Quand Epiphone se penche sur un modèle signature avec un tel sérieux, on ne peut qu’apprécier le résultat. Deux micros, cinq sons, une jouabilité et une finition surprenantes, le tout pour un prix plancher.
Voilà un modèle signature qui nous a fait de l’œil dès la première seconde. Grande prêtresse de la Nighthawk, Nancy Wilson, une des premières guitar-heroes au féminin de l’histoire du rock (avec son groupe Heart), avait déjà une guitare à son nom chez Gibson (la Nancy Wilson Nighthawk, sortie en 2013). Huit ans plus tard, en voici une version Epiphone beaucoup plus abordable. Une très bonne nouvelle, surtout quand l’instrument a autant d’allure. Si l’on fait abstraction de quelques petits détails côté accastillage et potards (des matériaux moins nobles, ou un peu plus « plastique », que sur la Gibson), et du gros logo bleu « Fanatic » pas des plus esthétiques sur le cache-trussrod, la présentation de cette six-cordes est particulièrement élégante. Bien sûr, la filiation avec la Les Paul demeure, mais la Nighthawk a une identité propre, avec son corps plus compact qui accueille des cordes traversantes. D’autant que le manche possède un diapason de type Fender. Autres petits rappels fenderiens, le cordier-chevalet avec ses pontets individuels, et la présence d’un sélecteur type Stratocaster à 5 positions, qui augure d’une certaine polyvalence sonore pour une guitare à deux micros (un mini-humbucker côté manche et un humbucker incliné côté chevalet). Confortable, la Fanatic possède cet accès aux aigus très dégagé qui ajoute un peu plus à la jouabilité sur l’ensemble du manche. Un atout pour les solistes.
Deux micros, cinq sons Testée dans un petit ampli hybride (Orange Micro Terror), un ampli de bureau (Yamaha THR10) puis dans un combo à lampes beaucoup plus puissant (Marshall JVM), la guitare propose une très jolie palette sonore. À condition de se repérer avec le sélecteur, car Epiphone a cru bien faire en livrant un petit papier présentant un diagramme explicatif... qui concerne la Nighthawk de 2011 à trois micros avec un potard de Tone équipé d’un Push/Pull ! Rien à voir. Espérons que le tir sera corrigé pour les futurs clients. À l’aveugle donc, on déduit que la position 1 actionne la première bobine du humbucker chevalet, la 2 le humbucker au complet, la 3 les bobines « intérieures » des deux micros, la 4 la première bobine du micro manche et la 5 le micro manche en mini-humbucker complet.
Du rock plein les tripes Si la Fanatic possède ainsi une certaine polyvalence, elle reste malgré tout une vraie rockeuse (au sens large : blues, hard-rock, heavy, registres plus indés...). On dit souvent qu’un micro splité ne sonnera jamais comme un vrai single-coil. C’est vrai. Mais il faut admettre que les sons de « simples bobinages » de cette Epiphone sont plus qu’exploitables, avec ce petit piqué très sympa sur le micro chevalet, et le rendu légèrement compressé de la position 3 qui peut aider sur certains plans plus funky. C’est un peu moins flamboyant sur le micro manche, mais certainement pas décevant : on conserve une jolie rondeur tout en éclaircissant un peu le son par rapport à la position full humbucker. Et bien entendu, les deux humbuckers fonctionnent très bien à plein régime, surtout avec une bonne saturation ou un crunch généreux, grâce à un rendu assez détaillé pour des micros doubles à ce tarif. Et surtout, on le répète, quelle jouabilité, quel manche confortable ! Une signature de cette qualité à ce prix... on signe,justement ! Merci Nancy. Guillaume Ley
Caractéristiques
Un design au féminin Lancée une première fois en 1993, la Nighthawk ne remportera guère de succès auprès des aficionados de Gibson, et la marque en stoppe la production cinq ans plus tard. Il faudra attendre 2009 pour voir apparaître les premières rééditions, puis 2013, année de la sortie du modèle signature Nancy Wilson. Selon la guitariste de Heart, Gibson l’avait contactée au cours des années 80 pour réaliser une guitare à son nom. Elle avait alors dessiné quelques croquis reprenant la silhouette affinée d’une Les Paul, avec ce côté plus « féminin » et un pan coupé « abaissé » pour faciliter l’accès aux dernières cases. Les prémices de la Nighthawk ? Quand Epiphone s’associe à Wilson pour sortir son modèle signature, la guitariste en profite pour lui donner le nom « Fanatic », titre d’un album de son groupe sorti en 2012. Ce n’est donc pas une Nighthawk Fanatic, mais une Fanatic tout court. Ou la guitare de Nancy, tout simplement...