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Deep Purple, born again

Depuis son association à Bob Ezrin voilà onze ans, la carrière de Deep Purple a pris un nouveau souffle. Le line-up « Mark IX », intégrant désormais Simon McBride (45 ans) à la guitare, vient d’enregistrer « = 1 » son cinquième album avec le producteur de renom (Alice Cooper, Kiss, Pink Floyd). Le remplaçant de Steve Morse nous en dit plus sur lui et sa place dans Deep Purple.

Simon, on t’a découvert au Hellfest il y a deux ans, alors que tu remplaçais Steve Morse. Mais tu es un proche de Deep Purple depuis des années, puisque tu joues régulièrement avec Don Airey (claviers) sur son festival Soul & Blues… ?

Simon McBride : Oui, je connais Don Airey depuis une bonne dizaine d’années, j’ai fait des disques (live) avec lui, j’ai également tourné avec Ian Gillan (chant) en 2016. Je connais les gars de Deep Purple depuis longtemps, Roger Glover (basse), Ian Paice (batterie) avec qui j’ai également joué. J’ai toujours fait un peu partie du « cercle » (rires). Et me voilà aujourd’hui dans le groupe !

Comme beaucoup, tu as découvert Deep Purple, Led Zeppelin et autres, au milieu des vinyles de ton père. Mais quel est le premier riff que tu as su jouer ? Celui de Smoke On The Water comme tout le monde ?

Pour tout dire, ce n’était pas un riff de Deep Purple, mais d’AC/DC (rires) ! J’ai bossé Deep Purple assez tard : la première fois que j’ai joué Smoke On The Water, c’était avec Ian Gillan justement. J’ai grandi dans les années 80 et dans les magasins de guitares il y avait une petite affiche : « No Smoke On The Water » et « No Stairway To Heaven » (rires) ! Le premier morceau que j’ai appris était Blacknight. Mais j’écoutais surtout Joe Satriani, Steve Vai, Van Halen, Gary Moore… C’est ça que je voulais devenir. C’est amusant de voir ce que la vie nous réserve. Les gens croient souvent que je connaissais le répertoire de Deep Purple par cœur pour intégrer le groupe, mais pas du tout. Je me suis vraiment éclaté à apprendre le répertoire de Ritchie Blackmore et de Steve Morse. Je suis comme une éponge, j’absorbe tout. Et puis, nous ne sommes que le produit de nos influences. Et plus j’en intègre dans mon jeu, meilleur je suis.

Tu as commencé dans le groupe de heavy-metal Sweet Savage, puis tu as intégré la formation soul/rhythm & blues d’Andrew Strong (The Commitments) avant de te lancer en solo… Tout ça est très cohérent pour jouer dans Deep Purple.

Je n’avais que 16 ans quand j’ai intégré Sweet Savage, j’ai adoré cette époque. Et puis j’ai carrément changé de registre, jouant deux accords par chansons avec Andrew Strong. Je ne serais peut-être pas là aujourd’hui si je n’avais pas joué des styles aussi variés. Je pense que c’est bon pour tout musicien de sortir de son style de prédilection, de capter différentes influences. Il y a des musiciens qui ne s’intéressent qu’à la musique à guitares. L’un de mes guitaristes préférés est Steve Lukather de Toto et on sent qu’il a écouté beaucoup de saxophonistes. J’apprends en écoutant du sax, de la trompette, de la cornemuse irlandaise aussi. Ces musiciens font des choses que l’on peut transposer à la guitare…

Simon McBride au Hellfest 2022, remplaçant de Steve Morse au pied levé.

Après avoir tourné pendant deux ans, vous êtes entré en studio avec Bob Ezrin pour enregistrer « = 1 ». Depuis 50 ans, Deep Purple a sa routine de travail basée sur la jam. Comment as-tu trouvé tes marques ?

Vu que je joue avec Don Airey depuis longtemps, et qu’il travaille de façon old school, comme dans Deep Purple, je savais à quoi m’attendre. Mais c’est vrai que lorsque j’ai commencé à travailler avec Don il y a des années, cela me paraissait étrange. On enregistre les instruments, puis le chant. Moi je suis plutôt de l’école mélodie vocale et guitare en même temps. On était tous les cinq en studio, on jammait, on improvisait, on lançait des idées… Gillan écrit ses mélodies, il fait des propositions d’arrangements, mais on n’entend rien de ce qu’il va chanter jusqu’à ce qu’il enregistre. Mais finalement je pense que c’est la meilleure manière d’écrire de la musique, particulièrement en groupe : on est cinq et autant d’influences que l’on combine, et c’est comme ça qu’a toujours marché Deep Purple. Il n’y a pas vraiment de règles. Il n’y a pas de réflexion en amont sur ce que l’on va faire, on joue les choses comme elles viennent, un titre hard-rock, un morceau plus bluesy ou plus « commercial »… Peu importe, c’est de la musique au final.

Il y a malgré tout un héritage assez solide à respecter et des fans qui ont des attentes, comme lorsque Steve Morse a pris la suite de Ritchie Blackmore. Comment composes-tu avec ça sur scène notamment ?

Il faut respecter ce qui a été fait, il y a des parties de Ritchie que l’on peut changer et d’autres auxquelles il ne fait surtout pas toucher. Par exemple, je ne peux pas changer le solo d’Highway Star : il est incroyable et il fait partie intégrante du morceau. Le modifier, reviendrait à changer le refrain ou le texte de la chanson. Mais il y a d’autres titres sur lesquelles je peux prendre plus de liberté et c’est pour ça que les gars m’ont demandé de rejoindre Deep Purple, pour que je sois moi-même sans me soucier de ce que faisaient Ritchie ou Steve avant moi. Je sais que je ne vais pas plaire à tout le monde, mais c’est le jeu. L’an dernier, on a participé à Monsters Of Rock en Amérique du Sud (avec Kiss, Scorpions, Saxon, Helloween…), il y avait 65 000 festivaliers chaque soir qui chantaient les solos de guitares ! Là je me suis dit : « je suis bien content de ne pas avoir changé ce solo (rires) ! » Que ce soit sur mes concerts en solo ou avec Deep Purple, selon les chansons je fais du note à note ou je me laisse aller avec quelques changements. Mais on vit dans un monde où tout est mis en ligne dans la minute où on a joué, les gens dévorent ces vidéos et sont très critiques : pourquoi tu n’improvises pas comme Ritchie ? J’ai envie de leur dire : « étiez-vous à tous les concerts qu’a donné Ritchie dans les années 70 ? » On ne voit pas tout sur YouTube, on a toujours une vision un peu tronquée de la réalité. On voyage beaucoup, parfois on est fatigué ou malade, et la dernière chose que tu as envie de faire c’est d’essayer quelque chose de nouveau, parce que tu sais que ce sera merdique. Ritchie et Steve sont deux grands guitaristes, je respecte ce qu’ils ont joué, mais pour me sentir à l’aise, je dois rester moi-même. Au tout début, c’est vrai je me suis posé beaucoup de questions, et Don Airey m’a dit : « Ne t’en fait pas, sois toi-même, c’est pour ça que tu es là ». Quand Steve est arrivé, il a dû lui aussi passer par cette étape…

Pareil pour Joe Satriani, qui a remplacé brièvement Ritchie Blackmore en tournée avant l’arrivée de Steve (en 1994)…

Roger m’a raconté des anecdotes sur Joe quand il a remplacé Ritchie, qui n’était plus dedans : il laissait des grands vides dans les chansons, il quittait la scène… Joe a demandé à Roger : « Veux-tu que je laisse un peu d’air moi aussi ? » « Surtout pas ! Joue ton truc ! »

Sur le single de Pictures Of You, on trouve une version live de 2022 de When A Blind Man Cries. Une Face-B de « Machine Head » (désormais incluse sur les rééditions) que Ritchie n’aimait pas et n’a jamais jouée en live. Y a-t-il des chansons de Deep Purple que tu souhaiterais ajouter à la setlist ?

Il y a tellement de super chansons que j’aimerais jouer comme Bloodsucker ou Child In Time, mais il faut être réaliste : Ian Gillan chantait Child In Time quand il avait 25 ans. Et je ne sais pas s’il y a encore quelqu’un dans le monde capable de chanter aussi haut. C’est quelque chose que je respecte chez Gillan (78 ans), il connaît ses limites. On ne change pas d’accordage et il y a des choses que l’on ne peut plus jouer pour ces raisons.

En concert, pendant ton solo, tu fais un clin d’œil à ton héros Gary Moore, également originaire de Belfast… On sent son influence sur I Will Catch You notamment, qui est à la fois heavy et blues…

Oui, Gary Moore est l’une de mes grandes influences avec Steve Lukather. J’essaie toujours de me rapprocher du son et du jeu de Gary, tout ce que j’ai appris vient en partie de lui. Dans mon solo je joue un passage de The Loner et de The End Of The World pour lui rendre hommage et continuer à faire vivre sa musique. Je n’ai pas eu la chance de le rencontrer, contrairement à Don Airey qui le connaissait bien et avec qui on reprend ses chansons comme Still Got The Blues ou Parisienne Walkways, comme celles de Colosseum II (groupe dans lequel jouaient Gary et Don de 1975 à 1977), un groupe complètement barré. J’adore son jeu agressif, son attaque, mais aussi ses chansons plus calmes. Jouer les solos de Gary, c’est comme conduire une voiture avec les changements de vitesse. J’ai ça en moi.

Parlons matos et de ta longue collaboration avec PRS. Tu étais encore ado…

J’avais 15 ans, quand j’ai remporté le titre de Young Guitarist Of The Year (1994) du magazine Guitarist (UK) et j’ai rencontré Paul Reed Smith à cette époque. Il m’a fait une guitare et notre collaboration dure depuis. PRS fait de bons instruments. Je me sens comme à la maison. Certains guitaristes développent leur jeu sur un type d’instrument. Et pour moi, PRS répond exactement à mes besoins. Et puis cette compagnie accompagne vraiment ses artistes. Si j’ai le moindre problème en tournée, ils sont là contrairement à d’autres.

Tu continues à jouer sur les amplis ENGL, introduits dans Deep Purple par Steve Morse…

Quand je suis arrivé dans Deep Purple, c’était pour faire un remplacement ponctuel de Steve, alors j’ai utilisé son rig. Il a sa tête d’ampli signature notamment. Mais j’avoue que je n’ai jamais été très fan du matos signature, parce qu’il y a quelque chose de très personnel dedans. C’est une question de goûts. Il y a trop de potards pour moi, je suis un mec qui va à l’essentiel. Les gars de ENGL sont venus nous voir sur quelques concerts. Ils devaient être inquiets que je les laisse tomber. Mais ils font de très bons amplis. Mon guitar-tech a regardé ce qui pouvait me convenir dans leur catalogue et il est tombé sur un Artist Edition, qui est inspiré du Marshall JCM 800 que je connais bien. Je leur ai demandé quelques modifications. Ils sonnent bien et surtout ils ne tombent jamais en panne. Tommy, qui était guitar-tech de Steve Morse avant moi, m’a dit qu’avant ENGL, il n’avait que des galères avec ses amplis. J’ai six amplis sur scène…

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