
Vu la longue gestation de l’album, j’imagine que tu n’as pas fait tout ça avec une seule guitare et un ampli…
Patrick Rondat : Eh bien, à la base, presque tout a été enregistré avec seulement deux guitares. Pourtant, aujourd’hui, j’en ai plein d’autres à disposition, il y en a quelques-unes derrière moi… Mais j’ai vraiment fait l’essentiel avec mes deux modèles Ibanez Custom Shop. J’ai commencé avec ma Custom Shop US, une guitare gris foncé avec une pointe de violet, je ne pourrais même pas te donner le nom exact de la couleur. Elle est équipée de micros DiMarzio PAF 36e anniversaire en aigu et en grave. Puis, pour continuer, j’ai reçu la « bois naturel », une autre Custom Shop, elle aussi montée avec des DiMarzio, mais cette fois avec un PAF Joe en grave et toujours un 36e anniversaire en aigu. C’est un peu différent, un peu plus nuancé selon les morceaux. Côté cordes, je joue en 10-46, des Savarez, soit les Focus, soit les Hexagonal, ça dépend des titres et des moments. J’ai un peu alterné les deux guitares pendant les prises. Pour l’enregistrement, je passais par une boîte de direct Radial J48. J’ai utilisé plusieurs configurations ensuite, mais la base restait très simple.
Après tu repasses l’enregistrement par quel ampli ?
Avec le Radial, je vais directement dans la carte son. J’enregistre le son brut, vraiment ce que j’appelle le « crin-crin », le signal sec qui sort de la guitare. Ensuite je vais dans une tête d’ampli. Au tout début, pour les premières maquettes, j’utilisais une tête en son clair, ma pédale LNA, et un simulateur Palmer. Ensuite, j’ai commencé à travailler avec Blackstar, et là j’ai intégré une petite tête 5 watts, une HT-5R, avec un capteur. Globalement, toute la deuxième phase d’enregistrement s’est faite comme ça : Radial, son brut en direct, plus la HT-5R avec son capteur, le tout rentrant dans la carte son. À chaque prise, que ce soit pour les rythmiques gauche/droite, les solos ou les thèmes, j’avais donc systématiquement deux pistes : une piste ultra clean, le signal sec de la guitare et une piste avec le son passé par la tête et le capteur. C’est avec ce setup que j’ai enregistré toutes les guitares pendant le confinement. L’avantage, c’est que j’avais un son proche de ce que je fais généralement, et on a tout réampé avec une tête Blackstar Series One Mark II 100 watts, qui venait tout juste de sortir, branchée dans un baffle 4x12, avec deux micros SM57. On a donc réinjecté le son « crin-crin » dans la tête. C’est ce qu’on appelle parfois la « méthode Fredman », même si, en réalité, je l’utilisais déjà depuis « An Ephemeral World »… Sans savoir que ça portait un nom ! L’idée, c’est de placer un SM57 droit, en plein centre du haut-parleur, et un autre à 45 degrés, en biais, qui capte plus le côté de la membrane. Ensuite, tu déplaces le couple de micros jusqu’à ce que tu trouves l’équilibre qui te plaît. Si tu restes trop au centre, c’est souvent un peu trop aigu. Donc tu ajustes, tu décales légèrement pour équilibrer graves et aigus. En jouant simplement sur le placement et le dosage entre les deux micros, tu obtiens un son qui est très proche de ce qui sort réellement du baffle. Et je précise : aucune pédale. Zéro. Pas de boost, pas d’égaliseur, pas d’overdrive. Rien. J’ai simplement réinjecté le signal brut dans la tête d’ampli. C’est seulement au mix qu’on a affiné certaines choses : un peu de delay, un poil d’aigus ici ou là. Mais rien d’excessif. Même quand on faisait du reamping, si une rythmique nécessitait un peu moins de gain ou un poil plus de médiums, on ajustait directement sur l’ampli. Tout a été enregistré avec le canal crunch du Blackstar, en activant le switch « super crunch ». Le gain variait entre 4 et 7 selon les titres. C’est donc un son volontairement crunchy.
Il y a aussi un peu d’acoustique sur l’album…
Oui, bien sûr. J’ai joué les parties acoustiques avec mon Ovation Custom Shop, équipée d’un système LR Baggs. C’est elle qu’on entend notamment sur l’intro du morceau avec Gaëlle (Now We’re Home). On a utilisé à la fois le micro interne de la guitare et un micro externe, avec un mix à peu près 50/50 entre les deux. Il y a aussi un son clair sur un titre, mais c’est le Blackstar utilisé en clean. C’est vraiment très basique. Rien d’artificiel ou de compliqué. Après, on ajoute juste un peu de delay, un peu de reverb, mais, globalement, on n’a rien trituré.
Et en live, tu peux reproduire tout ça facilement du coup ?
Oui, justement, comme c’est simplement une tête et un baffle, ce n’est pas très compliqué à reproduire. J’ai juste un delay à rajouter, et je suis très proche du son de l’album. D’ailleurs, j’aurais pu le mettre directement à la prise, mais je préfère avoir un peu plus de souplesse : si tu veux un peu plus de delay à tel moment, ou un peu moins à un autre, tu as cette liberté. Alors que, si tu l’injectes à la prise, c’est figé. Et puis j’ai changé ma manière de faire. Avant, quand j’étais plus jeune (rires), dans le casque pendant les prises, je mettais souvent des effets que je n’enregistrais pas forcément. C’était plutôt pour le confort de jeu. Mais j’ai arrêté totalement. Maintenant, quand je fais les prises, il n’y a aucun effet. J’enregistre « dry », même les parties planantes, parce que je me suis aperçu que je laissais des choses moins bien, parce que c’était un peu flatteur… Et puis, quand je réécoutais sans l’effet et je me disais : « Ah moui, c’est pas terrible. »

À ce propos il y aura des dates en plus du Guitar Night Project (reporté, voir encadré) ?
Je pense faire ma tournée plutôt en début d’année prochaine. On prend un peu de temps, pour laisser l’album se placer et voir comment ça réagit, pour voir s’il y a une vraie demande et puis, en fonction de ça, réfléchir à quelle jauge de salle on peut envisager. Et aussi décider si je fais la tournée seul ou avec un co-billing, comme on avait fait avec Freak Kitchen… Parallèlement à ça, bon, on doit finir la tournée d’une manière ou d’une autre et sortir un live avec le Guitar Night Project. On est en train de le mixer. Et j’ai aussi un projet d’album acoustique, alors que je ne sais pas encore s’il sortira en tant qu’album acoustique ou si ça sera un bonus qu’on mettra avec des rééditions d’anciens albums. Je ne sais pas, je verrai avec Verycords. Mais, dans tous les cas, là, pour l’instant, l’idée c’est d’enregistrer. J’aimerais bien faire cet été cet album acoustique qui sera, en fait, une espèce de long morceau d’une seule pièce en fait, qui fera 40 minutes. Dans mes idées, ce sera un mélange où j’intègrerai des bouts d’anciens morceaux complètement réarrangés, avec de nouvelles parties. Un peu comme j’ai fait d’ailleurs à Montrouge, pour Ovation. C’était un medley qui durait treize minutes avec des passages rajoutés. Et bien ça sera ça, puissance… Euh « puissance plus long » (rires). L’idée c’est ça, c’est de de voyager à travers mon répertoire, mais en même temps avec des parties nouvelles, des. Par exemple, il y a des solos ou les harmonies faites en électrique ne marchent pas en acoustique, on ralentit pour poser des solos plus planants. Et j’ai envie d’avoir ce côté progressif en acoustique aussi, qu’il y ait des atmosphères, de beaux climats, un peu un voyage acoustique..
Article paru dans le numéro 372 de Guitar Part
Hello Patrick, hello tout le monde. La tournée est reportée, mais nous allons avoir le plaisir de retrouver le chemin des concerts dès janvier prochain pour accompagner la sortie de notre album live qui va sortir en fin d’année chez Verycords. Comme beaucoup de gens l’ont appris, je me suis retrouvé dans l’obligation de subir une grosse intervention chirurgicale au niveau du cœur, mais ceci est maintenant derrière moi et je me remets le mieux du monde. En attendant, éclatez-vous avec le somptueux album de Patrick et merci à tous pour vos incroyables messages ! Pat
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