Cette Superstrat, en provenance directe des 80’s, semble avoir la tête dans les étoiles. De quoi se prendre pour Richie Sambora et s’épanouir autant en solo qu’en rythmique.
Cette « Étoile de Jersey » d’un blanc immaculé, enluminée d’un accastillage doré, parée de boutons de mécaniques perloïdes, puis saupoudrée d’étoiles de nacre ne déparerait-elle pas en des mains pontificales ? Mais non ! Ce n’est que la succession directe, non endorsée, du modèle signature de Richard Stephen Sambora, dit Richie, guitariste de Bon Jovi de 1983 à 2013. Et puis elle est aussi disponible en Candy Apple... Vissé sur quatre points au corps stratoïde en aulne, le manche est composé de trois pièces d’érable. Il reçoit une touche rapportée du même bois, traversée de 22 frettes Medium Jumbo et recouverte du même vernis satiné que le dos. Ce dernier d’un profil en « C » elliptique, moderne, tombe bien sous la main. La tête assortie, inclinée, est renforcée d’une volute en haut du manche. Les trois doubles Seymour Duncan sont de grands classiques avec deux SH-4 JB (« Jeff Beck »), au chevalet et au milieu, complétés par un SH-2N « Jazz » au manche. Le volume, unique, facilite le violoning. On ne dispose d’aucune tonalité, mais les micros aigu et milieu sont splittables grâce à deux mini- switches, ce qui autorise entre eux une position intermédiaire « classique » de type Strat. Le micro grave aurait pu aussi bénéficier de la même fonctionnalité, sans trahir personne... Un Floyd Rose, coréen, 1000 Series a remplacé le Floyd Rose Original d’autrefois. Quelques défauts, comme un éclat vers un insert du vibrato ou un manque au niveau du tissu du micro aigu, rappellent qu’on doit toujours effectuer un contrôle minutieux avant l’achat... ou au moins à l’ouverture du colis...
La tête dans les étoiles Sur le canal clair on sonne redoutablement dans toutes les configurations, en accords comme en arpèges. On apprécie les graves amples et solides, offrant une excellente réserve d’énergie sous le médiator, aussi bien que les aigus, bien présents mais toujours harmonieux sous les attaques. Les positions du sélecteur permettant une double ration de humbuckers, enrichissent le mélange sans le dénaturer. Avec une pédale d’Overdrive, on vire au blues, bien rauque, avec des bends d’anthologie. En saturation, puis en distorsion, on déguste à loisir des sonorités classiques du hard et du metal. C’est agréablement musclées dans les graves, ce qui autorise des palm-mutes délicieusement martiaux. En solo, on passe dans le mix avec une belle voix flûtée. Les adeptes des floyderies ne seront pas gênés, en live, par le « doux » bruit de ressort. Ceci dit, amortissement mécanique du vibrato ou pas, le sustain est carrément énorme. La jouabilité permet des envolées virtuoses, enjolivées de tapping, en hommage au regretté Eddie Van Halen, ponctuées comme il se doit de dives redoutables. Les tirés restent, pour leur part, modérés par l’absence d’une défonce, toujours possible, mais les harmoniques ressortent vraiment bien comme il faut.
Glamour toujours Cette fabrication indonésienne, dont il faudra surveiller la finition, est une variante d’un modèle qui a fait largement ses preuves. Elle offre un agrément complet et affiche une belle palette de couleurs sonores, pour des registres clairs, blues, hard et metal de référence. Si elle est taillée pour le lead, son comportement dans les graves la qualifie totalement en rythmique ! Un instrument redoutable. Jean-Louis Harche
Caractéristiques
Fais-moi un cygne Les premières Kramer Richie Sambora (avec déjà un corps en aulne et la même combinaison de doubles Seymour Duncan), ont été assemblées, soit aux États-Unis, soit au Japon, de 1987 à 1989. Le routing comprenait alors un interrupteur de split et un kill-switch, le Floyd Rose était un Original et le modèle était disponible dans tout un tas de couleurs. Puis, Richie est passé chez Fender avec un modèle signature produit entre 1993 et 1999. Sa version US était alors en frêne, avec un DiMarzio PAFPro, deux simples Texas Special, et toujours un Floyd Rose Original. Devenue par la suite JS, Jersey Star, la Kramer a été rééditée une première fois en 2004. Basée sur une guitare réalisée par Rod Schoepher, elle était dotée de micros « maison » et assemblée aux USA.
Photo : © C. Mellini
Jean-Louis Horvilleur est depuis plus de 12 ans, Jean-Louis Harche, testeur matos chez Guitar Part, avec un goût immodéré pour les grosses pelles metal, ce qu’il cumule avec le rôle d’audioprothésiste. Il donne des conférences, enseigne et écrit sur le risque auditif et les bons moyens de conserver son audition tout au long de sa vie. Il est aussi de président du Conseil Scientifique de Bruitparif (l’organisme de surveillance du bruit en Ile de France), et à ce titre membre du groupe Santé du Conseil National du Bruit.