Le livre commence comme un guide du routard consacré au désert Mojave et ses environs, une région aussi belle et pleine de mystères qu’austère, à l’aridité implacable. Le décor, pièce maîtresse quant aux prémices du mouvement, une fois planté, l’auteur nous plonge dans les méandres du stoner, d’abord en dressant une liste fort bien détaillée des principaux acteurs (groupes, labels, salles de concert et festivals). Ensuite en sélectionnant les 100 albums majeurs estampillés stoner, au sens très large du terme, pour les décortiquer avec précision. Et comme toute sélection, aussi judicieuse qu’elle soit, elle alimentera forcément des débats passionnés pour souligner si telle formation méritait de figurer dans ladite sélection et non dans un impressionnant addenda (tout aussi riche et intéressant que le reste du livre) en guise de bouquet final. Mais laissons aux forums spécialisés les querelles de clochers, les cloisons entre certaines familles musicales étant parfois aussi fines qu’une feuille de papier à rouler, du stoner au doom, en passant par le desert rock, le space rock, le sludge... « Stoner : Blues For The Red Sun » – titre en hommage au second album studio de Kyuss – est un ouvrage dense et complet sur le sujet (peut-être manque-t-il juste quelques propos rapportés et/ou témoignages d’artistes...), parfois même complexe, surtout pour un néophyte, et pourtant terriblement prenant. Du coup, l’envie d’aller faire une virée dans le high et low desert est plus que tenace tout au long de la lecture de cette véritable bible du stoner, tout comme celle de compléter (ou de commencer) une discothèque consacrée à ce style plus riche qu’on ne pourrait le croire. Et l’on ne peut que saluer le travail passionnant d’un vrai passionné, Jean-Charles Desgroux, journaliste spécialisé dans la presse metal depuis des années et déjà auteur de plusieurs livres. Un ouvrage certes copieux, mais un régal pour les amateurs du genre.