« Au nom de la vérité » et en signe de protestation contre la diffusion sur Spotify d’un podcast accusé de désinformation sur le covid, Neil Young a retiré l’intégralité de ses morceaux de la plateforme de streaming.
Pendant que Clapton s’enferme dans la paranoïa sur le vaccin contre le covid (évoquant une « hypnose de masse »), Neil Young lui, s’engage dans le combat contre la désinformation. Le Canadien a décidé fin janvier, en accord avec sa maison de disques (Warner/Reprise), de retirer sa musique de Spotify, « au nom de la vérité », pour protester contre la diffusion du podcast américain The Joe Rogan Experience : « Spotify est devenu un lieu de désinformation potentiellement mortelle sur le covid. Des mensonges vendus contre de l’argent ». Numéro un sur la plateforme en 2021 avec des millions d’écoutes et un contrat d’exclusivité estimé à 100 millions de dollars, le podcast de Joe Rogan avait été dénoncé au préalable par plus de 200 professionnels de santé l’accusant d’avoir découragé la vaccination chez les jeunes et poussé à l’utilisation d’un traitement non autorisé contre le virus. « Ils peuvent avoir Rogan ou Young. Pas les deux. Je suis pour la liberté d’expression et n’ai jamais été en faveur de la censure. Les entreprises peuvent choisir ce dont elles tirent profit, tout comme je peux choisir de ne pas avoir ma musique sur une plateforme qui diffuse des informations dangereuses. Je suis heureux et fier d’assurer mon soutien aux professionnels de santé qui sont en première ligne et risquent leur vie chaque jour. » Le Loner n’a pas manqué par la suite de reprendre son autre cheval de bataille et d’étriller la piètre qualité sonore diffusée par Spotify, réduite selon lui à 5 % : « Ma musique sonne mieux partout ailleurs de toute façon. » Guerre commerciale autour du streaming oblige, Deezer a profité de l'occasion pour mettre gentiment en boîte son concurrent direct via une campagne publicitaire sur les réseaux sociaux comme le montre le visuel ci-dessous.
Solidarité
Trois jours plus tard, sa compatriote Joni Mitchell retirait à son tour ses morceaux de la plateforme de streaming : « Des irresponsables répandent des mensonges qui coûtent la vie à des gens. Je suis solidaire de Neil Young et des communautés scientifiques et médicales mondiales sur cette question ». Puis début février, David Crosby, Stephen Stills et Graham Nash lui emboîtaient le pas : « Nous tenons à la diversité des points de vue, mais propager sciemment de fausses informations durant cette pandémie mondiale a des conséquences mortelles. En attendant des mesures affichant clairement que le commerce se doit d’être contrebalancé avec un réel souci pour l’humanité, nous ne souhaitons pas que notre musique – ou celle que nous avons créée ensemble – se retrouve sur la même plateforme. »
Face à la controverse, Daniel Ek, PDG et fondateur de Spotify, a annoncé dans la foulée une série de mesures, et notamment l’introduction de liens dans les podcasts évoquant le covid, pour renvoyer les utilisateurs vers des informations factuelles et sources scientifiques vérifiées. « Nous avons une obligation de faire plus pour fournir de l’équilibre et donner accès à une information largement acceptée des communautés médicales et scientifiques », a déclaré le milliardaire suédois dans un communiqué.