Ce petit ampli est devenu une référence moderne, sûre, puissante, pratique, avec un caractère fenderien tout aussi reconnaissable que recherché. Chaque déclinaison est une nouvelle rencontre esthétique ou sonore. Comment la quatrième génération de la gamme Hot Rod se place-t-elle ?
Côté aspect, pas grand-chose ne change, on reste sur les mêmes marqueurs : un format de caisson identique, un revêtement noir (patiné), une plaque de préampli toujours noire pour une bonne lisibilité et l’absence de reflets, un retour à une poignée plus conventionnelle, et ici des capuchons de potentiomètres blanc crème qui se voient mieux... une sorte de mix entre la V2 et la V3. Le design des circuits est annoncé modifié. Le HP de 12 pouces est désormais un Celestion au lieu du Fender Special Design fabriqué par Eminence. En recevant cette nouvelle
version, j’avais en ligne de mire les quelques réserves constatées sur la version V3, à savoir le crunch très scintillant, la fréquence de coupure dans le bas du spectre relativement haute malgré le HP de 12 pouces (le Princeton a plus de graves malgré un HP de 10 pouces) et une réverbération à ressort caricaturale qui s’emballe vite et rend le son rapidement métallique. La surprise a donc
été de taille en constatant
d’une part, que le crunch n’est désormais plus aussi agressif et que d’autre part, jouer avec le Volume (gain) à fond sans égorger son ampli est possible. La fonction Fat ajoute
du niveau et des haut-médiums à des sons de base plus équilibrés ; elle est ainsi plus exploitable. L’évolution
des niveaux (Volume et Master) est progressive, sans à-coups ou paliers. La réserve de puissance est importante. Le jeu avec le Master à fond pour rester en son clair (en jouant sur le niveau du Volume ensuite) donne l’impression d’une marge dynamique plus importante et une sonorité globale qui n’est plus pincée du nez et dure comme précédemment. Et c’est ce nouvel équilibre qui contribue probablement à la sensation d’un son plus ample et généreux en graves (le volume du caisson étant identique). Les égalisations conservent la même approche dans la correction en fréquences, avec une précision et efficacité similaires celles de la V3.
Une autre réverbération Dernière nouveauté... le circuit de réverbération est plus dense, moins métallique, et laisse la guitare en avant dans le mix. La réverbe s’envisage donc autrement, plus comme un habillage du son que comme un effet autonome et envahissant. Mais la couleur de la précédente étant particulièrement désengageante à fort niveau, la nouvelle s’en sort avec tous les honneurs. Enfin, l’entrée de la V3 tordait facilement dès lors que le niveau de sortie des pédales était élevé, ce qui se traduisait par
une agressivité supplémentaire. Ici, les circuits semblent un peu plus permissifs. Cette nouvelle version du modèle « star » de la série Hot Rod mise sur un son plus sage et moins agressif qui ne retire à cet ampli aucune des qualités de définition et de dynamique que l’on reconnaît à ses prédécesseurs. Son tarif est stabilisé mais, compte tenu de l’offre actuelle, il reste un ampli milieu de gamme assez cher. Cette nouvelle version du Blues Junior conforte sa place dans l’arène des amplis professionnels de qualité, au service du jeu du musicien. Benoît Navarret
Caractéristiques
Test paru dans le Guitar Part n°294