Scotty Moore, guitariste connu pour son travail influent avec Elvis Presley à l'aube de la carrière de ce dernier, est décédé à l'âge de 84 ans dans la matinée du 28 juin 2016, à son domicilede Nashville.
Né Winfield Scott Moore III le 27 décembre 1931, à Gadsden, un village du Tennessee, à environ 200 km au nord-est de Memphis, Scotty Moore était le dernier survivant d'une poignée de musiciens qui a contribué à forger le succès du King, un groupe de fidèles qui comprenait le bassiste Bill Black, le producteur Sam Phillips, et plus tard, le batteur JD Fontana. C'est Sam Philipps, propriétaire de Sun Records, une petite compagnie phonographique fondée en 1950, qui engage Moore et Black pour accompagner un jeune artiste débutant, Elvis Presley, lors d’une séance d’enregistrement le 5 juillet 1954, séance au cours de laquelle le titre That’s Allright (Mama) sera mis en boîte pour être commercialisé quelques jours plus tard avec en face B, Blue Moon of Kentucky. Après cette première collaboration qui fera date dans l'histoire du rock, Presley, Moore et Black partent en tournée sous le nom de The Blue Moon Boys, le trio étant rejoint un peu plus tard par le batteur DJ Fontana en octobre 1954. Les 3 musiciens vont par la suite travailler régulièrement pour Sun Records, puis pour RCA (la maison de disques qui contribuera à l'avènement du King) et enregistrent un nombre imposant de tubes : Heartbreak Hotel, Don’t Be Cruel, Hound Dog, Jailhouse Rock, mais aussi les musiques des films « Jailhouse Rock », « Loving You », « King Creole ». Moore sera même un temps manageur du chanteur avant que le fameux et un brin énigmatique Colonel Parker ne prenne le relais. En 1964, Scotty Moore enregistre un premier album sous son nom, « The Guitar That Changed The World », où l'on retrouve des reprises instrumentales des succès de Presley. Grave erreur. Ce disque lui vaudra d’être viré par Sam Philips, faute de l’avoir prévenu. Scotty Moore déménage à Nashville où il investit une partie de ses revenus dans le rachat d'un studio, le Music City Recorders. Il en sera le principal ingénieur du son jusqu’au début des années 1970. Il jouera pour la dernière fois avec Elvis Presley lors d’une émission télévisée (« Elvis ») diffusée par la chaîne NBC le 3 décembre 1968. Jusqu’au début des années 1990, Scotty Moore travaillera essentiellement en studio, et plus particulièrement pour des shows télévisés. Au début du siècle présent, l'héritage de Scotty Moore est justement récompensé et il entre au Rock’n’Roll Hall of Fame dans la catégorie « musicien accompagnateur ». Un héritage que bon nombre de stars de la 6-cordes ont souvent mis en avant dans des interviews, comme par exemple Keith Richards qui déclarait en 2015 : « J'ai démarré sur une guitare classique, et là j'ai entendu Scotty Moore et je suis passé à l'électrique. » Mark Knopfler n'a jamais caché son admiration envers le musicien qui a longuement accompagné Elvis Presley, tout comme Jimmy Page qui, après avoir appris le décès du guitariste, a sobrement tweeté : « Repose en paix, Scotty Moore. Une vraie icône de la guitare électrique. »
Zoom matos Lorsqu'il accompagnait Elvis Presley, Scotty Moore a essentiellement joué sur une Gibson ES-295, avant de plaquer ses accords sur une Gibson L5, pour finalement opté pour une Super 400, toujours de la même marque. Moore a toujours crié haut et fort que les guitares qu'il utilisait étaient les siennes. Il pouvait parfois emprunter l'instrument d'un autre, mais juste pour grattouiller un peu ou se laisser photographier avec. Pour notre homme, la raison était aussi simple qu'évidente. Vu qu'il connaissait ses guitares sur le bout des doigts, il pouvait se concentrer sur ce qu'il jouait et non être déconcentré par une 6-cordes qu'il ne connaissait. Mais le secret du son de Scotty ne réside pas uniquement dans le choix des guitares ou dans son approche de l'instrument. L'un des éléments clés de l'équipement de Moore et ce, sur un grand nombre d'enregistrements réalisés pour Elvis Presley, est sans nul doute le Ray Butts Echosonic (utilisé pour la première fois par Chet Atkins), un ampli équipé d'un tape echo intégré, un effet important dans les premiers enregistrements de rock’n'roll.
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En haut à gauche : Ray Butts Echosonic - En bas à gauche : Gibson ES-295 - À droite : Gibson Super 400[/caption]