Difficile de faire du death metal en France sans se voir comparé aux géants américains ou suédois, ou être mis dans un panier dans lequel on vous taxe de bourrin sans chercher à comprendre votre musique. Pourtant, sous ses airs de combo brutal, le groupe Geostygma fait preuve d’une réelle finesse, d’un certain sens de l’humour décalé, et d’une maîtrise instrumentale parfaite, mais jamais gratuite ni démonstrative à outrance. Un équilibre qui aura mis plusieurs années à s’installer (la première mouture date de 2008), avant que le line-up ne se stabilise. Dernier arrivé en 2017, le guitariste Alexis Azouzi explique que c’est plus le suivi du groupe que la musique en soi qui demande des efforts. « Je suis admiratif quand je vois la manière dont James (Chancé, guitariste du groupe, très actif sur le web via sa chaîne YouTube. Ndr) gère à la fois la promo, le booking des dates, et tout le reste en plus de composer. » Car Geostygma prépare son premier véritable album après avoir sorti deux maxis. Son death metal possède un véritable groove qui vous prend à la nuque en plus de décoller le papier peint. « Quand je suis arrivé dans le groupe, on m’a dit : “tu restes en 6-cordes, on est en Drop C”, ça m’allait à merveille. Maintenant, vu le style dans lequel nous évoluons, on ne peut pas se permettre d’avoir ce son à la Chimaira, avec très peu de médiums, un gain qui t’écrase... On ne va pas se mentir, mais dans une guitare, ce qui ressort, ce sont les médiums. Alors si tu les coupes, ta musique n’a plus de vie, et tes grattes se font bouffer par la basse et la batterie, surtout en live. On bosse donc la technique, mais aussi le son. Un jour, on va peut-être descendre d’un demi-ton, qui sait ? Mais si on doit le faire, on le fera pour tous les morceaux parce qu’on n’a pas envie de changer de guitare 15 fois sur scène. Et puis, il faut aussi que tout le monde s’y retrouve, y compris le chant. » Du grave, certes, mais pas une course à l’infra. Geostygma fait partie de ces groupes à la fois porteurs d’un héritage métallique à l’ancienne et parfaitement ancrés dans leur époque. La preuve en est avec leur passage au Kemper et au Helix, mais pour conserver un son qui ne doit jamais être clinique ou chimique. Du death bien vivant. Un bel oxymore.