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GIMME 5 - Olivier Teisseire (Mudweiser)

« So Said The Snake », le nouvel et troisième album de Mudweiser, est un condensé réussi de heavy rock pur jus et de stoner imparable. Olivier Teisseire, le principal pourvoyeur de riffs du quatuor français, nous parle des 5 disques qui l’ont marqué. Propos recueillis par Olivier Ducruix - Photo : © Olivier Ducruix



METALLICA Ride The Lightning J’avais 8 ans et j’écoutais La valise de Dorothée (avec ses chaussettes rouges et jaunes à petits pois). Imaginez l’effet que cela a pu faire sur un enfant, qui n’avait jamais entendu de disto, de se manger Fight Fire With Fire et Ride The Lightning. Ces deux morceaux s’enchaînent sans répit. J’étais comme sur une chaise électrique, j’en avais le souffle coupé, mes parents aussi d’ailleurs. J’ai trouvé très vite que le bouton de volume du poste de mon grand frère n’allait pas assez loin. Ce n’était plus une question de musique : clairement mon cerveau était en train de dealer avec une drogue dure, le thrash. Ensuite la messe : For Whom The Bell Tolls. Mon grand frère me disait que c’est un son de basse. « Quoi ? De quel instrument parles-tu ? » J’ai eu l’impression que mes 2 ou 3 ans de solfège et de musique classique n’avaient que servi à repousser l’échéance. Ma famille a aussi compris que ma vie venait de changer. J’ai lâché Dorothée pour toujours et je savais que le blues de Clapton risquait de m’emmerder rapidement. Je me suis senti investi d’une mission, celle de faire accepter le thrash dans mon entourage, convaincu que Fade To Black était l’arme ultime avec ses guitares acoustiques et ses super mélodies.



MOTÖRHEAD Overkill La deuxième K7 que mon frangin ramène à la maison, un super groupe soi-disant. Je me suis dit ok, je veux jouer de la guitare électrique, je veux faire du rock, ça a l’air plus simple que le thrash. Mes parents m’ont offert une guitare acoustique, c’était super ! Je m’éclatais à 9 ans sur une seule corde à essayer de refaire les cris de poules qu’on entend sur (I Won't) Pay Your Price. Impossible, mais je venais de découvrir les joies du bend, une technique trop difficile... mais de montrer mes peaux mortes au bout des doigts m’a aidé à convaincre mes parents de casser ma tirelire pour passer à l’électrique et jouer sur des cordes moins dures. Depuis je joue toujours sur du light (09-46 ou 10-46 selon l’accordage). J’ai fait mes premiers pas sur Capricorn, connu mes premières sensations de plaquer des accords entre chaque intervention de Lemmy à la voix. Bon, je laissais quand même Eddie Clarke se tapper les solos ! J’ai aimé l’intro psyché de Metropolis, un morceau mid tempo sur lequel j’osais m’aventurer au-delà de la dixième case quand je faisais un solo. Ce titre m’a permis d’expérimenter pas mal de licks réservés aux débutants. Je venais ainsi de définir ma méthode d’apprentissage : jammer sur du rock. Aujourd’hui, je continue de faire des jams avec les gars de Mudweiser, toujours animé par la même énergie. Motörhead fut mon école du rock.



JASON BECKER Perpetual Burn Après mon épisode « je m’improvise soliste pour Motörhead », on m’a dirigé vers Van Halen, mais je n’ai pas trop aimé le son de guitare d’Eddie, alors que j’ai adoré le chant de David Lee Roth, surtout sur son EP solo avec Just A Gigolo… Grâce à lui, j’ai découvert une tripotée de guitaristes virtuoses tels que Steve Vai (« Eat 'Em And Smile », en 1986, et « Skyscraper », en 1988), Joe Satriani, Paul Gilbert dans Racer X…. J’ai découvert ensuite Jason Becker, 1994, juste après sa collaboration avec Marty Friedman sous le nom de Cacophony. « Perpetual Burn » est un album extrême. J’ai beau respecter tous ces grands gratteux, je reviens toujours vers Becker. J’ai appris les gammes orientales, je me suis intéressé à nouveau aux modes musicaux, j’ai redécouvert le jeu au vibrato, les string skipping aussi… C‘était le meilleur des deux mondes dans lesquels j’évoluais musicalement : le classique et le hard. Pour le dernier morceau du disque, Opus Pocus, j’ai tout essayé, même la pédale d’Overdrive Boss SD-1 qu’il utilisait, mais rien à faire. Tu te rends très vite à l’évidence que ce qui fait le son, ce sont les doigts et que ce mec avait une couleur unique, un toucher très particulier à 19 ans. Cet album est comme une bible pour les shredders et je ne me remets toujours pas de Eleven Blue Egyptians. Si tu es un guitariste dépressif, n’écoute pas le solo de ce morceau.



CORONER Grin J’étais déjà fan de Pantera. C’était comme une sorte de dream team du genre. Mais avec Coroner, le metal a pris une autre dimension, le genre de groupe avec lequel tu te dis qu’il y a un avant et un après dans ta vie : le power trio par excellence. Tout comme pour Helmet c’était le son, la prod du disque, et surtout l’ambiance qui m’ont marqué. Mais là, en plus, il y avait des musiciens qui allaient me donner du fil à retordre et m’ouvrir à d’autres perspectives. Même si j’ai eu du mal avec la voix de Ron qui me faisait vraiment flipper, j’ai vraiment été impressionné par ces mecs. Dès la première écoute du second morceau, Internal Conflicts, j’étais conquis par le jeu du batteur, ses tapis de double pédale et quelle claque avec le solo de gratte de Tommy Vetterli ! Grâce à lui, j’ai découvert une technique que je ne connaissais pas à cette époque : les sweepings. Ce fut une émotion si intense que cela m’a encore plus motivé pour progresser. Après avoir écouté « Grin », j’ai ressenti la même chose que lorsque j’ai regardé « Brazil » de Terry Gilliam : mon cerveau n’était plus branché de la même manière.



HELMET Betty Quand j’ai écouté pour la première fois l’intro de Wilma’s Rainbow, je me suis demandé quel était ce son de gratte, entre harmoniques dégueulasses et accords ouverts vraiment dissonants. À cette époque, j’écoutais beaucoup « Spine Of God » de Monster Magnet, qui offrait toute une palette de punk rock psyché, un peu à la Jefferson Airplane, mais ça n’était pas noisy du tout. Là, au bout de 20 secondes, j’ai pris une grosse gifle et j’ai remercié le mec à qui j’avais acheté mon système son. J’avais envie d’entendre ça à ce moment précis de ma vie et je ne le savais même pas… Une musique très carrée et un chant planant, parfois criard : c’était parfait. Dans les années 90, j’étais complètement dans les road movies et le ciné trash. C’est aussi la première fois que j’ai adoré un solo de gratte aussi fou, dissonant et marginal, à la Slayer, autrement dit qui ne sert à rien, alors qu’à cette époque, j’étais plutôt attentif aux virtuoses. Avec ce disque, je me suis dit que j’étais en train d’aimer tout ce qui ne m’intéressait pas auparavant : les dissonances, les solos à l’arrache, les voix éraillées ou langoureuses… Dans le titre Biscuits For Smut, je retrouvais le funk de Funkadelik, de Fishbone et de Jane’s addiction, mais aussi le punk de Suicidal Tendencies et plus tard, d’Infectious Groove. Avec mon passé de thrasher shredder punk rocker, j’étais fait pour passer à coté de ce groupe, mais j’ai pris ma claque tout simplement. Par la suite, j’ai découvert les autres albums de Helmet (« Meantime », « Strap It On », et plus tard « Aftertaste ») et je ne saurais te dire lequel je préfère vraiment…





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Olivier Ducruix
27/4/2018
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