Sans déconner, je ne parle pas pour les quelques 300 « braves » (comme dirait Pat O’ May), mais les autres, vous étiez où, vous faisiez quoi ? Déjà que le Café De La Danse n’est pas vraiment la plus grande salle parisienne, alors qu’une telle affiche aurait largement mérité un gros Zénith, mais ce n’était même pas complet ? On croit rêver ! Il va falloir vous rattraper, je vous le dis. Quand on pense que Fred a failli y laisser sa peau… Alors que les shows du G3 d’origine (Joe Satriani, Steve Vai et Eric Johnson) sont sold-out aux États-Unis, cette réplique à la française n’a rien à lui envier. Bien au contraire, si Patrick ne s’est toujours pas mis au chant (on craint le pire), Pat et Fred sont en plus dotés de voix remarquables. Même ceux qui ne sont pas plus que ça attirés par la guitare instrumentale étaient comblés, notamment avec le I’d Rather Be Alone du bluesman metzois, ou le In this town du shredder breton d’adoption. Fort heureusement, Patrick Rondat, Pat O’May et Fred Chapellier sont les musiciens les plus humbles et sympathiques du monde et ils se sont donnés comme devant un stade plein, après une tonique mise en bouche assurée par Mat Ninat, dans un registre pur blues rock à l’ancienne.
On avait eu une frayeur, avec l’accident cardiaque de Fred Chapelier lors des répétitions d’échauffement à l’Empreinte de Savigny-Le-Temple début septembre (le concert prévu le 19 a été reporté au 17 novembre), mais ce dernier affichait une forme olympique et, à l’instar de Patrick et Pat, jouait avec un large sourire plutôt qu’avec ces grimaces de souffrance que nombre de guitaristes arborent en jouant leurs solos, même les plus basiques. La soirée avait toutefois débuté sur le répertoire de Rondat, avec un Mindscape joué à six mains, suivi d’un Backhand à quatre (avec Pat), un Vivaldi Tribute à deux (le musicien sans ses complices), et enfin un merveilleux Nuages de Django Reinhardt de nouveau à quatre (cette fois avec Fred). Le relai est passé à Pat, même s’il débute par son hommage à Alan Stivell, un Alan The Brave, en compagnie de Rondat. Les deux titres suivants lui permettent de passer au micro, où il assure au moins aussi bien que sur son manche. C’est également avec un titre chanté que Fred revient pour un groovy I’d Rather Be Alone ou un émouvant A Silent Room… Las, la salle a un couvre-feu strict et les trois musiciens sont priés de conclure. Sans quoi ils auraient probablement continué jusqu’au petit matin. Tout le but de ce Guitar Night Project étant de réunir des guitaristes de différents horizons musicaux au nom de la paix et de l’harmonie, là où le G3 joue plus sur une certaine rivalité amicale, quoi de mieux qu’un hommage au vénéré Gary Moore pour mettre tout le monde d’accord, sur scène comme dans le public ? Après le Gary’s Gone de Fred, c’est sur une mémorable reprise de l’Irlandais, Over The Hills And Far Away, que se clôt cette fête de la guitare qui s’est terminée beaucoup trop tôt si vous voulez mon avis.