En accueillant Omar Rodríguez-López dans son écurie d’artistes pour sortir un nouveau modèle, Music Man réalise un instrument de grande qualité et d’une simplicité d’utilisation évidente.
Lorsqu’on a appris la collaboration entre Omar Rodríguez-López et Music Man, on a d’abord un peu tiqué. Aussi inventif soit-il (notamment dans l’utilisation des effets pour sculpter un son à la fois noisy et expérimental), le guitariste d’At The Drive-In et The Mars Volta a longtemps été un petit sauvageon sur scène, qui maltraite ses guitares, se contorsionne dans tous le sens, et balance une fois sur deux l’instrument dans les airs (quand le guitar-tech le rattrape à temps, on évite le pire). Avec une guitare pas chère à l’image de son ancienne Ibanez Signature, cela passait. Avec un instrument haut de gamme, on risque de grincer un peu plus des dents. Car ça fait un peu cher l’instrument de rocker plug and play. L’âge aidant, le bonhomme s’est un peu calmé. Et si cet instrument était en phase avec le guitariste toujours aussi curieux, mais plus apaisé ? Avec ses faux airs de modèle Albert Lee, auxquels s’ajoute un petit côté off set (avec un corps assez compact), la Mariposa se fait tout de suite remarquer. On aime ou on déteste, mais on ne reste pas indifférent. Dès la prise en main, on est séduit d’emblée par la légèreté et l’équilibre de l’ensemble. Voilà une guitare qui promet des heures de jeux sans fatigue. Une impression renforcée par l’excellent manche en érable torréfié, fin comme souvent chez Music Man, à l’excellent confort. Sur le pur plan ergonomique, c’est une réussite.
Flower (and) power Le reste est tout aussi soigné, à commencer par la très jolie plaque de protection au motif floral, qui intègre le switch de sélection des micros, bien pensé car suffisamment rigide pour éviter un changement intempestif à cause d’un coup de médiator rageur. Les micros, parlons-en, sont des humbuckers maison réalisés en étroite collaboration avec le guitariste. Ils ont chacun leur potard de volume dédié, mais aucun contrôle de tonalité. Pour quoi faire quand tout le son est sculpté par des effets et des réglages d’amplis ? Direct, rock, et surtout sans prise de tête. Pourquoi pas. Testés sur deux types d’amplis diamétralement opposés (un combo à lampes vintage et un modèle numérique à émulations), ils ont donné entière satisfaction dans tous les cas de figure. En son clair, c’est plus détaillé, moins sombre qu’avec un PAF Gibson par exemple, et plutôt aéré, sans pour autant sonner comme un micro simple (ça reste un double). Le son prend particulièrement bien les effets (modulation et spatialisation), en étant chaleureux mais avec un peu moins de grave. C’est très subtil. Avec de la saturation, ça marche encore mieux : à croire que ces micros ont été pensés pour ça.
Haute définition Car ça crache, certes, mais sans perte de définition dans les notes. Vous pouvez même mettre dans la balance une Fuzz bien grasse, il restera un je-ne-sais-quoi de bien audible et jamais baveux qui aide à percevoir la mélodie de chacun de vos plans (quand il y en a une). Cette guitare est l’amie des pedalboard fournis. Elle encaisse tout et conserve une certaine clarté au milieu de la saturation et du Delay. Vu sous cet angle, on se passe aisément du réglage de tonalité. Sans oublier le vibrato, à la fois souple et agréable à utiliser, qui ne fait jamais ciller l’accordage de la guitare (aidé par les mécaniques Schaller à blocage). Simple, confortable, fiable, qui sonne... autant de qualités qui font de cette Mariposa une guitare au top. Très chère, mais au top. Guillaume Ley
Caractéristiques
L'autre signature Entre 2008 et 2012, Ibanez a produit un modèle signature Omar Rodríguez-López, lui aussi simple et direct. L’ORM1 s’inspirait grandement du design de la Jet King, dotée d’un corps en acajou, d’un manche en érable 3-pièces et d’une touche en palissandre. En revanche, le chevalet était fixe (modèle Gibraltar II) et la guitare n’avait qu’un seul micro, un Artcore Humbucker Blade au format simple, piloté par un unique potard de volume. Contrairement à la Music Man, l’Ibanez se voulait accessible à tous et était vendue aux alentours de 500 euros lors de sa sortie. Bien entendu, le rendu était plus brut et moins détaillé, tout comme les petits détails de finition ou les accessoires. Mais le but était de fournir un instrument rock’n’roll, sans fioritures et pas cher.