Les modèles de la série Vintera II de Fender sont fabriqués au Mexique. Ladite série reprend la Jazzmaster par le commencement avec un modèle 50s (l’instrument est présenté pour la première fois en 1958) héritant de nombreux attraits d’esprit vintage... Au déballage, difficile de rester insensible au(x) charme(s) de cette onctueuse finition Desert Sand façon crème vanille/ moka/caramel (également disponible en Sonic Blue), qui se combine à merveille au pickguard Gold anodisé (comme sur les tout premiers modèles), évoquant au passage certaines Musicmaster/Duo-Sonic de l’époque... Le manche en C, assez plat, se révèle d’emblée comme un modèle de confort ; il est surmonté d’une touche en palissandre (de quoi satisfaire les sceptiques du pau ferro) avec un radius à l’ancienne de 7.25” (184 mm), associé à des frettes dites Vintage-Tall pour ne pas « brider » certains bends. Rayon frustrations, on notera les habituels « problèmes » inhérents au chevalet (les cordes peuvent bouger un peu trop facilement sur les pontets filetés où elles exercent une pression relativement faible en raison de l’angle peu prononcé induit par le vibrato), certes « vintage correct », mais qui amènent nombre d’utilisateurs à opérer des modifications ; et par ailleurs des potards un peu « souples » ainsi qu’un toggle-switch pas particulièrement ferme en position intermédiaire, qui n’inspirent pas complètement confiance... Et si l’époque de la tige de vibrato s’échappant de son logement semble révolue grâce au système « push-in », un léger jeu vient malgré tout induire un petit bruit métallique lorsqu’on l’actionne et peut gâcher un peu le plaisir à faible volume. Un peu dommage à ce prix...
Rhythm is love
Les micros Vintera II sont eux tout à fait à la hauteur, avec des sonorités bien distinctes de l’un à l’autre et une interposition qui les mélange à ravir sans les affadir, qu’on cherche du claquant, du tranchant ou un rendu plus guttural avec un peu de Drive ou une Fuzz. Le circuit Rhythm, toujours un peu sourd, pourra servir de « preset » aux uns (c’est ainsi qu’il avait été pensé à l’époque) quand d’autres y mettront du gaffer pour ne pas risquer de l’enclencher (et certains bidouilleurs de ne pas hésiter à le retirer sans ménagement). Chacun son style, mais jouer une Jazzmaster invite volontiers à l’utiliser comme un générateur de sons : travailler le son au vibrato, au rendu si plaisant et à la souplesse d’utilisation remarquable, accueillir – embrasser même ! – les résonances induites par la longueur de cordes entre le vibrato et le chevalet et les tourner à son profit, chaîner quelques effets et expérimenter... À moins de préférer s’élancer dans une cascade surf réverbérée ! Mais on fait avec cette guitare des choses qu’on ne ferait pas avec une autre. Et si c’est ce que l’on vient chercher, cette Vintera II pourrait bien s’avérer un choix payant, quitte à l’upgrader au besoin... comme c’est la tradition.
La loi des séries
Avec un véritable souci du détail hérité des innombrables séries à caractère vintage qui occupent le catalogue Fender depuis bientôt 40 ans, les Vintera II proposent des couleurs typiques du nuancier automobile de la marque (Fiesta Red, Olympic White, Lake Placid Blue...), des profils de manche fidèles et un radius de 7.25” pour rester dans un esprit « comme à l’époque ». En plus de la Jazzmaster 50s de notre test, la série accueille entre autres des Strat et Tele 50s à touche érable, Strat, Tele et Precision Bass type 60s à touche palissandre, des Tele Thinline et Deluxe ou encore une Mustang Competition ainsi qu’une Jaguar70s (crosse large, touche érable avec binding et repères en blocs). Il y en a pour tous les goûts...
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