Les Italiens d’Eko ressuscitent une jolie petite guitare avec du caractère, entre vintage et moderne, agréable à jouer, et accessible à tous les guitaristes.
Rééditée une première fois en 2011, cette Eko Camaro VR (pour Vintage Reissue) revient dans une version qui ne manque pas de nous intriguer, et nous interroge logiquement quant à la fiabilité d’une guitare à un tel tarif. En gardant en mémoire son prix plancher presque surréaliste, nous allons l’inspecter sous tous les angles, ayant déjà eu entre les mains par le passé des guitares d’entrée de gamme beaucoup plus chères et pas toujours très convaincantes. La première impression est plutôt bonne : elle apparaît comme une petite cousine des Jaguar/Jazzmaster en gardant l’esprit de ce galbe « offset », mais avec des proportions réduites (moins large, moins épaisse, moins lourde), ce qui aura évidemment une incidence sur le son de la guitare une fois amplifiée. Coté électronique, nous sommes assez heureux de trouver une triplette de micros Wilkinson, micros réputés fiables. Le corps est en peuplier, un bois plutôt neutre et peu dense, que l’on retrouve le plus souvent dans la confection de ces guitares d’entrée de gamme. Si le manche est aussi est un grand classique d’usinage à bas coût, les frettes sont plates permettant une action des cordes assez basse et qui favorisera un jeu rapide en accords. Le vibrato de base, type Stratocaster, semble solide avec une tige qui se visse, mais manque cependant d’un peu de souplesse dans le jeu pour le nuancer facilement. La tenue de l’accord est alors un peu compliquée à tenir, peut-être à cause des mécaniques type vintage un peu limite, mais rien de rédhibitoire.
Polyvalence
La configuration des micros en HSS avec un humbucker au chevalet et deux micros simples au centre et au manche, rappelle celle d’une Mustang Cobain ou certaines Superstrat. Bonne surprise : la présence d’un Push/Pull sur la tonalité, par ailleurs très progressive, permet de splitter le humbuker en micro simple. On gagne en polyvalence, avec d’une part la capacité de faire un peu de bruit, tout en ayant la possibilité d’explorer un panel plus vaste de nuances plus ciselées et délicates, pas mal. La balance vintage/moderne fonctionne à plein. Cependant, avec un poids plus léger et cette densité de bois, le son général manque un peu de punch et d’assise dans le bas du spectre. Le humbucker produit un son clean très intéressant en rythmique, qui évolue vers un joli crunch naturel en jouant plus énergiquement, le rendu devenant plus agressif avec l’appui d’une pédale d’Overdrive, pas mal en power-pop/rock. Le split du micro chevalet va rendre le son encore un peu plus fluet sur les deux premières positions en proposant d’autres nuances, mais permettra par exemple de s’amuser avec des Fuzz bien grasses tout en gardant une bonne définition. Les trois autres positions, avec les deux micros simples, rappellent des sonorités de Stratocaster plus classiques. Malgré quelques éléments perfectibles, cette petite Camaro est très agréable et montre un caractère, certes un peu light, mais elle s’adaptera parfaitement à beaucoup de registres autour de l’indie-pop/rock, post-punk, shoegaze, etc... Elle dispose de suffisamment d’arguments pour surprendre et charmer en raison de son prix défiant toute concurrence, même si elle reste bien sûr perfectible sur certains aspects. Elle ne s’imposera peut-être pas comme instrument principal, mais pourrait, avec quelques améliorations, devenir une seconde guitare, et dans tous les cas un bon choix pour faire ses premiers pas à la six-cordes.
Caractéristiques
Italy nostalgy
Dans les années 60, la marque italienne Eko était parmi les plus gros fabricants européens d’instruments aux côtés d’autres mastodontes comme les Allemands Framus. Elle reste associée à une certaine extravagance (l’utilisation de perloid et de matériaux issus de la facture d’accordéons), mais s’est aussi illustrée dans son rapprochement avec les Anglais Vox, qui sous-traitèrent une partie de leur fabrication dans l’usine de Recanati. Dès 1970, un déclin s’amorce, entraînant l’arrêt des guitares électriques pour renaître doucement au début des années 90, mais cette fois en délocalisant la fabrication en Asie. C’est un peu l’histoire de cette Camaro VR au profil vintage/moderne déjà revenue vers 2011, mais avec des matériaux différents (corps en tilleul, touche palissandre), des finitions pailletées 60’s, une triplette de micros HSS (mais sans split du humbucker) et un vibrato Ekologic très stylé (esprit Bigsby), que l’on aurait aimé retrouver sur celle nouvelle production.