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BUKOWSKI - Au-dessus des nuages

La vie d’un groupe est rarement un long fleuve tranquille et la terrible épreuve que Bukowski a traversé en octobre 2021 aurait pu mettre fin à l’aventure. Les Franciliens se sont relevés, plus soudés que jamais, et ont réalisé un nouvel album aussi solide que varié.

Votre sixième album n’a pas de titre. Est-ce un choix pas si anodin que cela ?
Mathieu Dottel (chant/guitare) :
Ça n’est effectivement pas si anodin que ça car, à la base, il avait un titre et même tout un artwork qui en découlait. Suite au décès de Julien (bassiste et frère de Mathieu, ndlr), nous avons décidé de tout reprendre à zéro avec cette pochette qui le représente. Et appeler ce disque Bukowski était pour nous la meilleure idée pour également lui rendre hommage.

La disparition de Julien en octobre 2021 aurait pu sonner l’arrêt du groupe, mais vous avez décidé de continuer…
MD :
Julien n’aurait jamais voulu que sa mort entraîne celle du groupe…
Clément Rateau (guitare) :
Ce qui fait que nous continuons aujourd’hui, c’est que nous sommes d’abord une bande de copains. Bukowski, c’est comme une famille.
MD :
Il y a toujours beaucoup d’émulation quand nous sommes ensemble, chacun soutient l’autre. Je ne sais pas comment travaille les autres groupes, mais chez nous, la notion de clan est vraiment importante.

Ce nouveau disque était-il déjà en boîte en octobre 2021 ?
CR :
Oui, nous l’avons enregistré il y a deux ans et finalisé six mois plus tard, en pleine pandémie. C’est donc Julien qui a fait les parties basse dessus.
MD :
À cette époque, nous avons tenu à faire les deux dates qui nous restaient pour voir si nous étions capables de supporter le poids de son absence. Nous avons réussi, non pas à oublier, mais à nous dire que nous avions envie de continuer.

Il y a eu également un changement de batteur en 2019. Cette arrivée a-t-elle influencé la teneur du nouvel album ?
MD :
Complètement. Romain, notre nouveau batteur, est même devenu un pilier du groupe. D’ailleurs, il ne fait pas que taper sur ses fûts, il s’occupe aussi de nos réseaux sociaux… Nous n’avons jamais été bon dans ce domaine. Il a apporté une nouvelle dynamique, c’est un bosseur qui n’arrête jamais… Il en devient même fatigant, mais c’est un mec formidable (rires) !

Ce sixième disque a donc été pensé et conçu en pleine pandémie. Celle-ci a-t-elle modifié votre manière de procéder quant à la composition des morceaux ?
MD :
Elle l’a complètement changée. Nous travaillons à l’ancienne, en répétant ensemble, avec un échange des idées en direct. Avec la pandémie, nous avons dû tout faire à distance et ça m’a forcé à me mettre au son, un peu par obligation car ce n’était pas trop mon truc. J’ai donc acheté du matériel pour monter mon home-studio, ce qui explique aussi certaines sonorités différentes dans le disque. En arrivant au studio pour l’enregistrement, nous n’avions jamais répété les nouveaux titres tous dans la même pièce. C’était une expérience plutôt particulière…
CR :
Nous avons enregistré les bases des morceaux lors de sessions au studio, puis nous avons continué à les bosser chez Mathieu pour trouver des arrangements, des idées pour le chant, placer nos deux guitares.
MD :
Clément et moi, nous nous sommes d’ailleurs bien marrés en travaillant ainsi car ça nous a permis de tester plein de choses, ce que nous ne faisions pas forcément auparavant. Le prochain album devrait quand même être plus du genre « dans ta face » si nous le préparons comme nous avons l’habitude de le faire.

Finalement, la pandémie fut en quelque sorte un mal pour un bien…
MD :
Mais complètement ! J’ai passé le premier confinement totalement seul et j’avais l’impression qu’il n’y avait plus personne sur terre. Je me suis remis à faire de la peinture, j’ai découvert l’univers du son et du home-studio… Sincèrement, ce fut une période presque salvatrice pour moi. C’est bizarre, non (rires) ? Bon, le second confinement m’a par contre sacrément gonflé…

Depuis quasiment les débuts discographiques du groupe en 2009, et particulièrement dans le dernier album, vous avez toujours aimé mélanger les styles en partant d’une base metal et en y incorporant des éléments hard-rock, grunge, heavy-rock, prog. C’est un peu la marque de fabrique Bukowski, non ?
MD :
C’est juste… C’est un mélange de tout ce que nous aimons, de ce que nous avons écouté ou écoutons encore, de nos influences. Les gens pourraient croire que c’est un sacré bordel lorsque nous composons, mais comme nous nous connaissons vraiment bien, nous nous comprenons très vite. Heureusement, d’ailleurs !

Pensez-vous que cette envie de mélanger les genres a pu quelque peu desservir votre carrière ? Pas assez metal pour certains, trop pour d’autres…
MD :
Sans doute que oui, mais c’est trop tard (rires) ! Parfois, il faut que l’auditeur puisse s’identifier à quelque chose de plus simple, plutôt que de se sentir perdu dans différents styles au sein d’un même album… ou d’un morceau (Breathin’ Underwater ou encore Uncool, ndlr).

Du côté des guitares, quels modèles avez-vous le plus utilisé pour cet album ?
MD :
Nous sommes endorsés par ESP/LTD via le distributeur Algam. Franchement, ça se passe hyper bien. J’utilise une EC-1000 dont j’ai changé les micros. J’y ai mis des Hepcat Pickups. L’association ESP avec une marque française de micros réputée pour son côté vintage du son peut surprendre, mais là, ce sont des nouveaux modèles actifs qui ont un son incroyable. Franchement, c’est la guerre nucléaire, c’est encore plus agressif et dynamique que mes anciens EMG James Hetfield.
CR :
Pour ma part, j’utilise une PS-1000, également équipée de micros Hepcat Pickups, mais contrairement à ceux de Mathieu, ils sont passifs (nom de code : Miami 80, ndlr) avec un son assez chaud, un joli mix entre le claquant et la rondeur. Mathieu et moi, nous utilisons des cordes Savarez.
MD :
C’est bien de jouer sur des cordes françaises et c’est encore mieux pour l’emprunte carbone !

En marge de Bukowski, Mathieu Dottel officie dans Perfecto, un projet beaucoup plus classic-rock dans l’esprit que son groupe de prédilection.
« Nous venons de terminer l’enregistrement d’un titre qui dure… 37 minutes ! Il raconte une histoire et ça mélange plein d’influences,du Supertramp, du Creedance Clearwater Revival, du Queen, avec des chœurs un peu partout, des claviers... Tu as intérêt à être bien accordé car il y a peu de moments où tu peux le faire (l'interview a été réalisée en 2022. Depuis, le groupe a sorti son premier album l'année suivante, « Quasar Of Love », ndlr) ! Le morceau en question sortira en numérique et sans doute en vinyle, mais sur une seule face ! Pour l’anecdote, le chanteur du groupe est Tony Rizzoti, qui fait un featuring sur un titre du dernier album de Bukowski (Vox Populi), et qui jouait avant dans Enhancer. »

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