Chris Kael aime être occupé. Entre les répétitions, l’enregistrement d’un album, les tournées, les sessions photos et autres journées de promotion, le bassiste des bad boys de Five Finger Death Punch est également un homme d’affaires avisé qui gère à la perfection sa propre marque, Douchebag. Une bien belle rencontre avec un personnage aussi sincère que barbu.
Quel fut le déclic qui t’a poussé à faire de la musique ?
Le moment clé qui m’a fait réaliser que je voulais vraiment faire ça est survenu lorsque j’avais 4 ans. Je regardais une émission de télé intitulée « 3-2-1 Contact » qui était consacrée à Kiss. Ce jour-là, j’ai vu Gene Simmons pour la première fois. J’étais un gamin et je ne comprenais pas tout ce qu’il faisait, mais je savais au fond de moi que c’était ça que je voulais faire plus tard. Aujourd’hui encore, je suis toujours un grand fan de Kiss. Avec Five Finger Death Punch, nous avons souvent joué en première partie de ce groupe et à chaque fois, j’étais toujours autant excité. Cette passion ne m’a jamais quitté.
À cette époque, tu évoluais dans un environnement musical ?
Ma mère faisait partie de l’ensemble musical de l’école et elle maîtrisait bien la lecture de la musique. Elle m’a poussé à faire de la clarinette quand j’étais à l’école primaire, ce qui m’a permis d’apprendre un peu le solfège. À partir de 15 ans, je n’arrêtais pas de tanner ma mère pour qu’elle me laisse jouer de la basse tout le temps ou qu’elle m’inscrive dans un orchestre. Mais elle ne voulait pas. Son envie secrète était que je devienne un joueur de football (américain. Ndr) ! En fait, ce fut comme pour Kiss et Gene Simmons : dès que j’ai eu une basse en main, à 15 ans, j’ai su que c’était cet instrument que je cherchais depuis toujours.
On imagine aisément que, à cette époque, Gene Simmons était un vrai modèle pour toi. Quels sont les autres bassistes qui ont pu t’influencer ?
Oui, Gene Simmons reste ma plus grande influence, mais je ne vais pas en rajouter, sinon on aura l’impression que c’est une interview spéciale sur lui (rires) ! Actuellement, nous sommes en tournée en première partie de Judas Priest et Ian Hill fut aussi l’une de mes premières influences, surtout pour le côté agressif de son jeu. Question mélodie, c’est Cliff Burton de Metallica qui m’a le plus marqué quand j’étais jeune. Il jouait avec ses doigts et j’ai su en l’écoutant que jamais je n’arriverai à jouer aux doigts aussi bien que lui. Un jour, je suis tombé sur une interview de Jason Newsted où il évoquait son jeu au médiator. La plupart du temps, il donne des coups vers le bas. J’ai alors compris que, si je voulais avoir un jeu agressif comme lui, je devais m’efforcer de jouer ainsi. Donner des coups de médiator le plus souvent vers le bas, c’est sans doute ce qui caractérise le mieux mon jeu de basse.
Comment s’est faite ton arrivée en 2010 dans FFDP ?
Je vivais à Las Vegas et, à cette époque, la musique n’était pour moi qu’un passe-temps. Je trouvais cette activité trop aléatoire pour pouvoir en vivre. J’avais un bon boulot de serveur dans un bar et je mettais de l’argent de côté pour pouvoir ouvrir un petit hôtel ou un restaurant sur une plage. Bref, je voulais partir. Un soir, je suis allé voir System Of A Down en concert à Vegas. Quand j’ai senti la réaction du public, je me suis alors dit qu’un jour, cette foule sera mienne. Ce fut comme si une petite voix en moi me disait de le faire. Cette nuit-là, quand je suis rentré chez moi, j’ai envoyé un message à Jason Hook (l’un des deux guitaristes de FFDP. Ndr), sachant que le groupe cherchait un bassiste, où je lui disais que j’étais à Vegas et que j’étais prêt à passer une audition pour décrocher la place. Ce qui a sans doute fait la différence, c’est que les gars cherchaient un musicien capable de faire les chœurs et ça tombait plutôt bien vu que dans mon groupe de l’époque je jouais de la basse et je chantais en même temps. J’avais juste quelques jours devant moi pour apprendre trois titres. J’ai mis de côté toutes mes occupations et j’ai bossé ces trois morceaux 10 heures par jour en me disant que, si je ne réussissais pas, je n’aurai aucun regret et rien à me reprocher.
Avec un peu de recul, quelles sont tes impressions concernant « Got Your Six », le nouvel opus du groupe ?
Nous voulions réaliser un album de hard rock très heavy. Certes, nous avons eu pas mal de succès avec des titres tels que Coming Down, Remember Everything, mais Five Finger Death Punch, c’est quoi au final ? Un groupe de hard rock, tout simplement. Si je devais décrire cet album à quelqu’un, je dirais qu’il s’inscrit dans la continuité d’un titre comme Lift Me Up, mais avec un son général plus lourd. Nous aimons tous Metallica, Slayer… Je ne dis pas que nous sonnons comme eux, mais nous avons pris certains éléments de leur musique pour les traiter à notre façon. Chaque musicien a un égo plus ou moins développé, mais nous avons appris à le gérer individuellement en pensant d’abord au groupe et en respectant les idées apportées par chacun d’entre nous. Bien sûr, tu peux défendre ton point de vue, mais cela n’avait rien à voir avec une bataille continue. En studio, Dave Churko nous a beaucoup aidé. Il produit les disques du groupe depuis 2009 et connaît notre son et notre mode de fonctionnement. Crois-moi, gérer cinq trous du cul comme nous, ça n’est pas donné à tout le monde (rires) ! Mais c’est aussi pour ça que Five Finger Death Punch fonctionne bien comme ça. Nous sommes cinq personnes totalement différentes et c’est ce qui donne l’identité au groupe.
Certes, mais parfois cela est difficile à gérer. Le groupe a une réputation sulfureuse qui lui colle à la peau, aussi bien sur scène qu’en dehors…
Sur notre nouvel album, il y a ce titre, Jekyll And Hyde. Je pense qu’il résume parfaitement ce que nous sommes. Regarde, nous parlons tranquillement en ce moment. Mais si tu me croisais dans la rue, la nuit, je suis sûr que tu changerais de trottoir (rires) ! Je suis grand, j’ai une grosse barbe et parfois je peux faire peur avec mon regard, alors que je suis en réalité un mec humble et sympa ! Nous avons tous en nous une part de démon. Pour le groupe c’est pareil, mais nous nous connaissons tellement bien maintenant que nous arrivons à surmonter les moments de tension.
Tu as créé ton propre site marchand (www.chriskael.com) où les gens peuvent acheter ta marque de vêtements, des stickers, des objets en édition limitée et même un pack complet comprenant divers produits et une Spector CK4 jouée lors d’un concert. Voudrais-tu devenir le prochain Gene Simmons, le spécialiste des produits dérivées ?
Comment as-tu deviné (rires) ! Comme je l’ai dit précédemment, j’ai vu Gene Simmons pour la première fois à l’âge de 4 ans et j’ai étudié presque religieusement cet homme. J’ai toujours été un bon businessman et je pense me débrouiller en marketing. La marque Douchebag ne date pas d’hier. Je l’avais créée avant de rejoindre Five Finger Death Punch. Tu sais, je suis conscient de mon apparence : mes grimaces, ma grande barbe avec ces dreadlocks ridicules ! En musique, tu essayes toujours de créer de nouveaux débouchés et, avec l’image que j’ai, ce ne fut pas très difficile d’y arriver pour rendre tout ça commercialement exploitable.
Zoom matos
« Ce fut un jour incroyable lorsque les gens de Spector m’ont appelé pour me proposer un modèle signature. Au début, je n’arrivais pas à croire à cette proposition ! Je joue sur Spector depuis une quinzaine d’années. Avant d’avoir mon propre modèle, je jouais sur la Rex Brown Signature car j’ai toujours été un grand fan de Pantera. Pour ma CK4, j’ai donc utilisé le corps de la Rex Brown, mais avec mes recommandations quant aux micros. Je voulais un son qui puisse trouver sa place entre nos deux guitares qui ont un son très grave. J’ai donc opté pour des EMG (split coil P pour la position manche, single coil J pour celle du chevalet. Ndr). J’ai également prêté attention à la finition. La CK4 est disponible en noir mate, mais également, chose plus rare, en blanc mate. Tant pour le son que pour le look, cette basse reflète bien ma personnalité. Je la branche dans une tête Mesa Boogie Strategy, reliée à deux enceintes Standard 8x10’’ de la même marque. J’ai aussi une pédale SansAmp. Tu peux avoir le plus pourri des amplis, mais avec cet effet, personne ne s’en rendra compte ! Pour moi, cette pédale est indispensable. »