Une forme de Strat, une configuration de micros de Les Paul : a priori, rien de bien révolutionnaire. Mais il faut bien reconnaître que le concept maintenant assez répandu du métissage Fender/Gibson intrigue et a tendance à faire mouche à chaque fois. Ce modèle Fender fabriqué au Mexique en est une nouvelle démonstration.
Dans la mesure où l’ergonomie de ce modèle n’est bien entendu plus à présenter, les regards se focalisent plutôt sur
la configuration électrique de cette
« super Strat » et sa paire de humbuckers (HH) splittables en simple. On obtient donc 6 combinaisons sonores complémentaires, sans prise de
tête dans l’utilisation (le circuit en simple bobinage est sélectionné
via un interrupteur en push-pull
sur l’une des tonalités). En position double bobinage, le son est un peu feutré, ce qui peut nécessiter une égalisation pour les aigus et préciser les attaques. Néanmoins, le jeu reste plaisant, de type Les Paul dans les catégories sonores proposées et SG pour le caractère de l’instrument
qui est assez nerveux. Splitter les humbuckers revient à n’utiliser que la bobine extérieure (identifiée par
un cache simili chrome) des micros. On retrouve la sonorité du micro manche de Stratocaster, réaliste notamment car pas trop pincé du nez malgré le câblage. La combinaison centrale (les 2 micros en parallèle) évoque plutôt la Telecaster. Le micro chevalet transmet un signal toujours incisif, mais la position simple bobinage reste la bienvenue compte tenu de la couleur un peu feutrée des doubles. La palette sonore
étendue est très bien gérée et rend
cette guitare vraiment attrayante.
Les potards de tonalité filtrent sans vergogne, mais sont progressifs, ce
qui change des versions
à action « on-off » que
l’on rencontre parfois sur
les modèles d’entrée de gamme. Un plus gros tirant de corde donnerait plus de corps aux notes (là, c’est un peu fluet), mais la réponse acoustique de l’instrument reste assez ouverte dans les aigus, avec des basses plutôt dégagées de tout bas-médium.
Une qualité standard Côté finition, l’exemplaire testé est impeccable, que ce soit la jonction manche/corps, la découpe des pièces, le choix des couleurs, l’alternance de vernis brillant et mat, le polissage des frettes qui est très correct ou l’équipement. La touche en pau ferro
(qui remplace désormais le palissandre) est lumineuse avec ses teintes claires.
Le manche, qui ne comporte que 21 frettes, est « moderne » du fait de
son radius relativement plat et d’une épaisseur réduite qui fait un peu plus ressentir l’arête du bord de touche si
l’on décide de jouer avec le pouce. Cela reste donc un manche globalement
fin. Le chevalet, de conception vintage, tient bien l’accord malgré un accastillage milieu de gamme que l’on projette à terme moins fiable que pour des modèles de gamme supérieure. Cependant, la justesse n’est pas à remettre en cause ici et la qualité standard des mécaniques
à bain d’huile ne permet pas d’en douter. Proposée à un tarif très abordable au regard de la qualité et du concept, cette guitare, qui n’aura peur ni des sons saturés ni des sons clean, joue la carte de la polyvalence que tout musicien s’essayant à divers styles de musique peut rechercher. Elle existe en finition noire ou blanche et se décline aussi en version 3 micros, plus fidèle au concept initial de la Stratocaster. Benoît Navarret
Caractéristiques
Test paru dans le Guitar Part n°289