Précédés par une réputation grandissante en forme d’onde de choc, les Australiens de King Gizzard & The Lizard Wizard étaient attendus de pied ferme après le tour de force 2017 qui les a vus publier coup sur coup 5 albums plus fous les uns que les autres. Preuve en est cette tournée hivernale européenne avec 4 concerts en France au 106 de Rouen, au Bataclan à Paris, au Transbordeur à Villeurbanne et enfin à Lille dans un Aéronef en surchauffe : récit en direct de ce dernier. Flavien Giraud - Photos : © Flavien Giraud
En première partie, le groupe a invité Mild High Club : pas de hasard là-dedans, les 2 formations ont uni leurs forces quelques mois plus tôt pour l’album « Sketches Of Brunswick East ». Mais ce soft rock californien indolent façon Mac DeMarco ne parvient guère à passionner dans cette grand salle et encore moins à chauffer les moteurs ou laisser présager de ce qui va suivre…
Lorsque le noir retombe à nouveau sur le public, l’écran de fond de scène commence par diffuser une intro vidéo hilarante où les membres du groupes se mettent en scène dans une sorte d’ego trip au énième degré (mention spéciale à Stu Mackenzie qui apparaît en bellâtre à moto et blouson de cuir avant de piquer un sprint improbable comme dans les pires génériques de séries Z des années 80 !). Le groupe attaque d’emblée dans le vif avec Rattlesnake et une série de morceaux issus de « Flying Microtonal Banana », fol album paru il y a un an déjà, qui déchaîne instantanément le public. Leurs guitares modifiées avec des frettes additionnelles ajoutent des quarts de tons dans leurs gammes aux couleurs orientales et propulsent leur krautrock déjanté à des niveaux stratosphériques.
Après un détour techno-futuriste visitant « Murder Of The Universe » (une sorte d’hyper-concept-album progressif mêlant heroic fantasy et anticipation), Beginners Luck extrait de « Gumboot Soup », leur dernier disque en date (mis en ligne in extremis le 31 décembre 2017), vient calmer le jeu avant de repartir de plus belle sur un redoutable enchaînement rappelant la puissance que le groupe est capable de développer depuis « Nonagone Infinity ». Pop, prog’, funk, psyché, garage, heavy, rien ne leur résiste : les compères connaissent leurs morceaux à tiroirs (comme le redoutable Crumbling Castle) sur le bout des doigts. Les 2 batteries se faisant face et les 3 guitares de front impressionnent par leur alchimie, mais c’est avant tout le charismatique chanteur-guitariste Stu Mackenzie qui captive. Contorsions latérales, fentes avant-arrière et génuflexions, le jeune blond filiforme grimace, tire la langue, file provoquer du feedback en brandissant sa vieille Hagström 12-cordes vers son ampli, passe en un clin d’œil à la flûte traversière… L’ensemble dégage une énergie palpable, qui emporte le public et finit de convaincre de la valeur de ce collectif hors-norme : les sorciers de King Gizzard & The Lizard Wizard rebâtissent chaque soir sur scène leur royaume psychédélique aux ramifications infinies.
Setlist