D’une grande sobriété, la pochette de « Skeleton Tree » est aussi noire que les pensées qui ont hanté Nick Cave lors du processus de création de ce seizième album avec les Bad Seeds (même si celui-ci avait commencé fin 2014) dont l’enregistrement a tragiquement été marqué par la mort de l’un de ses fils. En juillet 2015, Arthur, alors âgé de 15 ans, tombait accidentellement d’une falaise de Brighton, non loin du domicile familial, après avoir consommé du LSD. Ce drame ne pouvait que planer sur présent disque. « Avec ma voix je t’appelle », ne cesse de répéter le chanteur australien dans un somptueux Jesus Alone en guise d’ouverture, à la beauté abyssale qui s’étire sur plus de 6 minutes avec des vagues incessantes d’émotion. Le ton est donné. Tragique et sombre. Accompagné pour l’occasion de ses fidèles compagnons de jeu, les Bad Seeds, et de l’indispensable lieutenant/chef d’orchestre Warren Elis, Nick Cave se livre avec pudeur (I Need You). Étranges sensations. Lui qui avait pour habitude de se mettre dans la peau d’un autre, sans doute pour se protéger, ouvre ici son cœur, faisant d’un coup voler en éclats l’image de crooner gothique qui lui colle à la peau depuis ses débuts. Le cœur brisé, l’âme dévastée, Nick Cave accouche dans la douleur d’un « Skeleton Tree » lucide et poignant. Tout simplement bouleversant. Olivier Ducruix
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