Il a été l’homme de l’ombre chez Soundgarden à une époque où une grande partie du public était hypnotisée par la voix et le charisme de Chris Cornell (qui tenait aussi la guitare). Discret, Kim Thayil a pourtant posé sa patte sur le son du groupe grâce à un jeu hors des sentiers battus, à la fois sauvage, improvisé, empruntant des sonorités et des plans à la musique orientale tout en utilisant de nombreux effets. Une chose n’a jamais changé chez lui : sa fidèle Guild S-100 de 1978. La maque aura pris son temps avant de sortir enfin un véritable modèle signature qui existe en deux versions, une USA Artist Edition (presque 8 000 €, autant dire inaccessible au commun des guitaristes) et une autre vendue à un prix beaucoup plus raisonnable. C’est cette dernière que nous avons choisi de tester. Dès la prise en main, on est séduit par ce côté « SG revisitée » qui, bon point, reste en place avec la courroie sur l’épaule, sans piquer du nez. La présentation est sans défauts apparents (vernis, frettes, réglage d’usine sur le modèle reçu : tout est bon) avec au passage des mécaniques qui tiennent la route. L’accès aux aigus est facilité par les petites cornes malgré une jonction corps-manche toujours un peu problématique sur ce type de guitare (notamment avec la fixation de la courroie au niveau du talon). On retrouve tout ce qui fait le charme de la Polara, véritable alternative au classique de chez Gibson.
Une fois branché, ce modèle signature finit de nous achever en beauté. Contrairement à certains instruments qui, dans cette gamme de prix, pêchent un peu côté micros, la Polara Kim Thayil développe une palette de sons bluffante. D’abord grâce à la chaleur et la rondeur qui se dégagent de l’ensemble, y compris du micro chevalet, loin d’être en reste tout en conservant le mordant nécessaire qu’on attend de lui. L’équilibre est parfait en termes de volume dégagé lorsqu’on change de micros. Et cette guitare possède une petite arme secrète très intéressante : un mini-sélecteur d’inversion de phase (qui ne fonctionne évidemment que sur la position centrale, quand les deux micros sont activés en même temps). Le rendu devient alors plus nasal, un brin pincé, avec pour le coup, une petite baisse de volume. On parvient facilement à obtenir un son plus funky, ce qui est loin d’être toujours le cas avec les options de split de micros doubles généralement proposées. On retrouve soudainement le son plus particulier de Thayil sur certains plans de Soundgarden. Avec cette guitare terriblement séduisante, Guild prouve qu’il n’est pas nécessaire de passer la barre des prix à quatre chiffres pour réussir un modèle signature tout en lui offrant une vraie personnalité. Une réussite totale.
Type : Solidbody
Corps : Acajou
Manche : Acajou
Touche : Palissandre indien
Chevalet :Tune-O-Matic
Mécaniques : Grover Rotomatic
Micros : 2 x Guild HB-1 Dual-Coil
Contrôles : 2 x Volume, 2 x Tonalité, Sélecteur 3-positions, Switch de phase
Contact : www.ims-distribution.fr
Si pour certains le nom de Guild évoque d’abord des guitares acoustiques, vues entre les mains de Richie Havens bien sûr, mais aussi Jeff Buckley ou Eric Clapton, en passant par Bob Marley et Paul Simon, les modèles électriques de la marque fondée en 1952 ne sont pas en reste, adoptés par exemple par Muddy Waters, Jerry Garcia, Buddy Guy, Joe Perry, Kim Thayil, donc, ou encore Dan Auerbach pour ne citer qu’eux. Côté guitares signatures, Guild avait réalisé en 1985 une série limitée (suivie d’une seconde en 1994) reprenant le design de la célèbre Red Special de Brian May, la BM-01 Brian May Signature.