Un design plutôt inédit pour des guitares accessibles, mais dont le fabricant a poussé l’électronique au-delà des simples choix classiques. Avec les Silveray, la marque Stagg ne se contente plus de copier, elle innove. Il faut parfois prendre des risques.
Stagg s’est fait un nom auprès des 6-cordistes dans la catégorie entrée de gamme, en développant un catalogue basé sur des copies fabriquées en Asie. Mais 2018 est l’année du changement pour la marque belge ! Sa série Silveray propose en effet un design plutôt inédit pour ses 3 modèles distincts, affichant chacun une électronique différente et un double niveau de finitions. Nous avons choisi de tester les 3 modèles standard, la Silveray Nash, la Silveray Custom et la Silveray Special. Des guitares innovantes situées sous la barre des 260 euros : avouez que ça intrigue ! L’élément commun à toutes les Silveray, c’est la silhouette. Et dans ce domaine qui relève purement du design, Stagg a réussi son coup. Bien sûr, l’inspiration
« Les Paul » est évidente. Mais on retrouve juste ce
qu’il faut de plus droit ou d’anguleux pour moderniser l’ensemble sans faute de goût. C’est bien pensé. On note l’absence de chanfrein ou de découpe ergonomique, mais la faible épaisseur du corps permet de garder l’instrument contre soi sans ressentir de gêne. Mécaniques à bain d’huile pour tous, ainsi que manches identiques. La touche est réalisée en Blackwood (a priori dans la même veine que celle utilisée par LTD,
un composite fait à partir de pin, utilisé pour remplacer le palissandre). Les 3 guitares que nous testons ont un manche vissé relativement large, c’en est même déstabilisant lors des premières notes jouées sur les cases les plus aiguës. Enfin, on peut l’avoir en toutes
les couleurs, pourvu qu’elles soient noires ! Le vernis assez épais est posé proprement sans coulure. Restent les chevalets et l’électronique, qui différencient chaque Silveray.
STAGG SILVERAY NASH (209€)
Avec un chevalet à vibrato classique d'inspiration Strat (trop raide pour oser appuyer vivement sur la barre) et un trio de micros simples, on est bien dans l’esprit de la plus célèbre Fender au monde, même si les micros sont de type P90, pour un côté plus gibsonnien dans le rendu. Pas moins de 7 sons sont disponibles au total, grâce à un petit toggle switch
qui oscille entre les positions de micros classiques et celles avec le modèle manche toujours enclenché, ce qui donne accès à des combinaisons comme les 3 micros ensemble, ou celle avec le modèle manche et le modèle chevalet, sans le central. Dans l’ensemble, c’est clair et bien défini, et un joli rendu quand on utilise à la fois les micros manche et chevalet. En revanche, on n’a pas assez entendu de différence entre le manche et le central, et trouvé que la combinaison des 3 micros écrasait la dynamique et produisait un léger pompage sonore pas toujours agréable. À l’aise avec les sons clairs, honnête avec ceux plus crunchy mais sans plus, cette Nash un peu fade à l’arrivée et pas toujours facile à piloter avec ses nombreuses positions de micros à retenir. Parfois, trop de choix tue le choix.
STAGG SILVERAY CUSTOM (239€)
Le chevalet et la position penchée de son micro aigu ne trompent pas : c’est dans le monde de la Telecaster qu’évolue cette Custom, avec un petit supplément poilu grâce à la présence d’un humbucker au manche, comme sur certains modèles SH. Un sélecteur micro à 5 positions offre, en plus des 3 positions standard, la possibilité de jouer avec les 2 micros en série, ou d’utiliser le micro manche avec un tone cap (un condensateur qui joue le rôle de filtre, surtout sur les aigus et les hauts-médiums). Il faut juste ne pas se planter avec le sélecteur, en partant du principe que les 2 sons en plus sont sur les positons hautes. Donc, le
switch tout en haut, ce n’est pas le micro
manche seul, mais les 2 micros en
série. Pas facile à accepter, mais assez
rapide à retenir. On n’obtient pas le
twang de la Tele, mais quelque chose se
passe malgré tout. Ça claque bien avec
un peu de compression et une Springverb. Si on oubliera vite le manche avec tone cap, les 2 micros en parallèle font très bien leur boulot en son saturé grâce à une jolie précision et
un ensemble pas écrasé. Puis, vient le son avec les micros en série. Et là, c’est bien gros, ça écrase comme il faut. Un bien bel équilibre vintage/moderne, en garage comme en blues et en rock. C’est bien mieux qu’avec la Nash.
STAGG SILVERAY SPECIAL (259€)
Il faut croire que les performances de cette série s’améliorent avec le tarif qui augmente (légèrement). Avec ce modèle Special, on entre clairement dans l’univers de la Les Paul (en dehors de la partie réglages qui emprunte aussi son esthétique à la Telecaster). Petit plus côté look, le micro manche est recouvert d’un capot de type Gold Foil, pour un aspect encore plus vintage. Retour du petit toggle switch sur cette version, pour justement splitter ce joli micro doré. Dernière différence, pour une vibration plus Gibson, le corps est en acajou massif, alors que celui des 2 guitares précédentes était en aulne massif (ce qui est cohérent avec l’esprit Fender développé par ces dernières). Mais on ne sent pas de réelle différence côté poids, car le corps reste fin et léger à l’arrivée. C’est donc agréable. Et surtout, ça sonne. C’est rock, c’est puissant, c’est large et c’est punchy. Un vrai côté rock gras facile à obtenir avec une pédale d’Overdrive, de Fuzz, ou une saturation. Et en jouant avec le volume et le micro manche splitté en simple, on peut aussi être à l’aise en jazz. La guitare la plus chaleureuse et la mieux réussie de la bande. Guillaume Ley
Caractéristiques
Des guitares Deluxe Si les versions standard pêchent un peu dans leur présentation, Stagg a aussi prévu les éditions Deluxe, avec manche collé et table en érable flammé. Certes
les coloris sont au nombre de un par version (Shading Sunburst pour la Nash, Shading Red pour la Custom, et Shading Black pour la Special), mais les guitares ont déjà une tout autre allure. Le reste de l’équipement est identique et les tarifs se situent en moyenne 120 euros au-dessus des prix des modèles standard, ce qui en fait de très belles guitares situées entre 330 et 390 euros. Un bon compromis.
Stagg Silveray Special Deluxe