La Fender Stratocaster Eric Johnson est souvent présentée comme un modèle de qualité supérieure, proche des standards du Custom Shop. En 2008, son modèle signature était décliné avec une touche en palissandre. En 2018, voici la version Thinline, avec une configuration rare qui pourrait vous combler !
Dès le début, Eric Johnson a exigé des caractéristiques qui ne se retrouvent habituellement pas sur les modèles de série Fender : une finition du corps et du manche avec
une laque nitro-cellulosique (au lieu du polyester
ou du polyuréthane), un manche érable avec une coupe en quartier (et non sur dosse) et un corps à la découpe stomacale et aux chanfreins très prononcés (comme sur une Strat 57). Le manche de son modèle solidbody est d’un toucher moderne, avec une touche plate (radius 12 pouces) combinée à une forme en V prononcée qui rend le manche assez fin. Ici, le radius est identique, mais le V est moins marqué : le manche est plus épais et la prise en main plus consensuelle. Le confort est vraiment remarquable d’autant que les frettes, fines et assez basses, procurent une belle sensation de contact avec le bois, un peu comme sur certains modèles vintage finalement. L’exemplaire testé est aussi particulièrement léger, bien équilibré. La réponse de l’instrument est étonnante de réactivité, de nervosité et de précision des attaques. Les microphones ont des caractères représentatifs des archétypes sonores que Fender a créés. On a une impression d’authenticité « sans filtre ». Le mi grave est rond, ample, généreux (ce que l’on ne retrouve pas facilement). Les cordes médiums restent claires et faciles à faire sonner ; les aigus sont saillants, parfois piquants en position chevalet avec une restitution très agréable de dynamique. Le micro central est plutôt rauque, assez creusé dans les bas-médiums, mais bien coordonné avec les sonorités des deux autres microphones. Les interpositions très typées conservent
la nervosité et le tranchant des autres micros. Les tonalités sont progressives sur une course particulièrement large. Les mécaniques sont classiques, de type Kluson à graissage manuel. On fait mieux aujourd’hui, avec des systèmes à blocage discrets par exemple, pas trop lourds et conservant un design vintage. Cette guitare mériterait peut-être mieux à ce niveau.
Des interrogations ? Le modèle testé a présenté un défaut au chevalet puisque la tige de vibrato, fournie s’est avérée trop souple pour pouvoir soulever le plateau maintenu par 5 ressorts. Impossible dans ce cas de tester le vibrato qui reste un American Vintage classique et ne devrait donc pas poser de problèmes. Et quid de l’ouïe qui fait l’originalité visuelle du modèle ? Difficile à dire, car il a semblé que sur le plan sonore, la conception Thinline introduit plus
de changement sur une Telecaster que sur cette Stratocaster. Pas de résonance de cavité marquée, pas de gain en poids notable (le modèle EJ est léger en soi).
On peut supposer que cette cavité a
joué un rôle dans la rondeur des basses constatées, mais là encore, rien n’est moins sûr... En revanche, il est certain que cette guitare est un très beau modèle, une signature moins discrète maintenant qu’il y a une ouïe reconnaissable. Et entre une American Original et ce modèle signature, il est fort possible que votre cœur balance ! Benoît Navarret - Photos : © Olivier Ducruix
Caractéristiques
Et sur scène ? En tournée, Eric Johnson emporte actuellement une Stratocaster EJ Thinline sunburst et une seconde, blanche, avec un radius plus plat, des frettes jumbo et un Humbucker DiMarzio HS-2
au chevalet (plus puissant
que ses modèles signature). L’Américain joue également une Stratocaster originale de 1954 (sunburst donc) avec un manche repoli et refretté, un corps reverni et également un micro DiMarzio HS en position chevalet. Sur Steve’s Boogie, il choisit une Telecaster Vintage Reissue Fiesta Red CS Custom Order, avec manche tout érable. Enfin, il utilise une guitare électroacoustique Maton, sur les recommandations
de Tommy Emmanuel qui
est un inconditionnel de la marque australienne. Un set globalement très fenderien, mêlant modèles récents et anciens.
Test paru dans le Guitar Part n°291