Après Londres, New York, Sidney et Tokyo, l’exposition itinérante sur les Rolling Stones arrive à Marseille, à partir du 10 juin. Guitares, costumes, documents et reconstitutions nous feront vivre l’histoire du plus grand groupe de rock du monde de l’intérieur.
Il y a un mois, nous recevions un e-mail énigmatique : « Mick Jagger et les Rolling Stones ont quelque chose à vous annoncer. » L’équipe de l’Orange Vélodrome nous conviait à une conférence de presse en ligne depuis le stade marseillais pour nous présenter « un événement exceptionnel et unique en France ». Un concert ? Impossible. Le nouvel album tant attendu ? Il n’est pas encore prêt. Tous les regards étaient donc tournés vers l’exposition itinérante que nous avions pu découvrir à Londres en 2016 à la Saatchi Gallery. Il est un peu plus de 11h ce jeudi 15 avril quand Martin d’Argenlieu, le directeur des grands projets du stade Vélodrome, et le journaliste Philippe Manœuvre nous annoncent la tenue de « Unzipped » dans les salons entièrement réaménagés de l'enceinte sportive, du 10 juin au 5 septembre prochains. On note d’abord le changement de nom, Unzipped faisant ici référence à l’album « Sticky Fingers » (1971) et à sa fameuse pochette à la braguette conçue par Andy Warhol. À croire que le nom Exhibitionism (jeu de mot sur « exhibition » qui signifie « exposition » en anglais) était un peu trop osé, le visuel étant lui directement inspiré de la pochette de leur horrible album « Undercover » (1983).
L’événement de l’été
« Ce sera l’événement culturel de l’été », promet Martin D’Argenlieu. Et c’est peu de le dire, dans une période de disette où on cherche un concert et une expo à se mettre sous la dent. Après avoir voyagé aux États-Unis (New York, Chicago,Las Vegas, Nashville), en Australie (Sidney) et au Japon (Tokyo), l’exposition qui présente plus de 400 objets et trésors issus des collections et des archives du plus grand groupe de rock du monde, devait faire son retour en Europe, à Groningen aux Pays-Bas, en novembre 2020. Mais après quelques jours seulement, la pandémie a interrompu l’événement (il devrait tout de même revenir dans le musée de la ville en 2023). « L’exposition a été repensée, elle sera plus immersive qu’à Londres », précise Philippe Manœuvre. Un « parcours Ikea » sur 2000 m2 qui nous mènera dans 13 espaces dédiés à la carrière des Stones, avec notamment une reconstitution de l’appartement insalubre (avec la vaisselle sale !) de la rue Edith Grove, où Brian Jones, Mick Jagger et Keith Richards faisaient leurs armes sur leurs vinyles de blues au début des années 60. Guitares, costumes pour les lives, affiches, maquettes et décors de scène de ceux qui ont inventé les concerts de stade en 1981… Plus qu’une histoire des Stones, c’est une histoire du rock que l’on découvre, assistant même derrière la vitre aux coulisses d’un enregistrement dans les illustres Olympic Studios de Londres reconstitués, là où le groupe a gravé tant de tubes dont Sympathy For The Devil… Le parcours s’achève sur le concert historique donné à la Havane par le groupe en 2016 devant 500 000 spectateurs et diffusé ici sur plusieurs écrans.
Stones in Marseille
L’histoire des Stones à Marseille débute en 1966, quand le groupe se produit dans la salle Vallier où un certain Jean-Pierre Foucault (oui, le futur animateur de télé et radio), 18 ans, participe à l‘organisation. Deux représentations devaient avoir lieu dans la même soirée, mais la seconde a tourné à l’émeute avec les sièges qui ont volé. Blessé à l’œil, Mick Jagger avait même été conduit à l’hôpital. Après s’être réfugié à Villefranche-sur-Mer à l’époque d’« Exile on Main St. » (1972), les Stones ne reviendront jouer à Marseille qu’en 1990, puis en 2003, et enfin en 2018 au stade Vélodrome, la setlist du concert dessinée par le guitariste-peintre Ron Wood faisant partie de l’expo. Vu le contexte sanitaire, les organisateurs ont pris les devants, affichant le label Safe & Clean, et prévoyant un système de réservation (dès le 15 avril : 25 € pour les adultes, 19 € pour les jeunes de 12-25 ans, et 15 € pour les enfants de 6-11 ans) horodaté avec une fréquentation limitée à un visiteur pour 10 m2 (ce qui ferait 200 visiteurs maximum par créneau de visite). 200 000 visiteurs sont attendus sur trois mois.