On émule bien des amplis et des guitares électriques de tous poils, alors pourquoi pas de l’acoustique. Fender se lance dans l'aventure avec un concept novateur et réussit son coup d’emblée.
Dans le Guitar Part n°302, vous avez pu découvrir notre dossier traitant de la petite révolution en marche dans le monde de la guitare électro-acoustique. D’un côté, on trouve des guitares acoustiques « augmentées » (Lâg HyVibe, Yamaha TransAcoustic), et de l’autre une curiosité hybride, l’Acoustasonic Telecaster de Fender. Si sur le plan esthétique, le concept semble déjà-vu (un corps acoustique avec un micro magnétique sur la caisse), on est loin de ce cliché. En effet, cette petite Tele hors normes cache bien des surprises. Quelle légèreté, quel toucher agréable que celui du bois quasi brut (avec une très jolie finition open pore satinée)... mais quel dommage de couronner le tout avec des potards en plastique si bon marché pour une guitare de ce prix. Mais c’est bien là son seul défaut. Dès la première prise en main, la guitare sonne très bien débranchée et se joue très facilement. Et grâce au système breveté SIRS (Stringed Instrument Resonance System) développé par la marque, on bénéficie d’une sacrée projection pour un corps aussi fin et une rosace aussi discrète.
Phase 1 : émulation(s) Parce qu’elle porte malgré tout le nom de Telecaster, c’est d’abord dans un ampli pour guitare électrique qu’on a choisi de la brancher. Avec un micro magnétique noiseless à bord, un capteur piézo Fishman sous le chevalet, et un système Fishman Acoustasonic Enhancer à l’intérieur du corps, il semble évident que le sélecteur à 5 positions propose des combinaisons peu conventionnelles (voir encadré plus bas). Il s’agit en grande majorité d’émulations de différentes guitares acoustiques de divers formats (Dreadnought, Auditorium) et diverses essences. Le potard de volume n’est plus à présenter, mais celui de tonalité est remplacé par un Blend qui permet de gérer la balance entre deux guitares A et B, proposées à chacune des cinq positions du sélecteur. Et dans l’ensemble, c’est crédible. On apprécie particulièrement la position dreadnought lorgnant vers un couple sitka/palissandre, plein de graves et de rondeur. D’autres émulations s’en sortent très bien, mais on reste un peu sur sa faim, comme si l’ampli ne restituait pas tout le potentiel de la guitare. En position micro magnétique, c’est propre, précis, sans le twang de la Tele, mais avec tout ce qu’il faut pour riffer, ajouter de l’Overdrive et faire le boulot. On l’a ensuite branchée dans un ampli pour guitare électro-acoustique...
Phase 2 : expérimentation(s) Tout de suite, les sons acoustiques émulés deviennent beaucoup plus réalistes. Et c’est encore plus surprenant au casque ou branché directement dans une interface numérique. Voilà l’intérêt premier de cette guitare : avoir sous la main un véritable couteau suisse pour tout faire sans changer d’instrument. Très pratique en live pour éviter de jongler entre les instruments et voyager léger en tournée. Mais cet instrument offre aussi une facette plus expérimentale. Émuler, c’est bien, mélanger, c’est mieux. En effet, cette Acoustasonic permet des mixer des émulations acoustiques avec le micro magnétique ou le capteur interne, avec un côté bidouilleur grisant lorsqu’on repasse sur un ampli électrique, avec Reverb et tutti quanti, pour notre plus grand plaisir. Confortable, innovante, c’est finalement de son prix que dépendra son succès (ou non). On en viendrait presque à espérer une version mexicaine financièrement plus accessible... Guillaume Ley
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