Au premier abord,on reconnait bien sûr la silhouette du modèle d’inspiration. La touche est en jatoba grillé qui présente un fil différent du palissandre habituel, mais dont le contact et les sensations au toucher sont en revanche très proches. Le manche vissé est, quant à, lui en érable (et en trois parties). La filiation avec la Tele s’arrête à peu près là. Le corps est en acajou avec chanfrein stomacal et talon affiné, et l’excellente surprise se trouve du côté de son poids réduit. La guitare résonne plutôt bien avant même d’être branchée. La finition noir satiné est très belle, et le rendu global sobre et élégant, avec un accastillage noir, un chevalet fixe ainsi qu’un micro double surmonté d’un capot en métal brossé un peu vieilli qui s’accorde bien avec l’ensemble tout en offrant une touche de texture supplémentaire. Notons la présence d’un potard de volume de type Push/Pull permettant de couper une des bobines du micro pour récupérer un son plus proche d’un single coil. Le diapason est de 25,5” et les 24 frettes extra jumbo viennent confirmer que la belle est plutôt destinée à des registres musclés. Le profil du manche en Thin U, est un classique chez ESP/LTD. Sa finition satinée permettra des déplacements facilités et des démanchés acrobatiques pour les plus courageux, même si l’on peut s’interroger sur la combinaison inhabituelle peinture noire sur manche vissé. Enfin, la tête propose un design moderne et efficace avec ses six mécaniques en ligne et son angle qui permet de plaquer les cordes et de se passer de cavaliers après le sillet.
Noir metal
En son clair, on sent une certaine raideur et une tendance à vite saturer en position double, tandis qu’en actionnant le Push/Pull, on retrouve des sons plutôt chaleureux. C’est en crunch que les ténèbres arrivent, la dynamique est précise et les nuances de jeu sont fidèlement restituées, le profil de manche et sa finition permettent de jouer sans effort dans un contexte rythmique rock classique, mais on se rend vite compte que la bête demande son dû... Quand s’ouvrent les portes de la saturation, la guitare peut enfin s’exprimer dans son registre de prédilection : rythmiques grasses et précises, harmoniques hurlantes comme des Banshees en maraude. Les solos gorgés de Delay et de Reverb se perdent un peu dans cette sombre épaisseur, mais il suffira de revoir légèrement ses réglages pour tirer le meilleur parti de cet instrument aussi noir qu’une nuit sans lune. Le micro manque légèrement de définition pour coller aux besoins des guitaristes les plus exigeants, mais le chevalet fixe garantit une bonne tenue d’accord tout en permettant un passage en drop facilité. L’ensemble respire la solidité et on apprécie l’identité sonore marquée de ce modèle, combinée à une ergonomie traditionnelle modernisée, qui change des formes acérées et agressives qu’on retrouve le plus souvent sur les guitares orientées metal...
Un seul micro ?
Voilà un choix plutôt austère, voire spartiate, mais qui ne date pas d’hier. On pense bien sûr au regretté Eddie Van Halen, dont l’iconique Frankenstrat était équipée d’un seul micro double au chevalet, mais aussi à la Fender Esquire (1950), version à un seul et unique capteur de la Telecaster. Faire le choix d’un seul micro en position chevalet peut aussi s’avérer bénéfique en termes de tenue de note : une défonce en moins signifie du matériau en plus et augmentera la densité générale au niveau de la jonction corps/manche qui est un point essentiel du rendu sonore global. L’endroit de l’attaque est également important : Eddie Van Halen, lors des solos, attaquait relativement près de la touche obtenant ainsi un son fluide et lié, tout en gardant des aigus présents perçant dans le mix général. La simplicité de cette configuration en fait une arme redoutable pour le guitariste mobilisant toutes ses ressources et son touché !
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