Avec un second EP riche en surprises, le quatuor parisien repousse les limites du rock progressif. Passion éclectisme, assurément.
Formé en 2018, Numa [7534] sort un premier EP en septembre 2020. Pas la meilleure période pour des débuts discographiques placés sous le règne du Covid, mais un excellent test pour le jeune groupe. « Enregistrer “Mothership Down” à distance fut compliqué, mais cette expérience nous a montré que nous étions une équipe d’amis soudée, qui ne voulait rien lâcher. » Trois ans plus tard, le quatuor revient plus fort avec « Nénuphar », une seconde réalisation impressionnante de maîtrise technique. Quoi de plus logique quand on apprend que les 3/4 des musiciens de Numa [7534] évoluent aujourd’hui dans l’enseignement musical (deux sont professeurs à l’école ATLA de Paris, un autre enseigne à Met'Assos, dans les Yvelines) et que le batteur a décroché le prix Agostini pour ensuite se nourrir d’une expérience londonienne durant 12 mois. De jolis CV certes, encore faut-il savoir les valoriser dans un contexte de groupe, qui plus est avec des goûts musicaux très éclectiques pour chacun. « À la base, nous venons un peu tous du rock, mais dans Numa, nous aimons plein de choses différentes : la richesse musicale du jazz rock, les émotions qui se dégagent des titres prog rock de Porcupine Tree, de Radiohead, les riffs tranchants à la Rabea Massaad, les mélodies puissantes de Chris Cornell, les ambiances desert rock aux couleurs ethniques, ainsi que tout le côté épique de la musique orchestrale. » Avec une telle approche artistique, forcément, les six titres de ce nouvel EP partent un peu dans tous les sens. Pourtant, à chaque fois, les protagonistes retombent sur leurs pieds. « Quand nous avons une idée en tête, nous fonçons sans nous soucier du nombre de mesures ni de la métrique. Pour nous, le rythme c’est de la mélodie et inversement. C’est après que nous analysons, pour travailler les détails ou pour changer l’articulation d’un morceau. C’est un fonctionnement intuitif qui nous ressemble. » Voilà pour le fond. Pour la forme, « Nénuphar » est un EP concept, qui « peut s’écouter comme un seul mouvement musical de 25 minutes », avec pour genèse le documentaire « Human » réalisé en 2015 par Yann Arthus-Bertrand. « Il nous a beaucoup touchés. Les images sont magnifiques, les sujets variés, et les interviews sont souvent autant choquantes que chargées d'émotion. Certains témoignages ont inspiré les mots et les idées des textes. Cet EP met l'accent sur la manière dont certains événements et traumatismes, vécus dans des conditions de survie, peuvent affecter la santé mentale d'un individu, reflétant ainsi le thème de l'immigration. » Un message profond qui sied parfaitement à la musique de Numa [7534].
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