Pas moins de 5 ans après ce que l’on pensait être leur ultime album, les 4 musiciens de Black Country Communion ont décidé d’unir une nouvelle fois leurs forces. Bien leur en a pris vu la teneur de « BCC IV », un disque à l’ancienne, puissant et épique. Glenn Hughes, le légendaire bassiste, revient sur la genèse de ce nouvel opus. Propos recueillis par Olivier Ducruix
La biographie du groupe parle d’une longue pause après la sortie en 2012 du dernier album, « Afterglow », alors que cela ressemblait plus à une séparation. Quelles sont les raisons qui vous ont poussés à remettre en marche la machine ? Glenn Hughes (chant/Basse) : En avril 2016, j’ai été introduit au Hall of Fame. Le lendemain de la cérémonie, Joe (Bonamassa. Ndr) m’a appelé pour me féliciter et proposé qu’on se rencontre à Santa Monica. Nous avons dîné ensemble, parlé de choses et d’autres jusqu’au moment où il m’a dit : « aimerais-tu que le groupe se réunisse à nouveau pour faire un super album ? Je crois que le monde est prêt pour un nouveau chapitre. » Joe est quelqu’un d’intelligent… J’ai bien sûr répondu positivement, comme les deux autres (Jason Bonham et Dereck Sherinian. Ndr). Le problème, c’est que nous sommes tous très occupés, j’ai eu une année 2016 assez chargée, tout comme Joe. J’étais donc ok pour ce nouveau disque, mais il fallait que nous trouvions du temps pour composer des titres. Il m’a proposé de le faire chez moi, dans mon studio que nous appelons tous la « Magic Room ». Joe est finalement passé à la maison et, pendant 11 jours, nous avons composé un morceau par jour. Franchement, nous aurions pu faire ça toute l’année !
Pourtant, tu semblais assez amer après la sortie d’« Afterglow »… Disons que j’étais contrarié… Aucune tournée n’a été faite après ce disque… J’ai raté pas mal de choses, comme par exemple jouer avec les différents projets que j’avais en cours à l’époque. J’espère que cela ne se reproduira pas. Je me suis rattrapé ensuite, en réalisant un très bon album avec California Breeding. C’était un super groupe, mais il s’est avéré difficile de travailler avec un jeune guitariste de 23 ans… Après tout cela, j’ai eu quelques problèmes de santé. Joe a toujours pris de mes nouvelles, il est passé me voir plusieurs fois… Je vais t’avouer une chose : Joe s’est excusé pour ce qui est arrivé après la sortie d’« Afterglow ». Vu son emploi du temps très chargé, j’ai eu le pressentiment que ce disque n’allait pas être défendu sur scène et c’est ce qui est arrivé… Quand nous nous sommes retrouvés chez moi pour composer, la magie était à nouveau là. Nous étions assis l’un en face de l’autre, avec chacun une guitare à la main, et les idées nous venaient comme ça, sans rien forcer. Après 3 ou 4 morceaux, nous savions que l’album allait être vraiment bon.
Avec du recul qu’est-ce qui a réellement changé entre « Afterglow » et le nouvel album, « BCC IV » ? J’ai composé énormément de chansons pour « Afterglow » et ce qui a manqué à ce disque, comment te dire… J’apprécie tellement Joe… et je ne sais pas si je devrais te dire cela, mais il n’était pas dans une bonne dynamique pour finir cet album. Il n’y avait pas de tensions, il était juste fatigué. Je peux composer seul pour différents projets, mais là, non, je n’en avais pas envie. C’est Black Country Communion ! Et c’est pour ça que j’ai vraiment voulu que Joe vienne tous les jours dans la « Magic Room » pour qu’on écrive ensemble. Et ce fut un moment incroyable. Parfois, on avait des crises de fou-rire, chose qui ne nous était jamais arrivé auparavant !
La magie de Black Country Communion vient aussi de la relation que tu as développé avec Jason au fil du temps, non ? Tu sais, j’ai joué avec son père un paquet de fois. Alors, les Bonham, ça me connaît (rires) ! J’ai croisé de nombreux excellents batteurs, mais avec Jason, c’est différent… Si tu as un Bonham derrière toi, tu ne peux pas te tromper. Il ne peut rien t’arriver (rires) !
Tous les morceaux de « BCC IV » dépasse les 4 minutes, ce qui donne parfois à l’ensemble un côté rock progressif plus présent que dans vos précédentes réalisations. Pour preuve, des titres comme The Last Song For My Resting Place et Wanderlust… Je ne sais pas si le résultat final sonne comme du rock progressif ou du classic rock. Nous n’avons pas la prétention de créer quelque chose de nouveau. Black Country Communion est un groupe qui vit dans les années 70.
Au fait, c’est quoi exactement la « Magic Room » ? C’est une pièce située au-dessus de mon garage rempli d’instruments divers et variés. C’est le parfait endroit pour composer. Il n’y a pas de cabine de prise pour batterie, mais on peut quand même s’enregistrer facilement. Joe et moi, nous y avons écrit The Great Divide (titre présent sur le premier album. Ndr). Je pense qu’il s’est souvenu des bonnes vibrations de l’époque. Alors, quand on a commencé à parler de ce nouveau disque, il n’avait qu’une idée en tête : retourner dans la « Magic Room » (rires) !