Jim Dunlop Sr., fondateur de Dunlop Manufacturing et pionnier dans les accessoires pour guitare, est décédé à l'âge de 82 ans, le 7 février 2019.
Depuis plus de 50 ans, le nom de Dunlop est présent dans l’industrie de la guitare. À l’instar de Gibson, Fender, Marshall, Orange ou Electro-Harmonix, la marque a contribué à écrire l’histoire de la musique grâce à des produits divers et variés, du capodastre au médiator, en passant, un peu plus tard, par les pédales d’effets.
Tortex Né en Écosse, à Glasgow plus précisément, Jim Dunlop monte sa société en 1965, tout en continuant son métier d’ingénieur chimiste. Il quitte le Vieux Continent pour San Francisco et, en guitariste amateur passionné, continue ses bidouillages, tout en travaillant comme machiniste. Son premier essai, un accordeur baptisé le Vu-Tuner (qui deviendra ensuite le Vibra-Tuner), est loin d’être un grand succès, mais l’intéressé persévère et sa motivation sans faille se voit enfin récompensée avec les capodastres 1100 et 1400 que les amateurs de 12-cordes ont très rapidement adopté. Fort de cette première reconnaissance, il délocalise sa firme à Benicia (Californie) et se concentre sur les médiators et les slides (ou Tone Bar). « Je voulais vraiment faire quelque chose que les musiciens utiliseraient », expliquera-t-il plus tard. Il commence par des onglets arrondis pour les amateurs de guitares acoustiques, puis se lance dans la conception de médiators. À l’époque, l’offre se résumait à 3 références (Heavy, Medium, Light), mais Jim Dunlop décide d’aller plus loin en proposant une gamme plus étendue pour ce qui est de l’épaisseur (de 0,38 à 1 mm). Après quelques ajustements, il livre le Jazz III, un grand succès encore aujourd’hui. Mais ce qui va faire changer de dimension la firme Dunlop est sans nul doute l’arrivée de la gamme Tortex, plus résistante que celle fabriquée en nylon. Utilisés par des groupes tels que Metallica, Soundgarden ou Nirvana, les médiators Tortex détrôneront les Jazz III et deviendront les plectres les plus vendus dans le monde et ce, encore aujourd’hui (d’autres gammes - Delrin et Ultex - suivront plus tard).
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Jim Dunlop Sr. lors de son premier salon de la musique à Las Vegas (Nevada) dans les années 60[/caption]
Cry Baby Autre grand tournant pour la firme américaine : le rachat de la marque Cry Baby (devenue célèbre grâce à son format similaire à celui de la Wah Vox utilisée par Jimi Hendrix) dans les années 80, alors en pleine déconfiture commerciale. « Cela a changé toute la direction de la société », a un jour déclaré le fils de Dunlop, Jimmy Dunlop. « C'était très inhabituel des produits avec lesquels nous travaillions à l'époque. Vous avez ce type qui était un machiniste, qui fabriquait des accessoires tels que des slides, des médiators et des capos, et qui débarque sans prévenir dans le monde de l’électronique, avec la pédale numéro un de tous les temps. Il n’y avait aucune retenue, aucune hésitation et le mot échec ne faisait pas partie de son vocabulaire. » C’est d’ailleurs Jimmy qui prend en main le projet Cry Baby et la pédale a été depuis déclinée depuis en de multiples versions, dont des modèles signatures (Buddy Guy, Eddie Van Halen, Slash, Joe Bonamassa, Zakk Wylde, Kirk Hammett ou encore Stevie Ray Vaughan). Par la suite, Dunlop a également acquis la marque MXR, puis Way Huge, devenant ainsi à la fois une entreprise d’électronique et une marque d’accessoires. Capodastres, slides, médiators, pédales d’effets, sangles pour guitare, straplocks, voilà autant de preuves de l’héritage laissé par Jim Dunlop que sa famille continue de perpétuer. Rest in picks, Mister Jim Dunlop Sr.
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Photo : American Musical Supply[/caption]