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THE LEGENDARY TIGERMAN - Le marginal

Arrivé aux limites de la formule one-man-band qui a fait la renommée du Legendary Tigerman, Paulo Furtado rebat les cartes avec un groupe au complet et un album, « Misfit », enregistré dans le désert californien. Propos recueillis par Flavien Giraud – Photo : © Flavien Giraud

« Misfit » marque à l’évidence une nouvelle mue pour Tigerman...
 Paulo Furtado : Je crois que d’une certaine manière, j’en avais assez du one-man-band. Avec « True » (2014), j’ai poussé le truc le plus loin possible dans cette volonté de toujours enregistrer en one-man-band, j’ai passé trop de temps sur des aspects techniques au lieu de travailler sur l’artistique, composer... Et d’un autre côté, c’était très naturel, j’ai commencé à jouer avec Paulo (Sagadães. Ndr) à la batterie, pour quelques chansons qui s’y prêtaient dans le set, puis au milieu de la dernière tournée, João (Cabrita. Ndr) a joué du saxo pour quelques concerts – il avait fait les arrangements de cuivres sur « True ». Il a été de plus en plus présent et un langage s’est développé entre nous 3, un truc spécial. Donc j’ai composé cet album pour le trio et c’est désormais un quatuor, pour reproduire les parties de basse que nous avions jouées sur le disque.

« Misfit » est accompagné d’un film, comment ce projet a-t-il vu le jour ?
 Je ne voulais pas commencer un nouvel album de manière habituelle en compilant des chansons plus ou moins anciennes. J’avais besoin de réinventer ma façon de faire. Je voulais me laisser influencer par les States et faire un disque sur la route ; et commencer par travailler sur la partie visuelle, avant même la musique. J’ai construit tout ça autour de cette idée d’un personnage, Misfit, qui va aux États-Unis, dans une quête philosophique, et qui reflète l’époque que nous vivons, avec cette surabondance d’informations qui nous entoure. Aujourd’hui, quand les gens meurent, ils disparaissent physiquement, mais une existence numérique subsiste, qui parfois continue de t’atteindre. Je voulais mettre tout ça dans un film. Ça a été très inspirant de canaliser la créativité sur une quinzaine de jours, ça m’a aidé à entrer dans la tête de ce personnage. J’essayais d’écrire tous les soirs, d’une manière plus simple et spontanée, avec juste une guitare.

Tu interprètes ce personnage dans le film, quelle part de toi as-tu insufflée dedans ? Je crois que c’est parfois plus facile d’être soi-même en portant un masque. Et plus facile de parler de certains sujets ou d’utiliser sa propre expérience au sein d’une fiction... Mais pour répondre simplement, je pense qu’il y a beaucoup de moi, bien sûr...

C’est un esprit torturé... Oui... Je suppose que je suis un peu torturé moi aussi !

Le sexe, le corps et la nudité ont toujours été présents depuis les débuts de Tigerman... Je crois que c’est là-aussi une histoire de masque : Tigerman est un premier masque et Misfit en est probablement un second. La nudité a quelque chose de très puissant. C’est quelque chose que j’explore et peut-être que je force parfois la situation, pour essayer de trouver mes limites. Je pense que c’est un questionnement artistique valable. Dès le premier album, j’avais fait Naked Blues et un petit film en Super8... Ça a sans doute toujours été là, mais ça a pris une plus grande dimension. J’essaye d’être aussi honnête que possible vis-à-vis du sens de la chanson et dans la manière dont je m’y identifie. Au bout du compte, ce projet ne s’est jamais cantonné à de la simple musique. C’est un médium pour explorer la photo,
 le cinéma, et mélanger tout ça.

Faire cet enregistrement au Rancho De La Luna de Dave Catching (Queens Of The Stone Age, Eagles Of Death Metal) dans le désert de Joshua Tree s’inscrivait-il dans cette aventure américaine ? Oui, j’ai visité le studio pendant qu’on tournait le film et j’ai vraiment aimé l’ambiance et l’atmosphère. J’ai amené des guitares et mon pedalboard, mais j’ai aussi utilisé beaucoup de pédales de Dave et du matos qu’il avait sur place. Je voulais me laisser surprendre. On a beaucoup répété en amont pour monter les morceaux, mais ils ont pris leur forme finale au Rancho... Dès le départ, je voulais aussi travailler avec Johnny Hostile pour la production et le mixage : j’avais fait quelques concerts avec John & Jehn il y a quelques années, on était resté en contact, et j’ai beaucoup aimé ce qu’il a fait avec Savages. Son mix final a défini le son de l’album. Ça a vraiment fonctionné d’aller dans un studio old-school, et ensuite avoir quelqu’un d’extérieur qui ne soit pas impliqué dans les enregistrements. Ça lui a donné la distance nécessaire vis-à-vis du disque.







One man Paulo explique que malgré cette nouvelle formule en groupe, son one-man-band n’a pas totalement disparu : « Jouer la basse au pouce en permanence sur la corde de Mi grave en gardant le rythme, ça définit vraiment mon son et mon jeu de guitare, ça fait partie de mon langage. Et la batterie, le saxo et tous les arrangements se sont montés autour. Même la manière dont on a placé la basse vient doubler ce que je faisais à la guitare. » De même que sa méthode à plusieurs amplis : « Je me branchais généralement dans quatre amplis plus une sortie en direct, avec un ampli basse et 3 amplis guitare avec différents effets, un des amplis recevant toujours un mix du POG et de la nouvelle Mel9 d’Electro-Harmonix avec les sons de cordes et de mellotron. C’est avec cette combinaison de tous ces sons que commence le mur du sonet c’est la partie one-man-band qui subsiste. »

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21/4/2018
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