Avec cette déclinaison de sa PRO-MOD DK24, Charvel prouve qu’elle est bel et bien une des plus grandes marques de Shred. Une guitare performante ey bien pensée, à un tarif surprenant.
Armes des shredders par excellence, au même titre que certaines Ibanez ou Schecter, les Charvel DK (pour Dinky) continuent de séduire en conservant un look marqué par le début des années 90. Mais derrière cet aspect « classique » se cachent bien des améliorations modernes qui, au cours des années, ont permis à ces guitares de rester au top face à la concurrence. Les versions DK24 sont dotées d’un manche 24 cases. Elles sont disponibles en version chevalet fixe, Floyd Rose ou 2PT qui correspond à une guitare équipée d’un chevalet vibrato Gotoh 510. C’est cette dernière que nous avons testée, dans sa configuration HSS, soit un micro double au chevalet, et deux simples au centre et au manche. Côté look, elle a beau ne pas avoir de robe panthère ni de finition fluo, on la voit quand même de loin. Et quand on la regarde de plus près, c’est assez particulier. Son corps en frêne présente un veinage très marqué qu’un vernis satiné rouge recouvre, en laissant apparaître le relief et les irrégularités du bois, ce qui, au toucher, est plutôt agréable.
Neck plus ultra Tout est pensé pour jouer avec un maximum de confort. La DK24 possède plusieurs découpes et chanfreins à l’arrière du corps dans un souci d’ergonomie optimisée. C’est parfait dans toutes les positions, debout, assis, et même recroquevillé ou en grand écart entre deux chaises. Ne cherchez pas la prise jack sur le devant ou sur la tranche : elle est dissimulée intelligemment à l’arrière sans gêner le jeu. Malin. Mais c’est surtout le manche qui a retenu toute notre attention. Quelle glisse, quelle douceur ! Encore un miracle de l’érable torréfié (la marque indique caramélisé, ce qui est une forme de torréfaction du bois, par cuisson). Plus stable, plus rigide, moins susceptible d’être impacté par les variations de températures et d’humidité, il nécessite moins de vernis pour le protéger. Et comme ce dernier possède un radius compensé, on passe facilement d’un jeu en rythmique à un solo sur les cases les plus aiguës, sans gêne ni fatigue.
Shred is not dead Une fois branchée, cette DK24 prouve à bien des égards qu’elle est définitivement une shreddeuse. Le nom (Full Shred) et le son de son micro chevalet résument parfaitement la situation. Il libère une sacrée dose d’aigus et d’harmoniques, mais possède un niveau de sortie moins puissant qu’un pur high-gain, ce qui permet de conserver une certaine dynamique malgré un rendu déjà bien droit. Les deux autres micros simples sont des modèles musclés, à niveau de sortie plutôt élevé, ce qui en fait des outils plus propices à jouer du heavy-rock ou du Texas-blues plutôt que de la funk et des sons clairs jazzy. On peut en obtenir de tout à fait exploitables et intéressants (notamment sur les positions intermédiaires), mais il est évident que la saturation reste le terrain de prédilection de cette soliste en diable. Et à ce petit jeu, elle excelle à tous les niveaux de gain, de l’Overdrive crunchy à la distorsion violente. Certes, le rendu est relativement moderne et typé, mais jamais la DK24 n’a caché son jeu. Authentique, confortable et équipée pour percer dans le mix, elle a tout d’une grande du genre, à un prix raisonnable vu la qualité de son équipement et de sa réalisation. Guillaume Ley
Caractéristiques
Tout pour un son détaillé Si les micros sont taillés pour envoyer un son musclé et articulé, les choix offerts par le sélecteur à 5 positions sont surprenants. Par exemple, la position 2 cumule le micro central avec la bobine du haut du humbucker. On ne propose pas de jouer avec ce micro central seul. La position 3 permet d’activer le micro manche et la bobine du bas du humbucker. Une combinaison assez originale, qui compresse un peu plus le son tout en amenant un peu de bas sans perdre de détail dans les aiguës. Tous ces sons peuvent être ajustés grâce à un potard de volume et un autre de tonalité dit « no load ». En bref, quand on ouvre la tonalité à fond, elle se retire du circuit pour laisser passer le pur son du micro sans aucun filtre (car même poussée au maximum, une tonalité filtre toujours un peu les aigus) et lui donner encore plus de brillance. On l’a dit, tout pour percer dans le mix.