Familière et singulière à la fois, cette Silveray 533 donne la mesure de l’ambition de la marque Stagg, déterminée à trouver sa place sur l’échiquier de la guitare...
Au cours de la dernière décennie, la production mondiale de guitares de grande série a fait des bonds de géants en termes de qualité. Pour quelques centaines d’euros, on peut en toute confiance acquérir un instrument « zéro défaut », et qui saura sans dommage faire face aux épreuves du temps. Il faut dire que la production asiatique, qu’elle soit chinoise, indonésienne ou vietnamienne, possède aujourd’hui un vrai savoir-faire, désormais bien établi et pérenne. C’est pleinement dans cette dynamique que s’inscrit la Stagg Silveray 533. Dans le créneau de la «guitare pour tous » à prix entrée et milieu de gammes, la concurrence est donc acharnée et les fabricants se livrent une féroce bataille. Le budget reste raisonnable (moins de 500 euros) eu égard aux grandes qualités du modèle...
C’est creux !
Plutôt que proposer une énième copie d’un modèle de référence inscrit dans l’histoire de l’instrument, Stagg a choisi un entre-deux, entre hommage et création. Certes, la marque ne révolutionne pas le genre et l’inspiration reste marquée par quelques fondamentaux bien établis, mais tout cela est intelligemment (re)travaillé, avec à-propos, pour finalement nous donner à jouer une chouette guitare dotée d’une vraie personnalité. La 533 (vous noterez au passage le clin d’œil à qui vous savez en inversant les chiffres !) est en effet élaborée à partir d’une caisse creusée en acajou. C’est du massif, mais, singulièrement allégé par l’aspect « caisse » et non pas « corps », le poids est fort attrayant. L’équilibre de l’ensemble donne à pratiquer un instrument qui ne penche pas sous l’effet d’un manche plus lourd que la caisse, voilà donc une bonne ergonomie de jeu, grâce également à la taille de l’instrument, légèrement sous les standards habituels.
Une vraie sonothèque mobile
Avec un profil qui lui permet de parfaitement tomber dans la main, le manche s’aborde en toute quiétude, très naturellement, sans modifier ses habitudes de prise en main. Si le placement du pouce sur la tranche de la touche est grandement favorisé, il est tout à fait possible d’adopter une position nettement plus classique, ou de shredder même, avec un pouce bien en appui au dos du manche. Dans tous les cas, ça joue facile, et l’attention est portée à 100 % sur l’interprétation. L’équipement présente une large polyvalence sonore. Les humbuckers peuvent en effet être basculés individuellement en simples bobinages, l’ensemble des combinaisons ouvrant la voie à huit sonorités différentes. Autant dire qu’il y a de quoi s’amuser, surtout si on sait manier efficacement les potards de volume et de tonalité, également individualisé à chaque micro, pour doper son potentiel sonore de base. Tour à tour jazzy, rockeuse, bluesy, la 533 se fond dans tous les styles avec une rare aisance. Le niveau de sortie ne manque pas de dynamisme, pour le plus grand bonheur du canal saturé de nos amplis, mais cela n’empêche pas d’avoir des grains de type vintage en modulant finement volumes et tonalités. À ce tarif, l’expérience de la Silveray 533 (également proposée en finition Transparent Cherry Red, un coloris qui lui va tout aussi bien) est totalement séduisante !
Caractéristiques
Stagg, la longue histoire
La marque est connue de tous. Elle est en effet présente depuis près de 30 ans dans tous les magasins ou presque, du plus petit accessoire jusqu’aux gammes complètes d’instruments. Stagg est la marque distributeur de la maison EMD, mastodonte mondial dans le domaine de l’équipement musical et sonore (mais pas que). Mais ce qu’on sait moins, c’est que Stagg fut au préalable, dans les années 70, une marque japonaise de guitares, éphémère comme beaucoup d’autres, visant à l’époque à renverser l’hégémonie américaine. La société produisait alors une gamme assez large de modèles, copies et originaux, de bonne qualité. La marque périclite à l’aube des années 80. En 1995, Leonardo Baldocci, le fondateur et président du groupe mondial de distribution de musique belge EMD Music, rachète le nom, relance et élargit considérablement l’offre griffée Stagg qui devient « la » marque d’EMD. L’histoire connaît un nouveau tournant il y a quelques mois (test réalisé dans le GPn°350, juin 2023, ndlr), les nouveaux dirigeants d’EMD décidant en effet une réorientation de Stagg. Pour ce faire, ils s’entourent d’une équipe de luthiers et créateurs maison pour élaborer un nouveau cahier des charges et relancer la production de guitares originales. C’est la renaissance de Stagg en tant que créateur de guitare !
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