que, même si je jouais sur deux cordes, personne d’autre ne pourrait jouer comme moi. Chacun a son propre style. Et au final, je suis tombé amoureux d’une Fender Jazz Bass American Deluxe. J’ai enfin pu bouger et m’exprimer véritablement sur scène.

C’est un peu compliqué de comprendre la sortie de votre dernier album, « Illness And Migration ». Il a d’abord été commercialisé au Japon en mars 2013, puis ensuite au Canada, puis en Australie et maintenant en France… Je vais te dire une chose : c’est compliqué pour moi aussi (rires) ! Nous aimons donner un petit quelque chose de spécial à nos fans, selon leur pays d’origine. Chaque territoire est différent. Par exemple, pour le Japon, il y avait des titres en plus que tu ne retrouves pas sur les autres éditions. Nous avons grandi aussi avec l’album, alors à chaque nouvelle sortie, nous essayons de le faire évoluer. Tu sais, c’est un peu pareil en concert : nous sommes incapables de jouer un titre deux fois de la même façon. Nous aimons improviser, laisser vivre la musique. Mais bon, le grand manitou de tout cela, c’est Alex, le chanteur. Il a une vision globale et internationale pour ce qui est de la carrière du groupe ! Moi je me contente de la partie composition. C’est ça qui est génial dans ce groupe, c’est que chacun de nous a ses forces et ses faiblesses et que tout le monde en est conscient.

De l’extérieur, et en regardant d’un peu plus près votre site internet, Your Favorite semble fonctionner comme une petite entreprise ou une communauté. Est-ce un aspect que vous avez développé dès le début du groupe ? Cela s’est fait naturellement et cette notion a beaucoup évolué au fil des années. Nous avons découvert Myspace en 2006. Nous n’avions aucune idée de comment cela fonctionnait. Cela n’avait rien de sérieux, juste une blague entre nous. Et, un jour, nous avons reçu un message d’un gars aux États-Unis où il nous disait qu’il aimait notre musique. Quoi ? Quelqu’un dans le monde aime notre musique (rires) ? Nous avons commencé à faire un profile plus professionnel… Nous avons tout construit de nos propres mains, sans un guide ou sans un plan pour aller conquérir le monde en 5 ans. Ce qui a toujours compté le plus pour nous, c’est le contact avec les gens, vivre une expérience avec le public qui nous suit que cela soit avec un album ou en live. Et c’est cette envie qui nous a poussé à nous organiser de cette façon.

Finalement, vous prouvez d’une certaine manière qu’en prenant les choses en main, avec certes beaucoup de motivation, il est encore possible pour un groupe indépendant de nourrir des espoirs de carrière internationale tout en restant fidèle à sa musique… Mais tout à fait ! L’industrie du disque a énormément changé ces dernières années, ce qui ne veut pas dire que les gens n’écoutent plus de musique. Oui, le business a ses torts, mais je trouve que certains artistes ont aussi les leurs, en particulier ceux qui proposent une musique préfabriquée. Je ne juge pas les groupes par rapport à leur style musical, chacun son truc. Quand Your Favorite Enemies a commencé, nous avions tous envie d’être sincères dans notre démarche et dans notre musique et surtout de ne pas nous prostituer pour espérer avoir du succès. C’est pour ça que dans l’album, il y a des titres qui sont super longs, des passages parlés à la voix, ou je ne sais quoi d’autres. Nous avons d’abord fait ce que bon nous semblait sans se demander s’il manquait un hit single ou pas. C’est aussi pour cela que nous avons produit nous-mêmes l’album. On ne se voyait pas avec quelqu’un d’extérieur qui pouvait nous dire comment faire pour que ce disque sonne comme nous le voulions.

Pour finir, quel pourrait être ton Top 3 de tes bassistes préférés ? Mes choix vont peut-être te surprendre, mais je dirai en premier Adam Clayton. Je me suis souvent demandé comment un groupe comme U2 pouvait avoir un son aussi fourni juste avec une guitare. Je suis persuadé que la réponse se trouve dans le son et les lignes de basse d’Adam Clayton. Je suis également un grand fan de Simon Gallup, le bassiste de The Cure. Il joue de la basse presque comme une guitare, dans les aigus, avec son Flanger. Si tu écoutes bien mes parties de basse, je pense que tu peux y trouver un peu de Simon Gallup (rires) ! Pour mon troisième choix, même si je ne suis pas forcément fan de ce style musical, je dirai Marcus Miller. J’ai rarement entendu un bassiste avec autant de groove. C’est grâce à lui que j’ai découvert la technique du slap ou celle du double pouce. Trois bassistes, c’est bien peu… Je ne peux ne pas citer aussi Peter Hook de Joy Division !

 

ZOOM MATOS « J’ai la chance d’être endorsé par Tech 21 et Orange. J’utilise une AD200B et, pour la première fois sur cette tournée, je l’ai branchée à un baffle 8x10’’ de la marque. Ça sonne vraiment gros ! Avant, j’avais un pédalier énorme. Aujourd’hui, je n’utilise presque plus ma 6-cordes, mais j’aime toujours jouer avec les textures de son. Je ne peux plus me passer de la VT Bass de Tech21. Cette pédale m’a vraiment aidé à façonner mon son. J’aime quand celui-ci claque, qu’on entend bien les aigus… En fait, j’aime avoir un son moderne, mais avec un côté Vintage. Ce n’est pas facile… Et pourtant, j’y arrive avec la VT Bass. J’utilise également un Delay et un Chorus TC Electronic et un Octaver de chez T-Rex. Pour ce qui est des basses, j’ai une Fender Precision Reissue 1962 et aussi une Jazz Bass American Deluxe. Ça, c’est le matériel que j’emmène en tournée. Mais chez moi, j’en ai beaucoup plus. J’aime expérimenter avec différents filtres, des distorsions ou saturations. Mais si je devais choisir une pédale pour partir sur une île déserte, je choisirais la VT Bass (rires) ! »

Tech21_VT_Bass

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