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HANGMAN'S CHAIR - Doom gothique

Au fil de ses réalisations, Hangman’s Chair a mis en retrait certaines références issues de son passé doom/sludge pour aujourd’hui faire encore plus la part belle aux ambiances et aux mélodies. En résulte un nouvel album, « A Loner », profond et terriblement prenant.

Par rapport à vos deux derniers albums, on a l’impression que vous êtes allés encore plus loin avec « A Loner », comme pour vous affranchir un peu plus des étiquettes stoner/sludge/doom qui colle à la peau du groupe depuis ses débuts…
Mehdi Thépegnier (batterie) : Lorsque nous avons commencé à mettre en commun les morceaux que nous avions composés chacun de notre côté, Julien et moi, nous avions déjà une idée en tête, celle de passer à autre chose, d’aller encore plus loin en approfondissant de nouvelles textures sonores, d’aller à l’essentiel et d’alléger la trame de nos morceaux, sans pour autant vouloir rendre plus accessible l’ensemble. Je sais comment Julien fonctionne et lui aussi est allé encore plus loin dans la recherche de son son de guitare.
Julien Chanut (guitare)
 :
Durant le confinement, j’ai fait l’acquisition d’une Strymon Bluesky. Vu la période, j’ai eu plus de temps pour pousser les idées que j’avais en tête au niveau des réverbes. D’habitude, je travaillais ce genre d’effet une fois en studio et sur du Fractal. Là, j’ai pu peaufiner mes réglages en amont et nous avons fait des pré-productions qui sonnaient quasiment comme un album. Une fois chez Francis (Caste, producteur et propriétaire du studio Sainte-Marthe, ndlr) pour enregistrer le nouvel album, j’avais mes propres presets déjà bien réglés. Le résultat final, très porté sur les ambiances, est du coup plus assumé qu’auparavant. Il me reste énormément de choses à découvrir avec cette pédale car c’est une vraie usine à gaz. Cette approche nous a permis d'aller encore plus loin que sur « Banlieue Triste » et de finalement mettre plus l’accent sur le songwriting et les mélodies…
MT : Et d’enlever ce côté flatteur des subs que tu peux retrouver dans le sludge ou le doom. Nous voulions vraiment avoir un son brillant pour ce qui est des parties guitare, avec moins de gain.

Moins de gain, c’est exactement ce que Joe Duplantier nous révélé avoir pris comme option lors de l’enregistrement du dernier album de Gojira, « Fortitude » (voir GP326, ndlr)…
JC : Tu gagnes en clarté et en dynamique, sans pour autant perdre de l’agressivité.
MT :
Pousser le gain, c’est un code inhérent au metal pour avoir un gros son. C’est ce que nous avons toujours pensé, mais en explorant un peu la question, tu te rends compte que ce n’est pas forcément la bonne solution.
JC :
J’ai enregistré cet album sur une vieille tête JMP de Marshall, chose que je n’aurais jamais osé faire avant. En studio, j’ai toujours utilisé ma Rivera (modèle première génération de la marque – donc sans reverb et troisième canal – de 100W et équipé de lampes EL34, ndlr) avec un son bien gras. La JMP m’a apporté beaucoup de haut-médiums, le son était mieux défini.
MT :
Nous avons gardé un accordage très bas, encore plus grave qu’avant puisque nous sommes désormais accordés en La, ce qui nous permet de toujours avoir une certaine agressivité, surtout avec le jeu de la main droite, tout en enlevant pas mal de disto. Le son claque beaucoup plus ! Nous avons mis à profit toute cette période de confinement pour essayer plein de choses et trouver le son de « A Loner ».

Avec cette période où les confinements s’enchaînaient, avez-vous dû changer vos habitudes quant au processus de composition ?
MT :
Clairement oui, nous avons dû nous adapter. D’habitude, nous composons à deux, Julien et moi, avec toujours une seconde étape plus organique où le groupe est réuni dans notre local de répétition. Mais ce dernier est resté fermé pendant plus d’un an suite aux mesures de confinement. Heureusement, j’avais déjà commencé à monter mon home-studio et Julien est équipé en MAO, nous avons donc pu échanger ainsi nos idées. Nous avons également travaillé avec la version beta d’un logiciel que Francis a développé, NuCorder, qui permet de répéter à distance.

De répéter à distance sans temps de latence ?
MT :
Exactement, c’est tout le défi de ce logiciel… Et ça fonctionne ! Les musiciens doivent avoir la fibre et une carte son, puis charger le logiciel, ce qui permet de voir les webcams de chacun et d’enregistrer la session. La vidéo est un peu lourde, donc il peut y avoir un petit décalage, mais pour l’audio, c’est nickel, aucune latence. Un vrai gain de temps.
JC :
Cela nous a permis d’échanger les morceaux, comme si nous étions en répétition, et d’avancer assez rapidement. Vu la situation à l’époque, c’était franchement très appréciable.
MT : Dans cette configuration, j’ai utilisé une batterie électronique, ce qui a d’ailleurs influencé mes plans sur l’album. J’ai beaucoup allégé mon jeu pour laisser plus respirer la musique et ainsi mettre en valeur les effets guitare, surtout les réverbes choisies par Julien.

Dans votre quête d’un son encore plus épuré, le fait d’enregistrer à nouveau avec Francis Caste, dans son studio vous a-t-il si ce n’est aidé, du moins rassuré ? JC : Au départ, Francis ne comprenait pas trop où nous voulions aller et il a fallu le convaincre. Pour lui, ça manquait de bas et ça ne ressemblait pas à ce que nous avons pu faire auparavant. Il nous a même dit : « mais les gens ne vont pas vous reconnaître » (rires) !
MT : Francis est quelqu’un qui s’implique à 200% dans un projet, c’est pour ça que nous aimons travailler avec lui. Il n’est pas question qu’un enregistrement sorte du studio Sainte-Marthe s’il n’est pas complètement satisfait. Il est arrangeur, multi-instrumentiste et il sait faire preuve de psychologie pour gérer les égos de chacun. Cela fait six albums que nous bossons ensemble, c’est rassurant car l’épreuve du studio est toujours pour nous un moment assez stressant.

Et vous n’avez jamais douté par rapport aux remarques de Francis ?
JC :
Si, bien sûr, car il insistait tellement… C’est une oreille extérieure, il connait son boulot tout aussi bien que le groupe, mais nous étions tellement contents de nos pré-démos et nous savions comment cela devait sonner au final que nous n’avons pas bougé d’un iota.
MT :
Nos maquettes en amont étaient super bien produites… presque comme un véritable album ! Nous n’avons jamais été aussi bien préparés pour enregistrer un disque. C’est un peu fou de dire ça, mais ce fut un privilège d’avoir ce confinement à ce moment précis dans la vie du groupe (rires). Ça nous a permis de bien réfléchir à la direction musicale vers laquelle nous voulions aller, d’expérimenter, mais sans en rajouter des tonnes, bien au contraire. ! Franchement, ça nous a plu de procéder ainsi, alors qu’on était plutôt du genre à l’ancienne, en enregistrant nos répètes sur une petit magnéto Zoom. En tout cas, c’est une piste pour la suite…
JC :
Il faudra juste trouver le bon équilibre entre cette manière de composer en amont et le fait d’être tous ensemble dans notre local pour faire vivre les morceaux.





Grand amateur d’effets en tout genre, en particulier des réverbes et – surtout – des Chorus qu’il collectionne avec passion, Julien nous présente son boîtier fétiche durant l’élaboration de « A Loner », une Guyatone PS-017… dans son jus.
« C’est une pédale qui fait distorsion et Chorus à la fois. Lorsque nous avons commencé à enregistrer les démos de l’album, j’ai trouvé qu’elle sonnait beaucoup mieux que ma Rat , alors que je faisais mes prises via mon ordinateur, avec la Strymon Bluesky comme simulateur d’ampli. Je l’ai même gardée pour le live ! Par contre, je n’utilise pas le Chorus, je préfère la Boss Dimension C en version Waza Craft (DC-2W). J’aurais bien aimé avoir un modèle des années 80, mais les prix sont complètement dingues. »

© Olivier Ducruix

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