Le nouveau barrage de Taylor est mis sur le grill dans cet essai réalisé à l’aveugle par notre testeur, lequel ignorait la présence de cette innovation sur un modèle K14ce Builder’s Edition.
« J’ai une guitare pour toi, mais je veux t’en dire le moins possible. Cela te dit ? » Voici comment cette guitare m’a été confiée. Un test à l’aveugle... enfin, entendons-nous : les yeux et les oreilles grand ouverts quand même. Elle a donc été jouée sans ne rien soupçonner du concept que Taylor vient de révéler. Un secret bien gardé (dont je n’ai pris connaissance qu’après la rédaction de mon essai), au service d’une belle réussite qu’est cette superbe Grand Auditorium Builder’s Edition. Cette nouvelle version de la Taylor Grand Auditorium ne laisse pas insensible. La caisse est élégante et bien proportionnée, avec des contours d’éclisses biseautés. Sans les arêtes saillantes habituelles, elle prend
quasiment l’aspect d’une coque
unifiée. Ensuite, la marqueterie,
bien que très fournie, ne verse
pas dans la surcharge. Enfin, des
essences de bois visiblement sans compromis de qualité avec une très belle table en épicéa et des éclisses/fond en koa ondé sombre mais lumineux. L’électronique est simple d’utilisation avec un égaliseur à 2 bandes et un volume – sans boîtier apparent – et une sortie jack sur l’éclisse.
Une excellente définition sonore La prise en main est extrêmement facile, avec un manche peu épais. De plus, le jeu de cordes proposé garantit un compromis très confortable, entre souplesse et résistance au pincement. L’aisance vient aussi du rendement acoustique de l’instrument qui, malgré une projection contenue (c’est-à-dire que la guitare n’est pas explosive, ce qui la rendrait incontrôlable), offre
une compression des attaques facile à appréhender au cours du jeu. Il est possible de jouer en finger picking comme au médiator sans avoir à préférer l’une ou l’autre des techniques pour se sentir à l’aise. L’écoute est très claire, avec une très bonne définition des notes sur tout le manche, même dans la tessiture haute de la guitare. Les propriétés d’homogénéité de timbre entre les cordes et entre les registres sont étonnantes, ce qui peut plaire ou non, selon les goûts de chacun. Néanmoins, la clarté polyphonique, l’absence de dureté dans la sonorité des accords et la décroissance non heurtée des notes semblent aller dans le sens de l’identité sonore reconnue aux instruments de la firme Taylor. Ici, les basses sont particulièrement ouvertes
et peu enveloppantes, ce qui donne une grande lisibilité aux phrasés sur les cordes filées. Le système d’amplification n’apporte pas la nasalité habituelle du capteur piézo électrique. Elle offre une bonne balance des paires de cordes et une couleur d’ensemble qui ne trahit pas les propriétés acoustiques de l’instrument. La réserve de puissance est importante, la résistance au larsen plutôt bien calibrée. L’égaliseur (graves et aigus) est vraiment performant dans sa fonction de correction fréquentielle et de changement de la coloration du
son global de la guitare. Il devrait permettre à lui-seul de s’adapter convenablement à tout type de système de sonorisation, même sommaire. Puis, ce n’est qu’à ce stade de l’écriture que j’ai lu les spécifications de ce modèle Taylor... Benoît Navarret
Caractéristiques
Test paru dans le Guitar Part n°287