Après les amplis, Supro continue sa politique de réédition en s’attaquant cette fois à son catalogue de guitares. Un vrai voyage dans le temps, pour des guitares décalées.
Depuis son rachat par Dave Koltai (Pigtronix), la marque a brillamment réussi son retour sur le devant de la scène, grâce à ses amplis, basés sur des modèles mythiques comme le Black Magick (reissue d’un combo utilisé par Jimmy Page). Cela fait maintenant 2 ans que les premiers prototypes de guitares ont fait leur apparition et leur arrivée sur le marché nous a fait de l’œil. Nous nous sommes penchés sur une paire de modèles : la Coronado II issue de la série Americana, et la 2030 TS Hampton tirée de la ligne Island, des guitares aux différences affirmées.
Brisez la glass La Coronado II est une guitare qui respecte l’héritage d’époque, en s’approchant au plus près de l’esprit des modèles de type Res-O-Glas fabriqués par l’usine Valco (qui produisait pour Supro, National, Dobro...). Voilà pourquoi on retrouve une table en composite (ici nommé Acousti-glass), sur une guitare plutôt épaisse, au corps en partie creusé, avec un manche relativement plat, dont le vernis accroche un peu la main. L’intérêt de ce modèle est censé être le vibrato. Sauf que ce dernier est plutôt mal conçu. Aucun espace pour saisir la barre à pleines mains, à moins de se déchirer les ongles et
le dessus des doigts sur les cordes. Un gros défaut qui aurait tendance à nous orienter vers la version avec chevalet fixe. Dommage, car pour le reste, c’est plutôt sympa. Malgré leur format humbucker, il s'agit là de micros simples. Des vrais amis de
la Fuzz, qui sonnent quelque part entre le single coil et le P-90. C’est chaleureux et, aidé par les cavités
du corps, ils offrent un petit côté hollowbody dans le rendu sonore,
qui rendrait la guitare presque gibsonienne. Malgré l’épaisseur du corps, l’accès aux aigus est bien pensé, ce qui permet de jouer facilement sur toute la longueur du manche. L’équilibre entre les 2 micros est réussi (pas de variation de niveau notable), et chaque accord laisse résonner toutes les cordes sans faire de jalouse. C’est à la fois vintage, assez classique (donc rassurant), et original, surtout pour le look de l’instrument.
L’île mystérieuse La série Island dont est tirée la Hampton est plus à cheval sur 2 idées : évoquer une certaine époque et proposer quelques attributs modernes. La silhouette s’inspire de la Supro Ozark des années 60. Le corps est beaucoup plus fin et compact que celui de la Coronado II. Pourtant la guitare est plus lourde (à peine 70 grammes de plus, mais quand même). C’est une vrai solidbody en aulne. Côté micros, les 3 petits simples Gold Foil (qui ont de la gueule), sont plus aigus et serrés qu’un vrai simple au rendu un peu plus rond. On se retrouve quelque part entre le claquant d’une Telecaster et
le côté un peu plus pincé de certaines Danelectro. Excellent pour les riffs rock‘n’roll, tout en conservant une bonne définition. Ce qui est vraiment agréable, c’est le manche, satiné, qui offre une glisse et un confort bien plus sympas que sur les autres modèles de la marque. Plus petit et plus épais que celui de la Coronado II, il reste très agréable à jouer. Certes les réglages sont moins nombreux (1 volume et 1 tonalité, contre 2 de chaque sur la Coronado II), mais les nombreuses positions proposées par le sélecteur micro permettent de jouer dans plusieurs registres sans chercher ses réglages bien longtemps.
Au final, 2 identités plutôt fortes et décalées. Supro ne plaira pas à tout le monde, mais c’est justement
ce qui fait son originalité. Guillaume Ley
Caractéristiques
CORONADO II
ISLAND 2030 TS HAMPTON