Là où elle aurait pu se contenter d’une simple usure de vernis pour essayer de séduire uniquement par son aspect esthétique, cette Style 1 réussit le pari de rester entre vos mains grâce à des sensations de jeu qui valent le détour…
Il y aura sans doute toujours débat autour des guitares faussement usées (sans parler de l’art et la manière de donner cet aspect « Relic »). Bref… Reste malgré tout un constat qui distingue certains modèles : quelques détails, souvent côté confort de jeu, changent la donne. C’est justement le cas avec cette San Dimas Style 1. Globalement, la finition est plutôt réussie dans le sens où, au premier regard (rapide certes), le résultat s’avère relativement crédible. Si on l’inspecte d’un peu plus près, on regrette néanmoins que chaque éclat de vernis soit un peu trop « propre », là où les rayures et l’usure sont censées apporter un côté plus vieilli et chaotique à l’ensemble. Une affaire de goût… En revanche, les sensations procurées par le manche sont… sensationnelles. Si la fiche technique officielle soutient qu’il s’agit simplement d’érable (avec touche en pau ferro), on a l’impression d’avoir affaire à un bois torréfié ; ce serait le côté poncé et non vernis qui lui donne son aspect (ce qui surprend un peu quand on voit sa teinte un peu brunie et sombre), mais quel toucher ! Frettes parfaitement polies et équipement qui tient la route complètent cette guitare qui procure de belles sensations avant même de la brancher…
Plug and rock
Une fois reliée à un petit combo à lampes Marshall, on retrouve directement le son qui a déjà séduit les nombreux adeptes de la Style 1, mais avec quelques différences dans la manière d’utiliser l’instrument. Le couple de micros Seymour Duncan JB TB-4 (chevalet) et ‘59 SH-1N (manche) fait des miracles sur quasiment tous les plans et offre à cette Charvel une sacrée polyvalence, des palm-mutes rageurs aux plans shred les plus terribles en passant par des sons clairs plus rond et chaleureux. C’est étonnant la manière dont ces micros font sonner les plans de manière rock et organique sans gommer la dynamique, tout en réagissant de fort belle manière aux variations du potard de volume. C’est une guitare beaucoup plus polyvalente que ce que voudront croire ceux qui lui prêtent un simple visage shred. Néanmoins, le split des micros présent sur la Pro-Mod San Dimas Style 1 HH non « reliquée » a disparu, tout comme le potard de tonalité, ce qui pourrait freiner les plus tatillons qui aiment modifier leur son à la volée à même l’instrument. Le sélecteur de micros à trois positions change également de place et de type (un toggle-switch), ce qui le rend plus facile à utiliser. On aurait presque envie d’avoir deux potards de volume pour des effets de killswitch à la Van Halen. Finalement, la fausse usure prématurée de ce modèle n’est pas le seul argument pour cette Style 1 au visage séduisant, plus directe et facile d’utilisation, au confort de jeu amélioré et au toucher addictif…
Tech
Corps : Aulne
Manche : Érable
Touche : Pau ferro
Chevalet : Floyd Rose 1000
Mécaniques : Charvel Die Cast
Micros : Seymour Duncan JB TB-4 (chevalet) et ‘59 SH-1N (manche)
Contrôles : 1 x Volume, 1 sélecteur à 3 positions
Origine : Indonésie
Contact : www.charvel.com
Un style esthétique exigeant
Si l’usure prématurée et artificielle d’une guitare Relic cherche en général à reproduire celle subie par l’instrument après des années d’utilisation sur la route, force est de constater que cette technique demande un vrai savoir-faire et un budget conséquent pour faire illusion. En effet, là où les modèles Custom Shop de Fender sont ultra crédibles et le travail du Murphy Lab sur certaines Gibson totalement renversant, ces guitares ne sont guère accessibles au commun des guitaristes. La transpiration, les coups de médiators, les chocs et les chutes donnent un aspect aléatoire que peu de modèles plus accessibles parviennent à reproduire dans une production standardisée. On a eu l’occasion de tester d’excellentes guitares (en termes d’équipement, de confort, de réglage…) mais dont la finition relic consistait en quelques rayures recouvertes ensuite par une couche de vernis final uniforme sur tout le corps. Un peu dommage…