Vous présentez ce nouvel album comme votre contribution à l’éveil de la conscience écologique. Vu la situation actuelle, et même si les morceaux ont été composés bien avant, difficile de faire mieux au niveau timing (plusieurs fois repoussé, l'album est finalement sorti le 5 juin 2020, ndlr)…
Jérémy Saigne (guitare) : C’est pour nous une urgence que de réagir maintenant, tant sur le plan écologique que politique ou social. Cela fait un moment qu’on retrouve ce genre de sujets dans nos textes. Je ne les écris pas, c’est Nico, le chanteur, qui s’en charge, mais nous partageons tous la même vision sur les problèmes actuels. Il n’y a pas de messages, politiques ou autres, ce sont plus des réflexions sur l’être, sur notre place sur la Terre, une approche plus existentialiste.
La crise sanitaire a-t-elle impacté votre emploi du temps quant à la sortie et la promotion du nouvel album ?
Oui, bien sûr. Juste avant que le confinement débute, en mars dernier, nous avions prévu de faire une tournée en France pour accompagner l’album. Tout a été décalé, la sortie de « Hara » également puisqu’il sera disponible en digital le 5 juin et en physique deux semaines plus tard.
Le nom de l’album (« Hara ») et certains titres comme Moha, composé à partir de Mantras, donnent un aspect très mystique à l’ensemble. C’est votre côté flower power que vous avez voulu mettre un peu plus en avant ?
C’est plus notre porte spirituelle que notre côté flower power. Hara est un terme qu’on trouve dans la médecine japonaise, qui représente un chakra au niveau du ventre et peut être considéré comme le centre d’énergie vitale pour un être humain. Le mot harakiri vient d’ailleurs de là : c’est la zone que choisissent les Japonais pour supprimer d’un coup l’énergie vitale. Cet aspect mystique, nous l’avons développé depuis le début du groupe, et même avant, lorsque j’ai rencontré Nico au collège. Nous avions bien sûr de grandes discussions sur la musique, mais également sur la philosophie, la spiritualité orientale, et même chrétienne. Ce sont des sujets qui nous ont toujours beaucoup intéressés et forcément, cela se retrouve dans notre univers musical.
Même si les références aux années 70 sont nombreuses dans l’album, on a l’impression que vous avez essayez d’élargir un peu plus votre style avec des morceaux tels que Morning Song et Sick Machine. Vous aviez peur de vous enfermer dans un carcan trop rigide ?
Je pense que par rapport à « Rokh », notre album précédent, les influences de Led Zeppelin, ou plus généralement celles typées 70’s, sont un peu moins présentes dans « Hara », avec des morceaux plus personnels ou d’autres que nous n’aurions pas osé faire avant, comme le titre Sick Machine. Nous avons voulu faire un disque différent, même dans la manière de l’enregistrer. Le premier avait été fait tout en analogique, du début jusqu’au mastering, pour retrouver ce son des années 70. Pour « Hara », nous voulions un son plus moderne, qui pourrait se rapprocher de celui de Royal Blood, Jack White, voire Queens Of The Stone Age, dans la limite de nos moyens, cela va de soi. Nous avons donc mélangé l’analogique et le numérique en prenant les meilleurs atouts de chaque technique et nous avons enregistré au studio Black Box, près d’Angers, un lieu qui correspondait totalement à nos attentes.
Entre votre premier album et celui-ci, il y a eu beaucoup de concerts, dont ceux au Stade de France, en première partie des Insus (septembre 2017), devant des dizaines de milliers de spectateurs. Quels souvenirs gardez-vous de cette expérience ?
Depuis nos débuts, nous avons joué dans différents types de salles : dans notre lycée, au camping, dans une salle des fêtes, dans des festivals… Se produire dans un tel lieu, c’était un peu comme un aboutissement. Personnellement, j’étais content de l’avoir fait avec mes potes. Ce qui est drôle, c’est que le lendemain du Stade de France, nous avons joué dans un garage, en acoustique, devant 30 personnes. Du coup, nous avons pu voir en un week-end ce que pouvaient être les extrêmes au niveau des concerts ! C’est bien, ça nous a permis de relativiser en nous disant que c’était une chouette expérience, mais que la vie de groupe continuait.
Vous avez vraisemblablement gardé de bons contacts avec Louis Bertignac puisque, dans votre bio, il est écrit que les premières notes de Who You Are ont été écrites dans son studio…
Lors du concert au Stade De France, Louis Bertignac nous avait invités à passer dans son studio, chez lui à Fontainebleau. Il y a deux ans, un peu avant Noël, nous lui avons envoyé un petit mot pour lui souhaiter de bonnes fêtes en lui rappelant son invitation. Et il nous répond : « Vous faites quoi demain ? ». Du coup, nous sommes partis direct de Bordeaux avec la Kangoo du batteur ! Les premières heures, nous avions du mal à croire que nous étions chez Bertignac, mais il est tellement cool que tu oublies vite tout ça. Nous avons fait quelques maquettes là-bas, dont le titre Who You Are, une idée que nous n’avions pas encore exploitée à fond. Et c’est dans son studio que nous avons concrétisé le morceau. Lorsque nous avons joué avec Les Insus, nous n’avons jamais senti ce côté stars, au contraire. Ce sont des gars passionnés par la musique, comme nous.
Rock chef
« Lors d’un concert en première partie de NTM (les deux formations partagent le même tourneur, ndlr), à Talence, nous avons rencontré Philippe Etchebest, passionné de rock et de batterie, qui prend maintenant des cours avec notre batteur. Il a flashé sur notre musique et, dès qu’il en a l’occasion, il parle de nous. C’est hyper gratifiant, mais ce genre de rencontre, tout comme les commentaires dithyrambiques de Louis Bertignac et de Philippe Manœuvre qui ont tous les deux déclaré que Dätcha Mandala était la relève du rock, ne nous poussent pas à nous reposer sur nos lauriers, bien au contraire. Ça nous donne envie de travailler et de progresser encore plus ! »