Et si on se faisait un gros son de type High Gain, propre à décorner les bœufs, si possible emprunté à une marque incontournable, Mesa Boogie ? C’est possible grâce à certains modèles de pédales d’effet.
On loue souvent les sons clairs de Fender, les crunches de Marshall, et les saturations de Mesa Boogie. Ce son hi-gain, même s’il a émergé grâce à des modèles comme le Mark II à la fin des années 70, a vraiment fait parler de lui avec la série des Rectifier, fers de lance de tout un pan du metal des années 90 (entre autres). Korn, Behemoth, Cannibal Corpse, Devin Townsend, Rammstein... autant de sons qui ravagent les enceintes et « brutalisent » l’auditeur consentant pour son plus grand plaisir. Un rendu grave, épais, avec une dose de saturation plus qu’élevée, voilà la recette du succès. Seulement, un Mesa Boogie Mark V ou un Rectifier, qu’il soit simple, double ou Triple, ça coûte cher. Pour ceux qui veulent s’approcher au plus près du Graal, voici une solution économique : l’acquisition d’une pédale d’effet, avec ici 2 catégories représentées :
BEHRINGER V-TONE GD121 (32€)
Préampli malin au format pédale, plus fortement inspiré par la célèbre SansAmp GT2, cet émulateur GD121 de Behringer, vraiment pas cher, offre un excellent rapport qualité/prix. Si ce modèle analogique propose 3 émulations, nous nous sommes bien entendu penchés sur la position Calif (à la place du Calife… non, de California), qui émule le Mesa. Côté son clair, c’est assez gros, la définition est correcte, sans plus. Bien évidemment, c’est surtout la saturation qui nous intéresse. Et de ce côté, le son se révèle plutôt massif dans l’ensemble, mais un peu chimique dans l’aigu et le haut-médium. Le gain peut aller très loin et il est parfait pour les registres poilus. Un bon copain du metal moderne et des humbuckers, passifs comme actifs, mais qui restera cantonné à ce registre. Attention à ne pas trop pousser les aigus ni la saturation, afin d’éviter le côté nid d’abeilles. Mais à ce prix, c’est tout à fait impressionnant. Vrai plus, la présence d’une sortie D.I. en XLR en plus de la sortie jack, très pratique pour jouer en direct dans une console.
JOYO BOOGIE MASTER (59€)
Avec un tel nom, pas de surprise, c’est bien le gros son Boogie qui est au programme. C’est surtout une saturation qui est capable de traiter efficacement le bas du spectre sonore. Cette Boogie Master tend pourtant à avoir un
rendu un peu boueux ; elle sera parfaite pour le gros heavy, ou pour alourdir un accordage dropé, mais n’espérez pas obtenir une parfaite articulation des notes, et pour cause : cette Boogie Master est plus un simulateur d’ampli qu’une disto pure et dure. En effet, on gagne un peu en précision en la branchant directement dans une console (ce qui est le but d’un émulateur) plutôt que dans un combo ou un stack (où les détails se perdent). On vous conseille de l’utiliser avec le micro chevalet. C’est donc également une partenaire idéale pour les rythmiciens de l’enfer et les adeptes du palm mute ronflant, un petit outil très sympa pour faire régner la terreur sans se ruiner, mais qui aurait gagné à embarquer un petit noise gate intégré, comme c’est le cas sur la Bullet Metal de la même marque, qui a pensé aux forts niveaux de sortie.
MOOER MICRO-AMP CALI MK3 (89€)
Contrairement à de nombreux concurrents qui lorgnent plutôt du côté du Rectifier, cette Cali se mesure au Mesa Boogie Mark III. On est donc dans un registre un peu plus vintage. Sur le canal clean, on découvre tout de suite un rendu assez sombre. On peut même facilement se la jouer jazzy. Le crunch est assez sombre lui aussi et ce caractère se maintient lorsque l’on pousse le gain, avec l’adjonction d’une belle épaisseur, mais sans boucher l’horizon pour autant. En fait, c’est même très bien pour obtenir un effet
de type « gros mur de guitares » pour classic rock. On peut se lancer dans le metal ou le
heavy, mais avec un son qui respire un peu plus, quoique moins tranchant. Mais la vraie force de cette Cali MK3, c’est de posséder 2 canaux, switchables au pied, avec chacun une égalisation complète, un volume et un gain indépendants. D’autant qu’on peut choisir de jouer avec ou sans émulation de HP. Et pour ceux qui sont vraiment à la recherche de l’esprit Rectifier, Mooer vient de sortir la Cali Dual.
TECH 21 SANSAMP GT2 (231€)
Classique incontournable, sorti en 1993, et toujours dans la compétition, cet excellent outil analogique émule un Fender, un Marshall et un Mesa (position California). Ici, le son clair et le crunch sont réalistes et vivants. Quand on repousse les limites du gain, on obtient de l’épaisseur et de la puissance, tout en conservant un son plus vivant que sur ses concurrentes moins onéreuses. Malgré son âge, cet effet tient encore bon la comparaison. Mieux, il est encore dans le haut du panier. Certes, les réglages sont plus rares que sur des modèles plus complets (ici, pas de potard pour les médiums), mais la triplette des différents degrés de gain(Clean, Hi Gain et Hot Wired) offre déjà l’opportunité de conserver un caractère Mesa Boogie, sans avoir l’impression de ne jouer que sur un seul modèle de la marque. Pour des réglages plus complets en mode total rectifier, la marque a sorti la Character US Steel (voir ci-dessous).
TECH 21 CHARACTER US STEEL (231€)
Pour ceux que la GT2 intéressent, mais qui désirent pousser plus loin l’exploration du son Boogie sous amphétamines, Tech 21 a réalisé le modèle US Steel. Ce Rectifier-in-a-box a tout pour plaire aux adeptes du son à la fois épais et gras, mais qui conserve le pouvoir de percer dans le mix par le miracle d’un bon réglage de médiums. Si on n’a pas la même dynamique qu’avec un modèle à lampes, on est quand même proche du son dégagé par les monstres de la marque de Petaluma. Franchement crédible, le son est terrible en rythmique, avec un grave très... grave (à bien gérer avec l’égalisation), et un aigu qui peut percer assez facilement si besoin est. Attention, malgré l’intelligibilité des notes, le rendu n’est ni cristallin, ni très aéré. C’est une pédale
avec une identité bien affirmée. L’émulation de HP (débrayable) est très pratique pour jouer en direct dans une console ou une interface digitale. Si on la désactive, on obtient une vraie pédale de saturation capable de faire hurler votre ampli sans sonner trop étouffé. En revanche, le potard de Character, censé faire évoluer votre son grâce à divers voicings, a moins d’efficacité que sur d’autres modèles de la marque. Un effet taillé pour débiter des riffs épais et puissants.
WEEHBO MORBID DRIVE (209€)
La marque allemande frappe très fort, avec une saturation qui, si elle ne se présente pas comme une émulation du son Mesa (contrairement à sa Plexdrive, sa JVM Drive ou
sa Slo Drive), propose bien le son high gain, avec cette saveur et cette épaisseur uniques. Et elle offre en plus une superbe dynamique ! On l’obtient grâce à l’interrupteur Dynamic, qui modifie la tension interne du circuit, passant ainsi de 9
à 18V. La réponse est alors plus nerveuse, les aigus plus cristallins et la saturation gagne en profondeur. L’égalisation à 4 bandes est un autre atout de cette pédale avec des
options de réglages très fines pour les médiums via le sélecteur à 3 positions Low-Mid-High, qui permet de choisir
parmi 3 bandes de fréquences. Et en
plus, le potard de Depth agit subtilement
dans le bas-médium. C’est à la fois
puissant, généreux, et musical. Et là
aussi, on retrouve un Boost de gain,
histoire de gagner en mordant et en agressivité en cas de besoin. Un excellent modèle à un prix « boutique » raisonnable.
WAMPLER TRIPLE WRECK (298€)
Attention, gros modèle qui flirte avec les 300€, mais délivre un son à la hauteur de son tarif. Cette Wampler dispose de 2 types de gain : Hard et Brutal, sélectionnables grâce à un petit switch. Si on cumule ce réglage avec le potard
de gain, l’égalisation à 3 bandes et le Boost
de gain avec son réglage de Contour, on dispose d’une saturation aux possibilités plus larges que la moyenne. En effet, à côté du désormais classique gros rendu épais souvent recherché sur un Rectifier, la Triple Wreck peut aussi verser dans les sons proches d’une Fuzz, plus vintage et très pratiques pour se fendre d’un solo et se faire entendre dans le mix. Certes, ce n’est pas une Fuzz ultra-perçante, mais elle fait
le job. L’intérêt du Boost enclenchable en plus de
la saturation « normale » est un peu plus limité,
car malgré le réglage de Contour supplémentaire, on gagne surtout de la niaque et du grain, mais
pas assez de clarté pour pondre un son vraiment différent. Au même titre qu’avec la Tech21 US Steel, on a un son bien fat et rentre-dedans, un vrai grain dans l’esprit Rectifier, mais sans la dynamique d’un vrai ampli à lampes. La guerre en perspective.
MESA BOOGIE THROTTLE BOX EQ (349€)
Quoi de mieux que de se rendre chez Mesa pour avoir un son Mesa ? La marque a sorti plusieurs pédales en 2012 et 2014, parmi lesquelles la Throttle Box EQ. Celle-ci reprend le circuit de la Throttle Box (239€) sortie quelques mois plus tôt et y intègre en plus la célèbre section d’égalisation graphique à 5 bandes qui a fait la réputation des amplis Mark Series au cours des années 1980. On obtient ainsi un super son saturé, voire ultra-saturé, mais avec de belles harmoniques qui sortent facilement, une paire de canaux (HI et Lo) pour élargir sa palette musicale, la possibilité d’amener une vraie précision dans
le médium et plus de clarté, voire
de claquant dans les aigus, tout en
conservant une grosse épaisseur
dans le grave. On est plus proche du
mode Vintage que du mode Modern
du Rectifier, et c’est plus agréable, car
moins raide. Certes, c'est le modèle le plus cher de notre sélection, mais quelle qualité ! D’autant qu’en plus de sa brutalité, la Throttle Box EQ peut, grâce à son égalisation 5 bandes, aller bien au-delà du simple registre pour rythmicien adepte de sons graves.