La vie d’une formation indé n’est jamais un long fleuve tranquille. Entre les aléas de la vie de groupe et un virus qui a chamboulé bon nombre d’agendas, Goatfather a dû faire preuve d’une certaine patience et de motivation pour sortir son second disque. « Un album aurait dû sortir à l’automne 2019. Il était composé et le studio réservé, mais notre guitariste lead de l’époque a quitté le groupe juste avant, et nous avons décidé de garder seulement trois morceaux, que nous avons réarrangés. Nous avons composé le reste très rapidement et sommes allés au studio Warmaudio, près de Lyon. Tout était prêt depuis début 2020, mais avec des plannings personnels bien remplis et la pandémie en plus, nous avons choisis de repousser la sortie à l’automne 2021. » Depuis sa première réalisation en 2016, le quatuor lyonnais a sacrément bossé. Définitivement stoner dans le fond, avec une culture du riff très présente, le nouvel album – que l'on classera aisément entre les productions d'Orange Goblin et de Down – est d’une efficacité redoutable. Simple et direct, assurément, mais pas aussi basique qu’il pourrait le laisser penser. « Même si nous restons un groupe amateur, la technique reste un travail du quotidien. Nous essayons de sortir des réflexes pentatoniques inhérents au genre en l’abordant différemment : ajout de notes modales, intervalles disjoints, trois notes par cordes... Dans ce style, le riff doit être massif et aéré. Bon nombre de choses ont déjà été faites depuis des décennies et une pointe d'originalité est toujours rafraîchissante.» Faut-il voir dans le titre de l’album un hommage à Monster Truck, groupe canadien de heavy rock dont certains titres ont squatté les B.O. de jeux vidéo ? « Non, c’est une référence à deux films de série B : Duel, le premier Spielberg, où le héros est poursuivi par un camion dont on ne voit jamais le conducteur, et Maximum Overdrive, le seul long-métrage de Stephen King en tant que réalisateur, où des véhicules prennent vie et tuent les humains. Dans ces deux films, le camion est le monstre, d’où le titre et la pochette. » Deux références qui prouvent définitivement que ces amateurs de monstre motorisé ont bon goût, autant en musique que question cinéma.
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