En réalisant un modèle « signature » à l’image du groupe Ghost, Hagstrom sort une guitare au look hors normes et beaucoup plus polyvalente que sa silhouette ne le laisserait penser. La Fantomen est surprenante en tous points, y compris côté tarif.
Groupe à la communication parfaitement maîtrisée, à mi- chemin entre le produit ultra-marketé et la bête de foire (avec de
très bonnes chansons au demeurant), Ghost a déchaîné les passions au sein
de la communauté metal, avant de toucher d’autres sphères du rock plus mainstream. Un succès en grande partie dû à la personnalité de son leader, Papa Emeritus, seul véritable maître à bord et dont les musiciens, les Nameless Gouhls, ont marqué les esprits des guitaristes à travers les 6-cordes qu’ils utilisent sur scène. Quelles sont donc ces incroyables guitares aux lignes
si originales ? Pendant des années, il s’agissait de Gibson RD (voir plus bas). Mais depuis quelques mois, la donne a changé : les Gouhls sont passées chez Hagstrom. La collaboration entre la marque et les guitaristes suédois a donné naissance à un instrument qui rappelle logiquement... la RD. Baptisée Fantomen, cette guitare est un peu plus grande, plus fine, et possède 4 potards, contre les 3 présents sur les Gibson utilisées par les Scandinaves. Sa plaque de protection est également différente et la corne inférieure plus pointue. Si vous avez aimé la petite gueule d’amour de la Gibson, vous apprécierez tout autant cette nouvelle venue.
Pelle, la conquérante La prise en main est agréable, car l’instrument est plus fin que son inspiratrice, tout comme son manche. L’ensemble, équilibré, permet de jouer assis comme debout avec la même aisance (la tête ne plonge pas). Cette guitare, relativement légère, avec son corps et son manche en acajou, ne casse pas le dos. On peut regretter, comme sur de nombreux instruments dans cet esprit, l’attache-courroie située juste derrière la jonction corps-manche, qui n’aide pas à se balader sur les dernières cases. Reste le son. Et là, Hagstrom frappe fort. Sa collaboration avec le fabricant de micros Lundgren (une marque suédoise elle aussi, dont les micros équipent les guitares de Meshuggah, Pat Smear, Scott Gorham...) est une idée lumineuse.
Les 2 humbuckers splittables délivrent une palette de son incroyablement large, allant de jolis cleans funky légèrement pincés à du bon grave rond et chaud. Le micro manche est vraiment, mais alors vraiment chaleureux. Il donne envie de rester en canal clair, ou de balancer une grosse Fuzz vintage. Si le micro chevalet est mordant à souhait, il ne perd pas trop de graves comme c’est souvent le cas sur de nombreuses guitares. C’est très appréciable, d’autant plus que les niveaux de volume entre les micros sont semblables. Et ce sustain !
La fameuse note tenue pendant presque 30 secondes du Parisienne Walkways de Gary Moore, c’est les doigts dans le nez (ou plutôt sur le manche) !
From the Pinnacle to the Split Les envies de sons plus typés single coils sont aussi à la fête grâce à un split bien réalisé (d’où le son funky évoqué plus haut). Dans ce cas précis, on regrette une légère perte de volume par rapport aux humbuckers (surtout sur le micro chevalet). Mais c’est vraiment pour chipoter. Car le rendu est réussi, puisque le son devient moins sourd, tout en livrant une jolie dynamique. La Fantomen est aussi à l’aise dans le heavy metal et le blues que dans
la pop, et donne envie de ne se servir que d’un canal saturé, en faisant tout le reste aux doigts (réglage de volume, de tonalité, changement de micros, split). Tout ça pour moins de 900 euros. De sacrés arguments pour se pencher religieusement sur cette guitare. Guillaume Ley
Caractéristiques
L’inspiratrice Si les Nameless Gouhls jouent désormais sur Hagstrom Fantomen, ils ont commencé avec la Gibson RD, une guitare qui, à sa sortie en 1977, fut un véritable flop, avant d’être réhabilitée une trentaine d’années plus tard. Avec un RD comme « Research and Development », ce modèle qui évoque une Explorer aux courbes arrondies, embarquait un circuit électronique actif réalisé par Bob Moog
(le Moog des claviers) bien trop complexe, que beaucoup de guitaristes avaient tout simplement bypassé. C’est d'ailleurs un modèle simplifié qu’utilisaient les musiciens de Ghost. Si on se souvient de la version basse utilisée par Krist Novocelic dans Nirvana, les Nameless Gouhls sont en grande partie responsable du retour de cette guitare au premier plan.