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GOJIRA - Nouveaux territoires

Cinq ans après l’excellent « Magma », son successeur fera sans nul doute date dans la carrière de Gojira. Avec « Fortitude », le quatuor s’affranchit encore un peu plus des codes du death-metal de ses débuts tout en gardant une forte et inimitable personnalité. Bienvenue dans le monde de Gojira.

Votre premier album, « Terra Incognita », est sorti en 2001. Vingt ans après, vous avez publié sur votre compte Instagram des photos de cette époque. Quel regard portes-tu sur ces deux décennies traversées par le groupe et son évolution ?
Joe Duplantier (chant/guitare)
 :
Mon regard n’est pas forcément porté vers le passé, mais plutôt vers le futur. Quand je regarde ces photos dont tu parles, je me rappelle très bien de tous ces moments. C’est ma vie, ce sont mes amis qui sont devenus ma famille, c’est la maison où j’ai grandi… Dans la vie, on essaye toujours de se redéfinir par rapport aux choses qui nous ont construit. Le regard que je porte sur le début de notre carrière ne sera pas le même que celui des fans. À cette époque, lorsque ces mêmes fans ont découvert le groupe, ils ont trouvé ça génial, alors que de notre côté, nous avions juste l’impression de patauger (rires).

Mais en tant que musicien, arrives-tu à mesurer le chemin parcouru entre 2001 et aujourd’hui ?
Oui, bien sûr, mais c’est jour après jour que cela s’est fait. Je n’ai pas une impression de vertige quand je mesure ce chemin parcouru parce que je sens en moi chaque pas qui a été fait, chaque petite victoire obtenue. Quand nous avons été programmés au tremplin rock du bar de bikers Le Barclay, à Bordeaux, dans cette cave de 200 personnes, c’était pour moi comme jouer au Stade de France en ouverture de Metallica : c’est la même excitation. Et c’était presque plus fort à l’époque parce que nous avions le sentiment de devenir un vrai groupe. On se disait : « bon sang, les gens nous regardent… Ils sont tous tournés vers nous ! » D’ailleurs, même pendant nos premières répétitions, j’étais excité. Je n’ai jamais été blasé depuis que je fais de la musique et chaque étape, je l’ai vécue comme une victoire. Quand nous avons été sollicités pour tourner avec Metallica, c’est évident que ce fut quelque chose de spécial et nous avons débouché le champagne… Enfin, des Kro pour être exact (rires) ! Ce genre d’événements, comme jouer en première partie de Cannibal Corpse, Children Of Bodom, Iron Maiden, ou comme faire la couverture de tel magazine, nous les avons assimilés au fur et à mesure. Si à 16 ans, j’avais été projeté aujourd’hui, j’aurais sans doute eu ce sentiment de vertige. Mais voilà, ça fait 25 ans que le groupe existe et avance pas à pas.

Tu parlais d’excitation dans ce bar de bikers ou lors de vos premières répètes. Comment arrive-t-on à garder cette excitation intacte sans trop perdre l’insouciance des débuts ?
Cela n’est pas difficile d’apprécier ce qui se passe autour de toi si ton esprit n’est pas encombré par des trucs. Par définition, la vie d’un humain est très courte et la carrière est quelque chose de précieux, c’est comme un joyau. Nous apprécions chaque moment de Gojira et nous sommes tous surexcités à l’idée de sortir ce nouvel album. Mais il y a des formations qui tombent dans la drogue, la dépression, la jalousie, les problèmes d’argent… Et ces problèmes peuvent totalement ruiner cette richesse qui est de faire partie d’un groupe, d’être écouté et de sortir des disques. Il y a un truc que l’on fait très naturellement, c’est de rester clean entre nous. Parfois, il y a des tensions, mais nous discutons beaucoup pour ne pas laisser s’accumuler les choses négatives qui pourraient détruire l’équilibre du groupe. Et puis, nous avons eu la chance de ne pas tomber dans les drogues dures. C’est quand même une gangrène dans les milieux artistiques.

En marge de cette interview, nous consacrons un dossier à une dizaine de groupes français de metal (voir Guitar Part n°326). On y parle de Gorod, de Psykup, d’Alcest, de Kadinja, de Loudblast, de Hypno5e… Cela t’inspire quoi que Gojira soit aujourd’hui considéré comme le fer de lance de ce style ?
Cela me fait bien sûr plaisir… Mais, si j’y réfléchis, ça me fait quand même bizarre (rires). Si nous en sommes arrivés à ce stade, c’est juste parce que nous avons su nous adapter au développement du groupe, en tournant dans le reste du monde, mais surtout – et beaucoup – aux États-Unis. Imagine un pays de la taille d’un continent, avec 300 millions d’habitants, qui est équipé d’infrastructures dédiées au rock et au metal, dans lequel tu peux tourner sans prendre des avions, des ferrys, ou sans changer de monnaie. En fait, aux U.S.A., il y a quelque chose de très fluide, c’est comme une gigantesque plateforme pour les longues tournées avec un public qui, d’un point de vue culturel, aime ce style. Et c’est une fois sur place que nous avons commencé à travailler avec de grosses structures américaines et à avoir une plus grande notoriété.

Et c’est donc à ce moment-là que vous avez changé de division…
C’est dur de te répondre oui, parce que certaines personnes vont te dire que c’est grâce à « From Mars To Sirius » que tout a commencé quand d’autres pensent que c’est grâce à « The Way Of All Flesh ». Dans toutes les interviews que j’ai pu faire récemment, l’album « Magma » revient aussi très souvent pour expliquer ce changement de notoriété. Finalement, chaque disque nous a fait faire un gros bond en avant. Et voilà qu’arrive « Fortitude ». Sincèrement, j’en suis hyper content.

Cela se sent, vu que les deux fois où tu as mentionné l’album, un grand sourire a illuminé ton visage. As-tu le sentiment du devoir accompli ?
Totalement… Et bien plus que ça ! D’un point de vue artistique, tant au niveau de la production que de l’écriture des morceaux, nous avons enfin réussi à choper un truc, quelque chose pour laquelle nous nous bagarrons depuis le début : une authenticité, une richesse dans le son qui va au-delà de jouer vite ou d’envoyer du gros son. Bon, ça fait un petit moment que nous développons le côté ésotérique de certaines ambiances, mais sur cet album, j’ai l’impression que c’est encore plus assumé. En tant que producteur, c’est la première fois où je me suis dit : voilà, j’ai fait un bon gâteau, goûtez-le ! » (rires) Et produire, un album, c’est un peu comme faire de la cuisine, c’est une affaire de dosages. Oui, je suis réellement satisfait de mon travail de producteur !

Vous avez une nouvelle fois produit cet album. Vous respectez à merveille l’expression « on n’est jamais mieux servi que par soi-même »…
Oui, c’est un peu ça. Mais bon… Je me rends compte que tous nos albums auraient pu être mieux réussis avec un producteur expérimenté tel que Rick Rubin ou Ross Robinson. Le résultat aurait sans doute eu plus d’impact, de puissance. Mais voilà, l’exercice de produire et de sortir un album me fascine. Il faut juste que je réussisse à convaincre mes collègues dans le groupe que je suis capable de faire le job. Et j’arrive toujours à mes fins grâce à des arguments imparables : un producteur de renom, ça coûte cher, et moi, je le fais pour zéro (rires) ! Du coup, l’argent économisé nous a permis de construire un studio, ce qui a amené plus d’indépendance pour le groupe, de solidité, et finalement de planter plus facilement nos racines lorsque nous avons bougé, mon frère (Mario, le batteur, ndlr) et moi, à New York. Aujourd’hui, ça paye car je me suis formé et je sais comment procéder. Mine de rien, ce n’est vraiment pas évident car tenir les manettes d’un projet de ce type, c’est donner une direction. C’est très physique et ça demande une certaine discipline. Quand tu es musicien, tu n’as qu’à jouer, le producteur et/ou l’ingé son s’occupant des à-côtés.

Quand tu dis que tu t’es formé pour tenir ce rôle de producteur, ça veut dire que tu as suivi des cours ?
Non, je me suis formé sur le tas et des déceptions, j’en ai eu : sur « The Link », j’ai fait 1 milliard d’erreurs et 1 million sur « From Mars To Sirius ». Pour cet album en particulier, ces erreurs auront permis de faire un album original. Comme quoi, le manque de maîtrise peut avoir du bon (rires). La production me passionne… Et avec « Fortitude », j’ai réellement compris l’importance du placement des micros pour les prises. Il faut que ce soit fait avec précision si tu veux avoir tel rendu sur telle partie du morceau. Si tu veux avoir un son bien gras, qui te fasse faire la grimace, tu dois avoir la guitare et l’ampli qui vont bien, tout comme le bon micro. Pour cet album, nous nous sommes organisés. Nous avons acheté du matériel, un peu mais pas trop à cause de notre budget, mais surtout, des marques nous en ont prêté. Au final, nous avons eu le luxe de faire des prises comme il faut. Tu veux entendre une guitare nasillarde qui te fait presque mal aux tympans ? Et bien utilise une Telecaster branchée dans un Marshall, avec au bout un petit overdrive ! Ça ne sera pas forcément le son global sur tout un album, mais ça servira pour un passage bien précis et ça évitera ainsi d’avoir un album uniforme et sans reliefs. Lors des prises en studio, lorsque tu mets les petits plats dans les grands pour bichonner chaque partie en soignant l’enregistrement, il n’y a plus rien à faire au mixage : l’album est là.

Tu trouves le son de « Fortitude » plus organique ? Plus vivant ?
Oui, c’est ça, plus vivant. Le son, c’est quelque chose de mystérieux, comme des vagues qui déferlent… Mais c’est un paramètre que tu peux visualiser : le son peut être vide ou plein, comme de la matière, et il faut apprendre à la gérer pour qu’elle soit homogène. C’est passionnant, c’est comme faire une peinture ou un grand puzzle. Heureusement, j’ai des associés dans cette histoire, qui m’aident à progresser. J’aime faire des albums avec notre ingé son live. Nous ne sommes pas des producteurs, nous n’avons pas produit des groupes tels que les Red Hot Chili Peppers, mais nous nous donnons à fond pendant des mois pour faire de notre mieux. C’est une sacrée expérience à chaque fois !

En écoutant « Fortitude », on a l’impression que vous n’avez pas cherché à aller vers le gros son, du moins gratuitement, même si la signature sonore de Gojira est toujours présente…
C’est juste… Mais le groupe évolue, nous avons d’autres choses à raconter. Même un boxeur qui passe son temps à frapper sur un ring a besoin de boire du thé ! Et puis, comme le dit souvent Mario, nous n’avons que Gojira. Il y a des musiciens qui ont envie de changer d’air quand ils rentrent de tournée, d’aller voir leurs potes, de jouer dans un groupe de blues pour décompresser, ou je ne sais quoi d’autre. Pour nous, c’est tout en un. Nous n’avons pas d’échappatoire ou de side-projects, mais c’est volontaire, un peu comme un mariage fidèle : tu n’as pas besoin d’avoir une maîtresse pour aller faire des trucs dégueulasses à côté (rires) ! Tout ça pour dire que nous voulons tout faire avec Gojira : de la mélodie, du puissant, du bête et méchant.

Peut-on considérer le nouvel album comme une suite logique de « Magma », avec une envie d’y incorporer quelques traits de vos précédentes réalisations ?
Tout à fait, c’est une façon de le voir, c’est ton ressenti… Après, on peut aussi dire que ce sont les mêmes personnes qui font de la musique, avec les mêmes outils. Forcément, il va y avoir la même signature sonore. J’ai remarqué que tous mes potes guitaristes, lorsqu’ils prennent une guitare qui traînent dans un coin, vont jouer le même plan. Moi, je joue toujours une série de notes un peu flamenco, sans trop savoir pourquoi (rires) ! Nous sommes des êtres d’habitude, de routine, et nos réflexes reviennent immanquablement. C’est pareil pour un groupe. Parfois, nous essayons volontairement de nous détacher de nos habitudes, en pensant que c’est un truc de fou que nous sommes en train de composer, le genre de truc que nous n’avons jamais fait. Nous enregistrons une démo, la faisons écouter à un ami proche, qui nous dit : « bah quoi, c’est du Gojira » (rires) ! Comme quoi, c’est difficile d’avoir du recul. D’autres fois, nous nous laissons porter par ce son familier que nous connaissons et maîtrisons : le gain réglé de telle manière, un plan batterie joué au fond du temps…



Photo : © Olivier Ducruix



Peux-tu nous expliquer la genèse de « Fortitude » ?
Nous sommes dans une sorte de « routine » de luxe qui est de sortir un album, puis de partir en tournée, et ce à chaque fois. Notre vie est rythmée ainsi et, à la fin de la tournée pour « Magma »… Enfin, la fin, ça ne s’arrête jamais vraiment d’un coup ! Bref, après plus de deux années passées à défendre notre précédent disque, nous nous sommes dit qu’il était temps de penser au suivant. En même temps, c’est inévitable : soit nous arrêtons, soit nous enregistrons un nouvel album (rires) ! C’est bizarre parce que jamais l’idée d’arrêter ne nous a effleuré l’esprit. Ce sont nos femmes qui y pensent parfois, pas nous ! Du coup, en 2018, nous avons senti, Mario et moi, qu’il était temps de se pencher sur un nouveau disque.

Vous avez donc composé de nouveaux titres ?
Pas immédiatement. Nous avons d’abord repris des idées de « Magma » que nous avions laissées de côté pour diverses raisons. Un riff est comme un aimant : certains vont coller, d’autres se repousser. Et ça ne sert à rien d’en empiler les uns sur les autres pour que l’ensemble se casse la gueule au final.

Et ces riffs qui ne fonctionnent pas, tu les gardes quand même ?
Oui, je les mets dans un coin de ma tête. Nous avons une mémoire sélective, encore plus pour les idées musicales. Ou alors je les stocke, j’ai des centaines de plans dans des disques durs. Bon, j’en ai perdu pas mal, c’est difficile de tout archiver vu que je déménage souvent… et que je suis un peu bordélique ! Bref, après avoir choisi ces riffs composés au moment de « Magma », nous avions 15 morceaux potentiels prêts à être travaillés. Mais j’ai insisté pour que nous les laissions de côté et que nous jouions tous ensemble, histoire de voir où nous en étions musicalement à ce moment précis. Pendant quelques mois, courant 2018, nous avons été super créatifs… Et les idées que nous avons trouvé à ce moment-là sont toutes parties à la poubelle. Mais c’était vachement bien (rires) ! D’ailleurs, j’aimerais bien qu’un jour nous nous penchions à nouveau dessus…

Mais pourquoi alors les avoir jetées ?
Parce que à un moment, tu vas trouver LE titre qui débloque tout, ce qui fut le cas avec Amazonia. Ce n’était plus une succession de riffs à la suite, mais un vrai morceau. Et cela va influencer la suite en donnant une certaine vibe à l’ensemble. Un album, c’est comme un menu, il faut qu’il soit équilibré, et nous gardons ça en tête constamment. Donc, vers Noël 2018, Mario et moi étions à New York. Chez moi, j’avais une petite station de travail avec des instruments un peu bizarroïdes, dont un synthé MS-10 (de Korg, ndlr) acheté sur eBay, qui est devenu mon meilleur ami depuis. J’ai branché des distos dessus et j’ai fait des parties de guitares avec, chez moi à New York, car je n’avais pas beaucoup de place. Une organisation un peu étrange, qui a provoqué des idées intéressantes. Mario est venu jouer de la batterie électronique dans mon salon, nous avons même fait des démos où il tape sur des coussins. Ensuite, nous avons fait des sessions au studio en groupe, toujours à New York, durant lesquelles nous enregistrions absolument tout. Les gars repartaient en France et Mario et moi nous analysions le résultat. Nous bossons beaucoup à deux et parfois à quatre. C’est en mars 2019 que nous avons réellement commencé les prises du nouvel album.

Et un an après, le Covid-19 frappait le monde entier... De quelle manière la pandémie a-t-elle impacté l’enregistrement de « Fortitude » ?
Cette pandémie nous a emmerdés parce que nous n’avons pas pu sortir, mais à part ça, rien d’autre. Le disque était fini le 1er mars et , quasi dans la foulée, je suis rentré en France pour des raisons familiales. Quelques jours après, la Covid frappait le monde entier. Je devais rejoindre Andy Wallace en Floride, qui commençait à mixer « Fortitude », mais je n’ai jamais pu y aller, tout s’est fait à distance. Ce fut horrible pour moi car j’étais debout toutes les nuits à attendre un email d’Andy Wallace avec le mix d’un morceau, l’écouter, prendre des notes, lui renvoyer le tout pour attendre encore des heures son retour.

Cela a du être sacrément frustrant de travailler ainsi, non ? Avec en plus le fait de ne pas être dans la même pièce qu’Andy Wallace, une véritable légende vivante
Oui, vraiment très frustrant. Deux ans de boulot acharné pour bosser comme ça au final… Dans chacun de nos albums, nous y mettons tout notre cœur. Et puis, imagine, je suis producteur de l’album, c’est Andy Wallace qui va le mixer, je vais avoir la chance d’être assis aux côtés d’Andy Wallace en lui disant : hey, Andy, un peu plus de basse ici ! » (rires)

Pourquoi ce choix d’Andy Wallace pour le mixage ?
Parce que, comme tu l’as dit, c’est une légende. Plus de la moitié de nos albums préférés, je veux dire pour Mario, Christian, Jean-Michel et moi, ont été produits et/ou mixés par Andy Wallace : « Grace » de Jeff Buckley, « Reign In Blood » et Seasons In The Abyss » de Slayer, « Nevermind » de Nirvana, le premier Rage Against The Machine, « Arise » de Sepultura, et j’en oublie tellement il en a fait… Il a toujours été présent dans des moments clés du metal et du rock. Prends les albums de System Of A Down, il a bossé aussi dessus !

En tant que producteur, as-tu pensé tes prises en studio en fonction du choix d’Andy Wallace au mixage ?
Oui, j’y pensais tout le temps, même si à l’époque nous n’avions pas encore la confirmation qu’il allait accepter. Mais c’était important de lui faciliter la tâche en amont.

« Fortitude » a quelque part une petite saveur 90’s. Est-ce uniquement une impression parce que le nom d’Andy Wallace figure dans les crédits ou est-ce un réel parti pris artistique ?
Tu as entièrement raison pour ce côté années 90 et l’explication est très simple : nous avons utilisé des micros guitare vintage qui ont beaucoup de dynamique, fait le choix de certains amplis pour obtenir ce grain, et nous n’avons pas triggé la batterie, ce qui se fait souvent dans le metal, à part la grosse caisse. Nous n’avons pas cherché à avoir un mur du son avec des samples ou des infrabasses de partout. Nous avons même baissé le gain de nos amplis, réduit les prises de guitare – il y en a deux parfois au lieu de huit – pour avoir au final plus de dynamique. Le son de « Fortitude » est punchy, simple et direct : tu peux entendre tous les éléments. Et Andy Wallace est aussi très connu pour ça. Les guitares sont moins grosses, du coup , la basse est un peu plus présente, la ride se détache de l’ensemble, etc… Et franchement, ça nous plaît énormément comme approche.

Gojira s’est régulièrement impliqué dans la défense de la cause écologique, le groupe ayant même développé un partenariat avec la fondation Sea Shepherd depuis plus d’une dizaine d’années. Avec la sortie de « Fortitude » et la vidéo du titre Amazonia, vous tirez la sonnette d’alarme quant à la situation de la forêt amazonienne...
Ce qui se passe en Amazonie est dramatique. Il y a eu une recrudescence de la déforestation et les indigènes, qui sont les véritables protecteurs de cette forêt, se font harceler sans relâche. Leurs villages sont brûlés, des enfants ont été tués, ils n’ont pas un jour de répit. Je suis en contact avec eux depuis la France et je reçois des appels au secours, mais je ne sais pas quoi faire, c’est terrible… J’ai une amie brésilienne très impliquée aux côtés des indigènes qui m’a appelé en pleurant parce qu’ils se font tirer dessus. Pendant que nous sommes préoccupés par nos petits soucis quotidiens, la forêt amazonienne, à laquelle nous sommes tous très attachés, est en train de disparaître. Nous allons grandement nous investir dans ce combat. Nous avons déjà récolté plus de 100 000 dollars la première semaine (l’interview a été réalisée le 7 avril 2021, ndlr) et des ventes aux enchères vont s’étaler sur 1 mois. Cet argent va servir à construire une quinzaine d’hôpitaux de jungle pour les tribus vivant sur le territoire Guarani-Kaiowa. Je suis hyper content, car j’ai reçu de nombreux témoignages de natifs de cette région : ça leur donne une puissance énorme de savoir que des gens s’intéressent à eux.




La force du DiMarzio
Lors d’une session de composition avec Mario, Joe s’emploie en parallèle à tester son micro signature DiMarzio Fortitude (micro que l’on retrouve en position chevalet sur sa splendide Charvel San Dimas Style 2 signature, version acajou) qu’il vient juste de recevoir. La texture sonore et la dynamique dudit micro, passif et avec un rendu quelque peu vintage, ont vraisemblablement inspiré le frontman de Gojira. En effet, lors de cet essai improvisé du DiMarzio Fortitude, soutenu par la pattern de batterie de son frère, Joe va trouver « accidentellement » le riff principal et implacable de Another World. Ci-dessous, la vidéo en animation de ce titre à la dimension écologique fortement marquée, avec un clin d’œil au film La Planète des singes.

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