En équipant sa nouvelle guitare du chevalet Evertune, pour un accordage impossible à déstabiliser, associé à des micros passifs qui dépotent, Cort impose un modèle stable et dévastateur à prix raisonnable.
C’est une première chez le concepteur sud-coréen : l’arrivée du chevalet EverTune sur certaines de ses guitares. À commencer par les modèles KX700 (6 cordes) et KX707 (7 cordes). Pour rappel, l’EverTune est un système de chevalet fixe (pour le moment, en attendant qu’un vibrato voie le jour) dont la conception ingénieuse et purement mécanique (pas d’électronique dans l’histoire) permet de conserver un accordage d’une stabilité sans faille. Ce chevalet apporte un vrai plus une fois qu’on en maîtrise les subtilités et les différents types de réglages. La KX700 que nous testons ici inspire confiance dès l’ouverture de la housse. Super réglages d’usine, un manche au toucher très agréable (vernis satiné) tout comme le corps dont les contours ont été revus pour un meilleur confort de jeu et un accès aux aigus encore plus facilité par rapport aux précédents modèles de la série KX. Un petit monstre qui a tout pour plaire en termes de sensations de jeu.
Petit monstre, parce que les micros qui équipent ce modèle sont des Seymour Duncan Sentient et Nazgûl. Passifs, certes, mais avec un sacré niveau de sortie tout de même (et dont on préfère la dynamique qu’on peut en tirer par rapport à nombre de modèles actifs). Le rendu est idéal pour qui se sent l’âme d’un metalleux moderne : suffisamment épais pour ne pas sonner nasillard, mais avec une vraie clarté pour éviter le côté trop boueux que pourrait apporter une saturation trop grasse ou un accordage plus bas.
L’accord(age) de principe
La combinaison Nazgûl-EverTune délivre un son à la fois puissant et sans aucune note « à côté » grâce à cet ensemble précis (le réglage d’usine de l’EverTune fait sonner la note de manière « droite », c’est-à-dire sans variation de hauteur même lorsque vous effectuez un bend). Efficace, mais peut-être un poil trop parfait si on aime déborder un peu (on réglera alors le chevalet de manière plus « permissive »).
Les solistes et les amateurs de sons clairs et crunchy apprécieront le côté un peu plus doux et posé du Sentient (qui reste un micro musclé malgré tout mais à la dynamique plus exploitable que celle du Nazgûl définitivement taillée pour le high-gain). Là aussi, l’approche nouvelle pour ceux qui découvrent l’EverTune permettra de lâcher des arpèges tout en précision avant de revoir ou non les réglages dudit chevalet. L’arme ultime à budget raisonnable fait son entrée en grande pompe dans la famille KX. De quoi combler les guitaristes exigeants sur la tenue de leurs notes tout en envoyant le pâté. Une aubaine.
Tech
Corps : Acajou, table en frêne
Manche : Acajou
Touche : Ébène
Chevalet : EverTune ET001F
Mécaniques : Cort Locking Tuners
Micros : Seymour Duncan Sentient (manche) et Nazgûl (chevalet)
Contrôles : 1 x Volume, 1 x Tone, 1 sélecteur à 3 positions
Origine : Indonésie
Contact : www.lazonedumusicien.com
Un brevet qui s’impose doucement
En 2010, GP rencontrait Cosmos Lyles, ingénieur à l’origine de ce fameux chevalet EverTune, qui confiait que l’aventure n’en était qu’à ses débuts car il fallait convaincre les luthiers. À l’époque, les seules guitares qui hébergeaient cette nouveauté renversante, mais qui intriguait plus qu’elle ne passionnait, étaient des VGS, instruments fabriqués par les Allemands de Gewa. Depuis, le système a fait ses preuves, et a fini, petit à petit, par s’imposer chez de nombreuses marques de guitare (ESP-LTD, Jackson, Solar…). Difficile également au départ de séduire les guitaristes, souvent très traditionalistes. Certains furent déstabilisés par le fait d’effectuer un bend sans entendre la note bouger avant de comprendre qu’il était possible de régler l’EverTune pour un jeu plus expressif…