Power trio londonien officiant dans les années 80, The Opposition vient de rééditer ses 3 premiers albums, en attendant de livrer un nouvel opus, « Somewhere In Between », prévu pour mai 2018, de repartir en tournée et de proposer le reste de sa riche discographie un peu plus tard, également remasterisée pour l’occasion.
Entre 1981 et 1994, The Opposition enregistre 6 albums aussi classieux que brillants. À l’époque, le public français ne se trompe pas et adopte les Britanniques, assurément séduit par les sombres et profondes mélodies du trio, et par ce mélange aérien de new wave et de reggae blanc. Si l’on pense parfois à The Cure et à The Police, The Opposition n’aura hélas pas la même reconnaissance que les formations précitées, la faute à d’incessants changements de maison de disques et autres labels et par conséquence, à un manque chronique de stabilité. Dommage, car quand un groupe pond des joyaux tels que Breaking The Silence, My Room Is White, I Dream In Color ou encore Five Minutes, on se dit qu’il aurait sans nul doute mérité (beaucoup) mieux.
Nouveau départ Après l'enregistrement du dernier album « War Begins At Home » (1994), le combo londonien se sépare et perd son fabuleux bassiste, Marcus Bell, emporté le 9 décembre 2014 par une longue maladie. Mais tel le Phénix, The Opposition renaît de ses cendres avec l’arrivée d’un nouveau bassiste. Et 2018 risque d’être une belle année pour Mark Long, le talentueux chanteur/guitariste, et ses compères avec ces nombreuses rééditions (les 3 premiers disques sont disponibles depuis le 19 janvier 2018, les 3 autres sont prévus pour fin 2018). Un bon moyen de réviser ses classiques et de se rendre compte de l’importance du groupe dans le mouvement new wave de l’époque. Quant au nouvel album, « Somewhere In Between », réalisé avec le fidèle Kenny Jones aux manettes (le producteur des premiers disques), sa sortie est prévue pour mai 2018, une tournée se profilant également pour défendre l’objet, avec sans nul doute de nombreuses dates en France, véritable terre d’accueil pour les Anglais et ce, depuis le début de l'aventure. Photo : © Sacha Lehrfreund
Breaking The Silence (1981) – Réédition disponible en vinyle 180g Des années punk, The Opposition a gardé cette envie de ne pas céder à la tentation et un certain goût pour le DYI. Malgré les contrats proposés par quelques majors, le trio préfère monter son propre label et, avec l’aide précieuse de Kenny Jones, finance et enregistre un premier opus sombre et prenant. Jeune journaliste au mensuel BEST, Gérard Bar-David écrira à cette époque : « C’est aussi harmonieux qu’envoûtant, comme ces cartes postales en noir et blanc qu’ils projettent dans notre tête. The Opposition a la pureté d’un paysage de haute montagne, sous les rafales de neige, un paysage essentiellement pur. »
Intimacy (1982) – Réédition disponible en vinyle 180g et en CD « Le premier album était naïf et innocent, « Intimacy » est bien plus agressif », explique Mark Long, le frontman du groupe. « Bien sûr, pas au premier degré: il n’y a pas plus de bruits ou d’éjaculation de watts, mais cette fois, il y a encore plus de hargne, toutes ces frustrations que nous osons enfin exhiber. » Comme son prédécesseur, le disque (autoproduit) est bien accueilli en France, beaucoup moins en Angleterre, la faute à un changement de distributeur. Dommage pour la Perfide Albion, tant mieux pour l’Hexagone qui voit débarquer les 3 membres avec leurs valises.
Promises (1984) – Réédition disponible en vinyle 180g Si ce disque s’inscrit dans la continuité quant au son, il se révèle moins introverti que « Intimacy », autrement dit plus ouvert vers l’extérieur. La musique de The Opposition est toujours aussi aérienne, mais fait preuve un aplomb certain, les nombreuses tournées n’étant assurément pas étrangère au résultat final. Elle reste cependant difficilement classifiable, mais si The Cure, Simple Minds ou U2 peuvent être cités pour rassurer l’auditeur lambda. « Quelqu’un nous a demandé si The Opposition c’était du Rock. Que répondre, sinon oui ? », commente le chanteur. À défaut d’une meilleure définition, on se contentera de la réponse de Mark Long.