On avait beau avoir déjà découvert trois nouveaux morceaux de Metallica, l’écoute de l’album (de douze titres) dans les bureaux de la maison de disques reste un moment très (voire trop) solennel. Les temps ont changé, les modes d’écoute aussi, mais Metallica bosse à l’ancienne et n’a pas peur d’écrire des morceaux de 6 minutes et plus. Sept ans après « Hardwired…To Self-Destruct » qui achevait de nous réconcilier avec le groupe (« Death Magnetic » avait fait le premier pas, mais qui l’écoute encore ?), James Hetfield et Lars Ulrich ont rempilé avec le producteur Greg Fidelman (Slipknot, Audioslave) pour ce 11e album, « 72 Seasons » faisant référence aux 18 premières années de notre vie. Celles où l’on construit notre moi au rythme des saisons et qui conditionnent notre vie d’adulte. En ouverture, le titre éponyme 72 Seasons frappe fort, évoquant d’emblée le « Black Album ». Un sentiment que l’on aura tout au long de l’écoute (les balades en moins), particulièrement sur les morceaux mid-tempo comme If Darkness Had A Son. James Hetfield chante avec force comme on scande des slogans. Kirk Hammett revient dans le jeu, laissant davantage de place à la mélodie dans ses solos, comme sur Room Of Mirrors, ultra speed, où il donne de la Wah. On regrette juste qu’il ne se lâche pas davantage, comme s’il devait absolument rentrer dans le cadre. Pourtant, Metallica aurait tout à gagner, plutôt que de jouer systématiquement les prolongations sur ses morceaux, exception faite sur le premier single, le thrashy Lux Aeterna. Robert Trujillo laisse davantage s’exprimer sa basse sur le groovy Sleepwalk My Life Away et Too far Gone. À part un ou deux titres un peu moins forts (on n’a pas dit faibles), c’est du très bon Metallica qui s’achève sur Inamorata, un morceau de 11 minutes surprenant avec son break basse-batterie qui laisse flotter un parfum de Mad Season… Malgré son sens de la formule, Metallica arrive encore à nous surprendre et en bien.