Découvrez notre appli

Nos abonnements

Découvrez nos playlists

30 guitaristes d’exception

Qui sommes-nous pour faire une sélection de 30 des meilleurs guitaristes de tous les temps, et selon quels critères juger ? Si les portées ont besoin d’une métrique pour donner la cadence, rien ne vient régler les émotions que l’on ressent en écoutant un musicien exprimer toute sa passion dans un morceau. Sur ce postulat de départ, nous avons fait une première sélection qui nous sera certainement utile lorsqu’on fêtera nos 120 ans. Mais, pour l’instant, nous n’en sommes qu’à 30, il a fallu faire des coupes franches. On croirait une playlist sur une plateforme de streaming… Les plus fins mélomanes repéreront assez vite que nous avons une certaine inclination pour le rock progressif et pour le metal au sens large lorsqu’il emprunte à cette musique savante. On ne rechigne pas non plus à remonter le temps et se rappeler nos années grunge et fusion avec ce que ça nous a apporté comme musiciens expérimentaux. Nous n’avons évidemment pas contourné les grandes légendes de la 6 cordes et si certains manquent à l’appel, ils hantent nos textes, d’une manière ou d’une autre. Il y aura des absents, et parmi eux, certainement votre guitariste favori. Pas de quoi en prendre la mouche, il faudra nous lire encore 30 ans pour les voir apparaitre dans notre prochaine liste. De notre côté, on pense fort à ceux qui ont marqué un genre musical et qui n’ont pas été retenus comme Jonny Greenwood, John Petrucci, Vernon Reid, John McLaughlin, Robert Smith, Prince, pour ne citer qu’eux. Nous avons encore tellement d’influence, tellement envie de partager notre passion pour la guitare…

01 - George Harrison

On n’a jamais considéré George Harrison comme un guitar-hero, alors que s’il y en a bien un qui mérite ce titre, c’est lui ! Ne serait-ce que pour la façon dont il a su ajouter son grain de sel déterminant à l’intégralité du répertoire des Beatles, reprises inclues. Et même dans sa carrière solo, son jeu, notamment à la slide, reste inégalable.

© DR

Pour essayer d’expliquer, exercice vain s’il en est, le génie des Beatles, c’est à la loupe qu’il faut étudier les moindres détails. Et les plus grands spécialistes ont rempli et rempliront encore des livres entiers. Il en va de même pour son plus qu’indispensable guitariste « soliste », enfin présenté comme tel en général, John Lennon étant censé être le guitariste rythmique. C’est en effet avec la plus grande attention qu’il faut étudier la moindre de ses interventions. Et, quand bien même, tous ceux qui s’aventurent à reprendre les Beatles ou Harrison en solo savent bien qu’il manque toujours un « petit quelque chose », principalement du côté de ses parties de guitare. Ce n’est pas pour rien que Bob Dylan était admiratif de son jeu et de ses étranges suites d’accords souvent inhabituels. Tout comme l’étaient Paul McCartney puis Lennon quelques années auparavant, en enrôlant ce gamin surdoué malgré la différence d’âge. La guitare était sa passion, ses cahiers d’écolier étaient remplis de dessins d’instruments bien avant qu’il puisse en posséder un. Il savait clairement ce qu’il voulait, mais aussi ce qu’il ne voulait pas. C’est ce qui le caractérisera autant dans son quotidien avec les Beatles, mais aussi dans la façon dont il a mené sa brillante carrière solo. Comme son ami Ringo, il comprenait très vite ce que recherchaient John et Paul lorsqu’ils leur présentaient de nouvelles chansons et ajoutait quasi instantanément de subtiles « touches personnelles » qui faisaient toute la différence. L’erreur suprême reste de le qualifier de « limité », ne serait-ce que pour ses solos tout en nuances à une époque où d’autres s’épanchaient sur leurs gammes pendant des heures et passaient dès lors pour des virtuoses. En y regardant de plus près, on découvrira qu’il possédait une maîtrise technique très large, pouvant réciter l’alphabet des meilleurs guitaristes de rock and roll, y compris le jeu très particulier d’un Carl Perkins, que le folk n’avait plus de secrets pour lui, et qu’il a énormément appris auprès de Ravi Shankar, même si ce n’était pas avec une guitare, mais sur un sitar. Il avait même failli délaisser la guitare, avant de revenir à la raison. En revanche, il n’a guère emprunté à son ami Eric Clapton. Qu’on apprécie ou pas sa carrière solo post Beatles est un tout autre débat, mais chacun reconnaîtra que tout ce qu’il choisissait soigneusement de jouer frise la perfection.

Ses guitares

Dès que les Beatles ont commencé à avoir du succès, les fabricants du monde entier leur ont proposé leurs modèles. On retiendra l’exemple de cette première Rickenbacker 360/12 qui, une fois passées dans les mains de George lors de la première tournée américaine de 1964, a quasiment lancé tout le rock psychédélique. Dès lors, il a joué sur quantité de guitares et on aura bien du mal à en ressortir une du lot. Les sentimentaux pencheront pour cette Gretsch Duo Jet 1961 dont il disait que c’était sa « première bonne guitare ».

02 - Eric Clapton

Eric Clapton est, encore et toujours, le seul guitariste de l’histoire que les fans ont baptisé « god ». Un dieu souvent incompris, surtout lorsqu’il s’éloignait d’un blues auquel il semblait avoir voué son âme. Jamais vraiment déchu, il bénéficie aujourd’hui d’un immense respect, après avoir connu plus d’un drame dans sa vie personnelle.

© Jean-Pierre Sabouret

En 1991, Eric Clapton était devenu très philosophe sur ce « Clapton is God » qui lui a souvent bien pourri la vie : « Au départ, cette histoire de Dieu était l’expression d’une profonde sincérité. Elle représentait un témoignage d’affection. Mais lorsque le terme a été imprimé noir sur blanc par la presse, il a rapidement pris une connotation cynique. Pourquoi une telle rancune ? Probablement parce que, pour certains journalistes, j’ai été Dieu et que je ne le suis plus. » Lorsqu’il a commencé à s’essayer péniblement sur ses premiers accords avec sa guitare nylon bon marché – une Hoyer de fabrication allemande -, tout en écoutant Elvis et Buddy Holly, il n’avait que 13 ans et ne devait pas imaginer qu’on l’idolâtrerait de façon aussi déraisonnable. Ce n’est que deux ans plus tard qu’il s’est procuré, toujours avec un budget des plus modestes, sa première guitare électrique, une Kay Jazz II, afin de se rejoindre The Roosters en 1962. Il ne l’abandonnera qu’en intégrant les Yardbirds qui lui « prêteront » une première Fender Telecaster fin 1963. C’est avec cette guitare, nettement moins inconfortable, qu’il va enfin commencer à développer ce jeu qui lui vaudra une telle adoration. On ne saurait douter cependant que, quel que soit l’instrument, son talent inné (un don de Dieu ?) se serait tout de même exprimé d’une façon ou d’une autre. 

On le verra par la suite effectuer des changements radicaux et souvent surprenants, comme cette Gibson Byrdland 1950 (certains affirment que c’est une ES350T), avec laquelle il a débarqué lors du fameux Concert for Bangladesh organisé par son ami George Harrison et qu n’était guère adaptée aux solos de While My Guitar Gently Weeps. Mais, qu’il joue sur des Gibson Les Pauls Standard 1960 avec John Mayall, une Gibson SG Standard 1964 avec Cream, une Gibson Les Paul 1957 (la fameuse Lucy) avec les Beatles (lors de l’enregistrement du titre cité plus haut), une Danelectro Shorthorn Custom avec Blind Faith, ou, le plus souvent (voir encadré), toutes sortes de Fender Startocaster ou Squier, Eric Clapton possède un toucher, une fluidité et une approche mélodique immédiatement identifiables. Que lui soit divin ou pas, son jeu l’est assurément.

Ses guitares

Sans être à proprement parler schizophrène, Clapton s’est exprimé, et continue à le faire, sur quantité de guitares très différentes. Mais sa reine restera certainement sa Blackie, une Fender Stratocaster qu’il avait assemblée lui-même à partir de trois instruments (de 1956 et 1957). Vendue aux enchères, elle a approché le million de dollars au dernier coup de marteau.

03 - Jimi Hendrix

Plus de 54 ans après sa disparition, Jimi Hendrix apparaît toujours en tête des classements des plus grands guitaristes de tous les temps, comme celui du le vénérable Rolling Stone en 2023. Et ça fait bien longtemps qu’on a renoncé à qualifier un jeune prodige de « nouveau Jimi Hendrix ».

© DR

Des milliers de guitaristes, même parmi les plus virtuoses, s’y sont essayés, mais, à l’évidence, personne ne pourra jamais jouer comme Jimi Hendrix. Pour cela, il faudrait non seulement être gaucher comme lui et avoir développé un jeu sans adapter l’ordre des cordes sur le manche, mais aussi avoir vécu toutes les épreuves qu’il a subies avant de pouvoir enfin donner libre court à ses délires instrumentaux les plus fous. Depuis son plus jeune âge, c’est à la dure qu’il s’est initié, sa famille étant bien trop pauvre pour lui procurer un instrument digne de ce nom, encore moins en modèle gaucher. Et l’histoire aurait été bien différente s’il n’avait pas pris la meilleure décision de sa vie en quittant les États-Unis, où même ses amis ne comprenaient pas où il voulait en venir avec ses interventions épileptiques, pour s’installer à Londres, afin d’y être enfin très rapidement reconnu, puis adulé avec son Experience. Ce même par un Eric Clapton qui était le principal but de son voyage. C’était la promesse que lui avait faite son nouveau manager, le bassiste des Animals, Chas Chandler, pour lui faire prendre l’avion. Hendrix voulait rencontrer le God. 

Non seulement son jeu a pu s’épanouir bien plus librement que dans un continent qui n’était pas un modèle de tolérance, y compris musicalement, mais il a pu y développer des sonorités nouvelles grâce à une configuration de plus en plus élaborée pour l’époque. Outre la wah qu’il a démocratisé comme nul autre avant lui, les Marshall dont il a abusé sans vergogne, c’est lui qui a initié l’utilisation extensive des effets de toutes sortes, avec en tête des Fuzz, ou des Octaver, après avoir croisé le génial Roger Mayer dans le quartier de Soho un soir de janvier 1967. Cela étant, jusqu’à sa mort, il était tout à fait capable de se brancher directement sur son ampli pour recréer le son d’un champ de bataille. Se meilleurs effets restaient encore ses doigts, ou, parfois, ses dents. Certes le sacrilège qu’il a commis en brûlant sa guitare sur scène restera longtemps dans toutes les mémoires, mais ce n’était en rien un mépris envers l’instrument auquel il avait voué sa vie. Lui-même a expliqué qu’en réalité c’était comme un rituel religieux, un sacrifice : « On doit sacrifier les choses qu’on aime. J’aime ma guitare ! »

Ses guitares

Lorsqu’il a eu les moyens, Hendrix s’est procuré toutes sortes de guitares, mais aucune n’a supplanté ses Fender Stratocaster qu’il a commencé à tâter en arrivant à New York au milieu des années 60. Sa première, un modèle 1960, a été baptisée Carol, prénom de sa compagne qui lui avait acheté alors qu’il était fauché. La seconde, Linda, avait été empruntée à Keith Richards par sa petite copine du moment, la top-model Linda Keith. Il ne l’a jamais rendue.

04 - Roy Gallagher

Trop humble et réservé pour faire partie de la caste des rock-stars, le guitariste irlandais disparu bien trop tôt n’en est pas moins l’un des rares que l’on peut élever au rang des légendes, au même titre que Clapton, Beck, Page ou même Hendrix, ses contemporains, rappelons-le.

© Jean-Pierre Sabouret

Bien que la fameuse déclaration de Jimi Hendrix selon laquelle Gallagher était meilleur que lui tienne plus de la légende urbaine, n’ayant jamais été démontrée par une source sérieuse, il ne fait aucun doute que le jeune Irlandais en avait impressionné plus d’un dès l’époque de son power trio Taste. Notamment lors du concert d’adieux de Cream au Royal Albert Hall le 26 novembre 1968, où au festival de l’île de Wight le 28 août 1970, deux jours avant que Jimi s’y produise. Et pour ceux qui penserait qu’il s’est largement inspiré de l’un ou de l’autre, rappelons qu’il a formé Taste en 1966, donc en même temps que la naissance de Clapton, Bruce et Baker, et que Hendrix se produisait encore avec son Jimmy James and the Blue Flames du côté de New York. S’il a exploré largement au-delà du blues avec son groupe, pouvant même être considéré comme un pionnier du hard rock, c’est en solo qu’il a pris son envol, même si, injustement, on retient surtout ses formidables albums live dans sa riche discographie, le fameux Irish Tout 74 en tête. On ne compte plus les guitaristes qui lui ont « emprunté » nombre de ses plans, dont Slash ou Brian May qui l’ont avoué avec la plus grande honnêteté. Compositeur inspiré dans une grande variété de styles autant que guitariste complet, il pratiquait également le jeu en slide de façon exceptionnelle, que ce soit en électrique ou en acoustique.

Ses guitares

Récemment proposée aux enchères, comme sa formidable collection de guitares et d’amplis, sa fidèle Fender Stratocaster 1961 (numéro 64351) était comme devenue une partie intégrante de son corps. Même en grande partie décapée par la sueur acide de son maître, elle a toujours gardé une sonorité absolument unique…

05 - Robert Fripp

Personnage énigmatique autant musicalement qu’humainement, Robert Fripp est avant tout l’un des musiciens les plus intelligents et novateurs de l’histoire. Avec King Crimson, mais aussi David Bowie, Peter Gabriel, ou sa fidèle épouse Toyah, il a inventé une approche quasi scientifique de la guitare.

© Jean-Pierre Sabouret

Monstre sacré du rock progressif, King Crimson est bien l’un des rares à ne pas avoir été traités avec mépris par les critiques rock, ou même les punks. C’est certainement grâce à l’attitude intransigeante et l’approche résolument avant-gardiste de son leader que l’on pourra qualifier d’incorruptible. Robert Fripp n’avait certes pas la réputation d’un musicien facile et, à l’instar d’un Frank Zappa, il a épuisé plus d’un musicien, même les plus expérimentés, avec ses exigences musicales. Et s’il a toujours inspiré l’admiration et le respect des plus grands de ce monde, c’est que techniquement il s’est toujours appliqué la stricte « discipline » (titre d’un album de King Crimson, mais aussi de son label) qu’il demandait aux autres. Et même dans ses multiples collaborations, son apport a toujours été essentiel, qu’il s’agisse de Brian Eno, David Bowie, Peter Gabriel, Blondie, Talking Heads, Andy Summers (au lourd passé progressif avant Police), Steven Wilson, Peter Hammil, John Paul Jones ou Daryl Hall… Lors du confinement, c’est un homme bien différent que l’on a découvert tous les dimanches pour les Sunday Lunch sur YouTube avec la chanteuse Toyah qui partage sa vie depuis bientôt quarante ans. Avec un sens de l’humour et de la dérision étonnants, il a en outre dévoilé une tolérance et une ouverture musicale bien plus large que ce qu’on supposait avec des reprises de Motörhead, des Stooges, de Guns N’ Roses, des Sex Pistols.

Ses Guitares

Le sustain étant l’une de ses armes absolues, c’est essentiellement sur des Gibson Les Paul qu’il s’est exprimé tout au long de sa carrière... Mais il a également jeté son dévolu sur des répliques réalisées pour lui par Fernandes ou Tokai.

06 - Jimmy Page

Il aura suffi d’une guitare à l’origine toujours mystérieuse, vraisemblablement trouvée dans leur nouvelle maison d’Epsom en 1952, pour que le petit Jimmy se mette à la guitare. Et s’il est devenu cette silhouette mythique du guitariste rock avec Led Zeppelin, c’est qu’il était déjà un mythe avant…

© DR

Avec pour modèle les guitaristes d’Elvis Presley ou Gene Vincent, c’est sur une Futurama (modèle Grazioso, de fabrication tchèque) que l’adolescent trouve ses marques en électrique, modèle aussi répandu qu’abordable avant que Fender et Gibson ne s’imposent. George Harrison en avait une aussi… En 1957, Jimmy à 13 ans et son groupe de skiffle passe à la télé pour un concours de talent de la BBC. Il se voit alors scientifique, combattant le fléau du cancer. Mais à 15 ans, lorsqu’il arrête l’école, il renonce aux laboratoires pour devenir musicien à plein temps. Il multiplie les collaborations et sa capacité d’adaptation séduit les maisons de disque : Decca Records lui propose sa première session d’enregistrements en 1963. Jimmy devient alors « Lil’ Jim ». Au cours des sixties, s’il faut un guitariste pour enrichir un son, créer une face B, un pro qui saura improviser et tout faire, il n’est que deux choix en Grande-Bretagne : Big Jim (l’impressionnant James George Tomkins) ou Little Jim. Page joue pour les Kinks, les Rolling Stones, les Beatles, Joe Cocker, Donovan, Johnny Halliday ou Michel Polnareff ! Du Goldfinger pour James Bond au Downtown de Petula Clark, il est là. Jimmy Page est déjà un mythe, mais se lasse de ce rythme cinglé, et veut fonder un groupe. Il envisage en 1966 un premier « supergroupe » avec Jeff Beck, John Entwistle et Keith Moon. Mais à défaut de trouver un bon chanteur, le projet est abandonné. N’en reste que le nom donné à la formation par Moon : Lead Zeppelin - dirigeable de plomb. 

Après avoir refusé de prendre la place de son ami Eric Clapton en 1968, pour proposer la place à Jeff Beck en 1965, Page rejoint ce dernier en 1966 au sein des Yardbirds comme… bassiste dans un premier temps. L’activité en vinyle du groupe ne reflète pas ses performances scéniques, de plus en plus expérimentales, et lorsque Page recompose autour de lui le groupe en 1968 pour une ultime tournée en Scandinavie, c’est cette direction que prend ces « New Yardbirds », avec John Paul Jones à la basse, Robert Plant au chant qui suggère John Bonham pour la batterie ! Le quatuor se trouve immédiatement, et au retour de leur tournée, ils changent de nom : Led Zeppelin est né…

Ses Guitares

Si Page a souvent joué sur des Fender en studio, son style est attaché à la rondeur des Gibson, notamment l’emploi, loin d’être facile, de la double manche EDS-1275 dérivé de la SG, pour passer sur scène de la 6 à la 12 cordes. Mais sa complice restera la Les Paul, en particulier la Standard 1959 qu’il tient de Joe Walsh depuis 1969. Une fidélité consacrée par l’édition de la Les Paul Jimmy Page Signature, avec son câblage spécifique portant son nom, permettant de splitter indépendamment les micros…

07 - Franck Zappa

Les moustaches de Zappa ne sont pas sans évoquer celles de Groucho Marx et de Nietzsche, deux personnalités aux antipodes qu’il arrive à évoquer d’un trait, à l’image de sa musique composite à la fois flamboyante et foutraque, géniale et absurde, disciplinée et rebelle.

© Jean-Pierre Sabouret

Parmi les génies de la guitare, Frank Zappa occupe une place très particulière, tant par l’originalité de son vocabulaire rythmique, mélodique ou ses articulations, que par ses expérimentations sonores. Le génie moustachu envoyait parfois le signal de sa SG rejoindre trois à quatre amplis différents, créant ainsi un son hybride totalement inédit. Iconoclaste, facétieux jusqu’au bout des ongles, il déclara un jour « Il suffit d’enlever une croche ou de l’ajouter à une mesure pour paraître radicalement révolutionnaire »

Selon lui un solo de guitare se jouait au fil de la note, en impro totale sans arriver avec une collection de plans tout près à l’avance, car ça ne rimait à rien pour lui. On peut aisément comprendre l’argument si on regarde le CV du bonhomme : autoentrepreneur, songwriter, orchestrateur, éditeur, commentateur social et père de 4 enfants. Sa vie était agencée comme ses compositions, avec beaucoup de rigueur et de contraintes techniques et temporelles. Alors quand le moment du solo était venu, cela représentait un espace de liberté absolue et sans filet de sécurité, il disait « Une fois lancé, c’est moi contre les lois de la nature ! » On ne peut donc pas parler du son Zappa au singulier, car il est multiple, au fil du temps et parfois même au sein d’un seul solo. J’ai failli oublier de mentionner qu’il aimait le shred.

L’œuvre de Zappa qui est pourtant parti jeune (52 ans) est vaste et protéiforme au possible. Il serait vain de vous la résumer alors pour n’évoquer que le guitariste qu’il fut voici quelques titres avec des solos légendaires et représentatifs du genre : Black Napkins et Zoot Allures, sur l’album Zoot allures, Yo Mama, sur l’album Sheik Yerbouti et, plus rare, en acoustique, Sleep Dirt, sur l’album du même nom.  

Pour les plus curieux, la discographie de Zappa compte une centaine de disques incluant quantité d’albums live de légende, des pirates récupérés par le génie lui-même, mais aussi ses travaux orchestraux et de la musique de chambre contemporaine. Si l’aventure vous tente, alors bon voyage, celui-ci est « inter-sidéral ».

Ses guitares

Ses guitares favorites correspondent à plusieurs périodes de sa vie et ça commence avec différentes Gibson SG parfois trafiquées. La Roxy 74 était montée avec des cordes très fines et une action très basse. Un bijou réédité il y a dix ans par Gibson avec le concours du fils de Frank (Dweezil), avec un split coil et un inverseur de phase offrant des possibilités de variations sonores surprenantes. De nombreuses autres SG et Les Paul ont suivi Paul avant que Frank ne poursuive sa route avec des Strats.

08 - Steve Hackett

I can’t dance, I can’t talk… Perdu ! Pour entendre Steve Hackett dans Genesis, il faut viser les 6 albums sortis entre 1971 et 1976, donc de l’excellent « Nursery Crime » au très bon « Wind & Wuthering ». Les meilleurs, diront les fans de la première heure. On ne les contredira pas. 

© Jean-Pierre Sabouret

Savez-vous que les punks, parmi les nombreuses revendications qu’ils accrochaient à leurs épingles à nourrice, avaient une dent contre la musique savante que représente le rock progressif ? Et, dans le genre très haut niveau technique, Genesis se pose là. Ainsi, pendant que Peter Gabriel occupait tout l’espace à faire son show en live, Steve Hackett se concoctait des parties guitares si complexes qu’elles l’obligeaient à rester assis en fond de scène. Il pouvait alors mieux exprimer le phrasé exigeant de titres comme Musical Box où il s’essaie au tapping à deux mains, encore peu exploité dans le rock, puis travailler un son sursaturé sur des solos endiablés, avant d’enchainer avec des arpèges inspirés de la musique classique qu’il célébrera plus tard dans ses albums solos « Bay Of Kings », « Momentum » ou, plus récemment, dans « Under A Mediterranean Sky ». Steve Hackett s’est montré incroyablement prolixe après son départ de Genesis. Il apparait sur une quarantaine d’albums où il explore de nombreux genres, du blues au folk, en passant par les musiques du monde ou traditionnelles. Mais ne passez surtout pas à côté des Revisited, trois albums et un live au Royal Albert Hall où il réinterprète avec une pléiade d’invités les titres de la grande époque de Genesis.

Ses guitares

Si on l’associe facilement à la Gibson Les Paul Goldtop, ou la Burny Les Paul Custom, Steve utilise beaucoup, depuis les années 1980, une Fernandes Monterey Elite. Il s’en remet aussi à Fender pour les sons ronds et enveloppants de la Stratocaster, même s’il est parfois passé à l’écurie Schecter pour avoir le même type d’instrument. Et ce n’est là qu’une petite sélection de son immense collection !

09 - Steve Howe

L’une des figures du rock progressif a fondé le groupe GTR (l’abréviation de Guitare) avec, justement, Steve Hackett. C’était en 1985, la page Yes était déjà tournée, mais c’est cette dernière que nous avons choisi de lire en l’invitant dans ce dossier.

© Jean-Pierre Sabouret

La montée en accord de puissance d’Owner Of A Lonely Heart résonne dans la tête de ceux qui ont au moins une fois été confrontés à la musique de Yes. Dommage, c’est Trevor Rabin qui était alors à la six-cordes, alors on oublie. Pour votre serviteur, Yes fut une révélation, mieux, une épiphanie, lorsque pour la première fois, alors que j’étais encore en culotte courte, j’entendais l’intro guitare de Futur Times, le premier titre du sous-estimé album « Tormato ». Une mise en bouche, saveur tormate donc, qui mena à « Fragile », l’opus précédent, qui fait l’unanimité auprès de tous les fans de prog. À cette époque, Steve Howe délivre des lignes de guitare où rythmique et solo forment un tout, souvent à l’unisson ou en réponse au clavier. Un jeu aérien, jamais virtuose, mais toujours mélodique et parfaitement posé. Un talent qu’il avait déjà largement exprimé dans le « Yes Album » avec les titres Yours Is No Disgrace et Perpetual Change. Très à l’aise sur électrique, il maîtrise aussi bien les cordes de nylon, comme on peut l’entendre sur Mood For A Day, techniquement irréprochable, et mélangeant si bien les sonorités classiques et flamencos. Un an plus tard, en 1972, Steve Hackett sort Horizons, un morceau de guitare solo qui a tout d’un écho à celui de Steve Howe.

Ses Guitares

Steve Howe a utilisé une Gibson ES-5 Switchmaster lors de l’enregistrement de « Fragile », mais il est surtout associé à la superbe ES-175D, toujours de chez Gibson. Une guitare qui détonne dans le monde du rock et lui donne une allure de jazzman, une inspiration qu’il revendique totalement. Il a aussi joué sur une Super Gibson 400 CES, une Gretsch G6120TM, une Rickenbaker 360… Il ne se refuse aucun plaisir !

10 - Carlos Santana

On accède au grade de légende lorsque les gens qui parlent de vous ne prennent même plus la peine d’énoncer votre prénom, et ça marche pour toutes les catégories et les époques : Rousseau, Hugo (Totor pour les intimes), Scorsese, Hendrix, Clapton… Santana est de ceux-là.

© Jean-Pierre Sabouret

Cheveux longs, noirs et bouclés, Gibson autour du cou avant de passer à l’écurie PRS, Santana est identifiable entre 1000, tout comme son jeu abusant parfois un peu trop du sustain et du feedback. Vous pouvez ainsi, en plein concert, faire un arrêt aux stands pour recharger la mousse et vider la vessie sans qu’il ait changé de note ! Devenu un très grand de la guitare quasi instantanément grâce à l’excellent Soul Sacrifice magnifié à Woodstock, il est adulé pour les sonorités latines, blues et quelques fois reggae qu’il amène à un rock endiablé et dansant. 

Durant les années 1970, il se rapproche de l’immense John McLaughlin pour enregistrer l’album « Love Devotion Surrender », un subtil mélange de jazz fusion et de musiques du monde, mais il est surtout connu pour l’immortel Europa ou le plus dispensable Maria Maria, avec lequel il reçoit le Grammy Award de la meilleure prestation pop y ayant délivré un solo d’environ 4 notes (rien ne va, décidément, avec ce morceau). 

Il est comme ça, Santana, jamais là où on l’attend. Il n’empêche que son jeu très fourni en legato, en bends à vous faire frissonner l’échine, ses 27 albums en son nom et ses participations dans une myriade d’autres, en font l’une des figures incontournables de la six-cordes.

Ses guitares

Il s’est d’abord fait connaitre avec une Les Paul Special, mais a tant joué avec sa guitare signature, la Paul Reed Smith (PRS) Santana McCarthy que celle-ci a pris le pas sur le modèle emblématique de Gibson. Il possède évidemment de nombreux autres modèles (SG, Fender Twin, une Yamaha SG 2000 etc.). Le tout passe évidemment par la non moins fameuse Ibanez Tube Screamer, si vous souhaitez vous rapprocher de son son.

11 - Tony Iommi

On ne peut guère imaginer Black Sabbath sans le sombre et taciturne guitariste qui passe pour être « l’inventeur » de la guitare façon metal. En dépit des multiples tempêtes qu’a essuyé le groupe et de ses nombreuses querelles avec Ozzy Osbourne (et son épouse Sharon), il a su plusieurs fois redonner vie à son vilain bébé, même s’il a toujours pu compter sur son camarade bassiste Geezer Butler.

© Jean-Pierre Sabouret

Ah le destin ! À quoi ressemblerait le metal aujourd’hui si Iommi ne s’était pas sectionné deux phalanges, suite à une mauvaise manipulation dans la scierie où il effectuait son dernier jour de travail ? Le guitariste a en effet été forcé de réinventer son jeu avec une technique différente et un accordage plus grave, afin de soulager sa main droite. Il est gaucher rappelons-le. Et ce n’est pas dans le rock qu’il a trouvé son modèle, mais dans le jazz, puisque c’est avec le formidable exemple de Django Reinhardt qu’il a littéralement réappris à jouer. L’essentiel, c’est qu’il a développé dès lors un style unique qui convenait parfaitement à la musique lourde et sinistre ainsi que le nouveau nom du groupe, Black Sabbath, décidés en commun avec ses trois « camarades », Ozzy Osbourne (chant), Geezer Bulter (basse) et Bill ward (batterie). On peut toutefois douter que, sans son accident, le quartette, aurait poursuivi dans la veine folk blues psychédélique proche de Jethro Tull qu’il avait adopté précédemment sous le patronyme d’Earth. Ce n’est pas un hasard si Iommi effectuera un bref séjour dans le groupe de Ian Anderson en 1968. Depuis, il n’a pas dévié d’un iota, metal d’un jour metal toujours, on n’est pas près de le voir participer à un concert de Black Sabbath unplugged. D’autant que le groupe est séparé depuis 2017.

Ses guitares

Gaucher oblige, il a cherché des instruments pratiques, les guitares pour gaucher étant très rares et chères. Son choix s’est fort heureusement porté sur une Gibson SG pour droitier facile à retourner, avec ses deux échancrures symétriques. Il l’a échangée ensuite pour un modèle gaucher, une Special 1965 (baptisée Monkey à cause de son singe en autocollant). C’est toutefois avec une Fender Stratocaster, dont il préférait le son jusque-là, qu’il avait commencé l’enregistrement du premier Black Sabbath, avant de la casser et de se rabattre enfin sur la SG.

12 - Ritchie Blackmore

Sans son Smoke On The Water, plus d’un guitariste débutant serait démuni ! Emportant le rock des fondations du blues aux racines du classique, jusqu’au médiéval auquel il se consacre désormais avec Blackmore’s Night, il est l’un de ceux qui ont institué le culte du solo et le règne du riff. 

© Jean-Pierre Sabouret

Marqué par l’autoritarisme des profs et les châtiments corporels, le petit Richard Blackmore acquiert une haine féroce pour tout ce qui concerne l’école, se refermant au point d’avoir des difficultés à s’exprimer. À se demander s’il n’y a pas dans cette blessure l’origine du caractère difficile, parfois distant et parfois explosif de l’homme en noir… 

Mais pour échapper à l’école, Ritchie a le rock, et des héros comme l’idole de la jeunesse britannique des 50s, Tommy Steele. À 12 ans, il veut jouer de la guitare comme lui. Son père cède et lui offre une Fremus acoustique noire, à condition qu’il s’engage à en jouer correctement en prenant des cours. Cette initiation d’une année à la musique classique, ajoutée à son adaptation à un jeu de droitier alors qu’il est gaucher, va poser les premiers jalons d’un style bien personnel qu’il explore en se choisissant comme professeur un de ses guitaristes favoris, découvrant dans l’annuaire qu’il habite à quelques minutes en bus de chez lui :
Big Jim Sullivan… Dès 12 ou 13 ans, Blackmore débute au washboard avant la guitare dans un groupe de skiffle, et quitte l’école dès que possible, à 15 ans, pour gagner de quoi s’offrir une Hofner Club 50, sa première électrique. Il rencontre alors Joe Meek, ingénieur du son pionnier, auteur (Telstar, c’est de lui !) et producteur hyperactif, qui le prend comme musicien de studio au sein du groupe Outlaws, lequel accompagne de nombreux artistes, en studio et sur scène, comme le délirant Screaming Lord Sutch, l’un des premiers à mêler rock et classique. Fin 1967, il rejoint le groupe Roundabout, mené par le clavier Jon Lord. Au retour d’une tournée en Scandinavie en 1968, le groupe change de nom pour Deep Purple. Porté par les riffs et les solos de Blackmore, 8 albums plus tard, Deep Purple est un monument en tête d’affiche du California Jam de 1974. Où, pour non-respect des conditions qu’il avait imposé par contrat, Blackmore pulvérise ses guitares et incendie ses amplis - et défonce une caméra-, performance du « Demolition man » mémorable pour être un des premiers concerts édités en vidéo… Après avoir appris à jouer du violoncelle, Blackmore quitte Deep Purple en 1975 et se consacre à une expérience en studio avec Elf, le groupe de Ronnie James Dio, mêlant hard rock, prog, musique médiévale : le disque Richie Blackmore’s Rainbow donne naissance au groupe Rainbow. Le guitariste passera ensuite d’un groupe à l’autre au fil des reformations…

Ses guitares

Les veinards qui ont vécu les débuts de Deep Purple auront vu Richie jouer sur sa Gibson ES 335. Jusqu’à ce jour de 1970 où Mister Blackmore se rend à un concert de… Jimmy Hendrix. Conquis, il fera une grosse consommation de Fender, apportant sa contribution avec son modèle, la Ritchie Blackmore Stratocaster avec ses caractéristiques spécifiques : micro central factice, l’indispensable vibrato, et un manche « scallopé », creusé entre les frettes de plus en plus sensiblement en montant vers les aigus…

13 - Angus Young

Dernier membre fondateur d’un groupe qui ne s’avoue pas vaincu, Angus reste identifiable entre mille, voire plus... Tant physiquement, avec ses éternels costumes d’écolier, que sur ses Gibson SG, qu’il torture toujours comme nul autre, même s’il se roule moins parterre avec son instrument ces derniers temps.

© Jean-Pierre Sabouret

Tel un Obélix de la guitare (bien qu’il soit plus au format Astérix), Angus, qui restera éternellement Young, est tombé dans la marmite du rock and roll quand il était petit. Pour la légende, on l’a longtemps rajeuni de deux ou trois ans en racontant qu’il était encore mineur et qu’il séchait le lycée pour rejoindre le groupe sur scène. Né le 31 mars 1955, il avait 18 ans tout juste lorsque son grand frère Malcolm et lui ont jeté les bases d’AC/DC. Ce n’est donc pas là qu’il faut chercher l’explication de cet accoutrement d’écolier dont il ne peut plus se passer, comme il l’expliquera des années plus tard : « Ce look est devenu ma seconde peau. Même si j’oubliais mon uniforme dans les loges, je crois qu’il viendrait de lui-même sur scène et que je ne pourrais pas m’en décoller. » S’il ne sera jamais ridicule en culottes courtes, c’est bien que quasiment dès le départ, il a développé un jeu des plus sérieux et impressionnants. Il valait mieux, car dans les premiers petits concerts dans les coins mal famés d’Australie, c’était parfois sur une civière que sortaient des musiciens qui n’avaient pas plu à un public dont la tolérance et la sobriété n’étaient pas les qualités premières. Certes, il y avait le chant unique et la personnalité de Bon Scott, le jeu aussi rigoureux que groovy de Malcolm, sans oublier une rythmique basse/batterie toujours solide, bien qu’elle ait changé plus d’une fois au fil des ans. 

Mais ce sont bien les interventions fulgurantes d’Angus sur le manche de sa SG qui ont fait toute la différence avec les nombreux concurrents, souvent redoutables, comme Rose Tattoo, The Angels (connu dans le reste du monde sous le nom d’AngelCity) ou même les Prowler, Starfighters et Little Big Horn du « petit » neveu, et futur AC/DC, Stevie Young (qui n’a en fait qu’un an de moins qu’Angus)… On dira ce qu’on veut sur le fait qu’il ne semble pas avoir changé ou évolué depuis les débuts du groupe, ce qui est loin d’être vrai, mais force est de constater que les innombrables guitaristes qui l’ont copié sans vergogne, y compris le très méritant Joel O’Keeffe d’Airbourne, ne l’ont jamais égalé. Quitte à changer, de chanteur, de guitariste rythmique ou de batteur, si AC/DC est toujours capable de déplacer des foules immenses c’est en grande partie grâce à cette figure de proue indispensable qu’est Angus.

Ses guitares

Depuis sa toute première Gibson SG en 1970, un modèle 67, Angus n’a que rarement fait des infidélités aux SG, qu’il choisit toujours avec le plus grand soin, essentiellement fabriqués dans les années 60. On l’a toutefois vu parfois s’exprimer avec une Gibson Les Paul, Standard ou Custom, comme à Paris en 1982. Au début des années 80, il avait toutefois fort apprécié une copie de SG réalisée par le luthier John Higgins estampillée JayDee Custom. Il a fallu attendre le nouveau millénaire pour pouvoir se procurer une Angus Young Signature SG chez Gibson.  

14 - Mark Knopfler

Le leader de Dire Straits est l’incarnation du guitar-hero inaccessible, dans le sens où il est impossible de s’approcher de son jeu si l’on ne copie pas à la perfection sa singulière technique de doigts. Un musicien serein, apaisé, au moment où les autres jouaient les stars du rock !

© DR

Avant de se faire connaître, Mark et son frère David étaient dans la dèche, « in dire straits » dans la langue de Beckham, trainant de bar en bar jusqu’à présenter une petite compo du nom de Sultans Of Swing. Paradoxalement, ce titre raconte l’histoire de musiciens de jazz qui se fichent totalement de la notoriété, mais il n’en faudra pas plus pour que le groupe soit propulsé sous les projecteurs et se fasse connaître du monde entier. Très vite, la Stratocaster rouge et le jeu aux doigts de Mark se font remarquer, même par ceux qui ne s’intéressent pas à la six-cordes. Les 40 secondes du second solo de Sultans Of Swings sont une apothéose attendue par tous et aident à faire passer les résonances bien plus country rock du reste du premier album. Sur les suivants, le groupe prend une couleur plus rock, pop, mâtinée d’un peu de prog dans les morceaux en plusieurs mouvements tels que Telegraph Road ou Private Investigations. Les techniques de hammers/pull-off, de violoning et de bends à n’en plus finir sont parfaitement égrenés dans chacun des albums, jusqu’à la consécration « Brother In Arms », avec le Money For Nothing exécuté sur une Les Paul. Peut-on alors penser qu’il a fait une infidélité à la Strat lorsqu’on sait le nombre de guitares que possède Mark !

Ses guitares

Pour beaucoup, Mark Knopfler est indissociable de sa Fender Stratocaster rouge, un modèle de 1961 pour être plus précis. Mais l’équation est loin d’être complète. Déjà, ses pochettes d’album laissent imaginer qu’il a joué sur une National Steel, ensuite devenue Dobro, et une Gibson Les Paul (il possède deux modèles 58, une ressortie et un original et un 59 Standard original). Il a beaucoup privilégié sa Pensa-Suhr mkI à partir de la fin des années 80.

15 - Brian May

Un son unique, une guitare unique, pour un groupe qui ne l’est pas moins : Brian May est un guitar-hero hors catégorie, flamboyant et fascinant, tout en maitrise et en inventivité, à la croisée des influences mélodiques et de techniques qu’il a réinventées à sa façon. Il est accessoirement Docteur en astrophysique...

© Jean-Pierre Sabouret

Avec sa formation classique au piano dès ses 5 ans, le talent du petit Brian apparait évident à son père lorsqu’il l’initie au ukulélé à 6 ans. D’où une première guitare acoustique à 7 ans. Encouragé par son père ingénieur en électronique, il électrifie son instrument, mais Brian est confronté à 16 ans à une évidence : sa guitare modifiée a atteint ses limites. Le père et le fils s’embarquent pendant l’été 1963 dans une aventure périlleuse : faire eux-mêmes une guitare meilleure que ce qui se trouve dans le commerce, sans expérience en la matière, et avec du matériel de récupération. Avec ce credo très scientifique de faire les choses jusqu’au bout et le mieux possible, cela leur prendra deux ans. Le résultat de leur prouesse est aussi la clef de la carrière de Brian : une guitare unique au toucher sur mesure, et aux capacités sonores le différenciant de tous les autres. Ce n’est pas une guitare, c’est une identité, dont l’étudiant en physique et astronomie ne se séparera jamais. Il y aura d’abord le groupe 1984 (en 1964 !), en première partie de Hendrix et T-Rex, puis Smile, en 1968 et la rencontre avec Roger Taylor. En 1971, le Maître de conférences met sa carrière scientifique en pause pour entrer dans l’histoire avec le groupe qu’il forme avec son ami Farookh Bulsara au chant. Vous devinez lequel ?

Ses guitares

L’acajou d’un manteau de cheminée. Des ressorts de soupape. Un chevalet bricolé maison. Le tout aurait couté dans les 17.5 £ ! C’est plus de la lutherie, c’est du Prévert. Le résultat n’en est que plus impressionnant, car la Red Spécial a tout pour lui permettre d’atteindre l’excellence. Un objet unique et donc introuvable qui devient un fantasme. Les amateurs peuvent aujourd’hui s’offrir une Brian May Guitars, produite par son inventeur.

16 - Norbert Nono Krief

C’est hélas un bien triste constat, mais avant Gojira, Trust était bien le seul groupe de rock ou assimilé qui avait effectué une large percée hors de nos frontières. Et Nono, son guitariste emblématique restera encore longtemps considéré comme « le » guitar-hero frenchie.

© Jean-Pierre Sabouret

Ce que Jimi Hendrix ou Eddie Van Halen ont représenté dans le monde, Norbert Krief dit Nono l’a représenté pour l’hexagone. Avant lui jamais on n’avait entendu un long solo comme celui d’Antisocial passer en boucle sur les ondes radio. Et que dire de ce riff aussi populaire ici que celui de Smoke On The Water de Ritchie Blackmore ? N’en déplaise à Louis Bertignac, Nono a suscité bien des vocations à l’époque où son groupe faisait jeu égal avec AC/DC ou Iron Maiden. Ce n’est pas non les membres d’Anthrax, dont la version du titre phare de Trust a été un gros succès à la fin des années 80, qui diront le contraire. Le groupe de Brooklin a également adapté Les Sectes (Le Sects, hum !). Et à chque fois avec le plus grand respect du jeu de Nono sur les versions initiales. L’après Trust, séparé une première fois en 1984, n’a pas été vraiment facile pour lui. Il s’est retrouvé en bonne place dans le groupe de Johnny Hallyday pendant sept ans, et il a joué sur des dizaines d’albums, de Jean-Jacques Goldman à Arielle Dombasle (si si !), en passant par Pat O’May ou Bernie Bonvoisin (lors d’un des rares moments d’accalmie entre les deux frères ennemis). Mais il semble avoir longtemps procrastiné avant de sortir enfin son premier album solo, Norbert Nono Krief, en 2011. Entretemps, Trust a connu quelques réunions plus ou moins éphémères, mais jamais de tout repos, avec des productions pas vraiment honteuses, mais qui n’ont jamais fait oublier les trois premiers albums. En 2020, en pleine pandémie, le groupe l’a comme reconnu en reprenant live, mais sans public, l’intégralité de Trust, Répression et Marche Ou Crève, sous le nom de guerre de RE-CI-DIV. Et Nono était loin d’être le moins convaincant de la bande dans ce difficile exercice. 

Le soufflé est malheureusement retombé avec l’album suivant Propaganda, où Nono n’a guère été mis en valeur par l’auto-proclamé patron du groupe (devinez lequel). Ce sera certainement l’épitaphe de Trust. Mais enfin l’occasion pour le guitariste de se concentrer sur ses projets, dont le très sympathique Father And Son, avec, comme « the name » l’indique, son fils David Sparte Krief, chanteur de tout premier ordre. Enfin épanoui et heureux, Nono n’éprouve plus le moindre désir de retenter quoi que ce soit du côté de Trust.

Ses guitares

Nono change plus souvent de guitares que de chemises et il est rare de le voir plusieurs fois avec le même instrument. Au fil des ans il a collaboré avec les marques les plus prestigieuses, avec notamment une Nonocaster pour Fender, ou une Nono Electromatic Corvette pour Gretsch, mais il préfère depuis longtemps « rouler français », ses préférées étant des Loïc Le Pape Billy No ou Aura DC Junior. 

17 - Eddie Van Halen

Eddie semble avoir tout inventé. Il était le shredder ultime avant même que le mot apparaisse, l’expert en tapping, en harmoniques tapées, en trémolo picking… Sa guitare ressemblait à un monstre, mais il s’en servait comme un jouet. L’un des plus grands guitaristes de tous les temps.

© DR

Comme nous l’expliquons en ouverture du dossier, nous ne sommes pas là pour décerner des médailles. Si nous devions juger la discographie du groupe, Van Halen ne serait même pas dans le top 10 de certains membres de la rédaction alors que les 12 albums se sont tous classés dans le top 20 du Billboard aux États-Unis. Question de ressenti. Mais prétendre que Van Halen est l’un des plus grands guitaristes de rock est purement factuel. D’abord initié au piano et à la musique classique, Eddie est très jeune devenu un virtuose de la 6 cordes en exploitant notamment à merveille le tapping et le vibrato. Si le succès arrive très vite grâce à la reprise du poussif You Really Got Me et le plus intéressant Ain’t Talkin’ ‘Bout Love, Eruption et Spanish Fly l’érigent rapidement au rang de guitar-hero. 

Mieux que ça, il en est le plus fier représentant avec à la fois une guitare identifiable, faite de bric et de broc, une technique quasi inaccessible à tous les grateux de sa génération, qu’ils soient professionnels ou non, et les extravagances d’une star du rock. Non content d’être devenu très vite une légende, il enregistre au début des années 80 le solo de Beat It, l’un des plus connus de l’histoire de la musique moderne, 30 secondes de démonstration des techniques dans lesquelles il excelle. Un monument.

Ses Guitares

La célèbre Frankenstrat est une Stratocaster avec un micro Humbucker PAF récupéré sur une Gibson ES-335 et un vibrato Vintage Fender. Eddie appliquera lui-même des couches de peinture finissant d’en faire un objet absolument unique. Il y a aussi eu la Bumblebee, faite par ses soins et qui repose aujourd’hui dans la tombe de Dimebag Darrell, guitariste de Pantera. Il affectionnait aussi une Gibson Les Paul Custom de 1988, ainsi que des SG et plusieurs Fender Telecaster

18 - Steve Lukather

Marqué dès son plus jeune âge par ses fréquentations, Steve Lukather était voué à devenir ce monument de la guitare, un expert capable de servir tous les univers musicaux avec à la clef une discographie délirante... Ce, avant même d’être reconnu mondialement avec son propre groupe, Toto.

© DR

Si le petit Steven commence très tôt avec le piano et la batterie, c’est à 7 ans qu’il a sa révélation, quand son père lui apporte en 1964 sa première guitare acoustique et l’album « Meet The Beatles ». Il ne s’en remettra jamais, George Harrison devenant son modèle. Son cas s’aggrave au lycée lorsqu’il devient pote avec David, le fils du producteur et arrangeur Marty Paich, et le trio des frères Porcaro. Tous vont devenir des musiciens de premier plan...  Il suit ses premiers cours de guitare auprès du guitariste de jazz Jimmy Wyble, élargissant le spectre de ses influences qui viendront nourrir son style, capable d’associer la puissance du hard rock avec le phrasé du jazz fusion. Il s’initie aussi à l’orchestration, la composition devenant l’un de ses atouts. Mais c’est la vocation de musicien de studio qui l’attire, afin de jouer avec une multitude d’artistes. En quelques années, Steve devient le guitariste le plus demandé de L.A., et participera à plus de 1500 albums sur 36 ans. Rapide et efficace, il excelle lorsqu’il retrouve ses complices David et Jeff, pour épauler Boz Scaggs ou Michael Jackson sur son « Thriller » (le riff de Beat It, c’est lui, pas Eddie Van Halen !)... Un « supergroupe » en devenir qui naît en 1977, avec Steve Porcaro aux claviers (Mike remplacera David Hungate à la basse plus tard). Steve va sur ses 20 ans, est déjà mondialement reconnu, et s’apprête à voir sa carrière exploser avec Toto...

Ses guitares

Pour qui cherche le son de Steve Lukather, il est conseillé de choisir une guitare Music Man, sa marque fétiche qui propose un modèle « Luke »,
avec des micros EMG, marque avec laquelle il a collaboré pour créer son propre modèle, le SL20. Cette Music Man Luke existe sous différentes formes, le modèle ayant évolué au fil des années et des préférences du guitariste depuis 1998. Il existe aussi une Ibanez Roadstar à son nom, la RS1010SL, fabriquée en 1983...

19 - Nita Strauss

Son duo avec Alissa White-Gluz d’Arch Enemy nous a fait espérer un album metal très puissant, Nita sortira « simplement » en 2023 un album solo avec de prestigieux invités, notamment David Draiman, chanteur de Disturbed, sans aucun doute « perturbé » par tant de talent ! 

© Jean-Pierre Sabouret

Bien difficile d’essayer de placer un semblant de parité dans un registre où se sont surtout les hommes qui se sont affirmés. Les femmes sont très représentées dans d’autres genres musicaux, sur d’autres instruments, mais les guitaristes solistes sont malheureusement rares dans tout ce qui ressemble de près ou de loin au rock, blues, metal, etc. Nous avons grandi avec l’inoubliable Jennifer Batten et maintenant Nita Strauss attire tous nos regards. Elle s’est fait connaitre avec l’excellent groupe de reprises The Iron Maidens et a brillé sur scène lors des tournées avec Alice Cooper. Le seul avantage à être sous-représentée en tant que femme dans cet univers très masculin est qu’elle a attiré tous les regards et a tout de suite mis tout le monde d’accord sur la qualité de son jeu, arrivant sans aucune difficulté à tenir la dragée haute à un Steve Vai qu’elle a croisé sur scène, alors qu’il s’agit tout simplement de son inspiration principale depuis qu’elle a commencé la guitare. Fluide, aérienne, véloce, elle est sans conteste une « guitar-heroin », un terme que l’on a malheureusement bien peu employé jusqu’à maintenant, mais qui lui va à merveille.

Ses guitares

Si elle a déclaré en interview qu’elle stocke chez elle plusieurs Gibson et une Washburn, elle les sort manifestement très peu de leur étui et préfère rester fidèle à Ibanez. La firme japonaise lui a fait une guitare sur mesure, une JIVA équipée de deux humbuckers Dimarzio Pandemonium et d’un micro simple True Velvet. La finition est appelée Deep Space Blonde

20 - Nile Rodgers

Samedi 26 octobre, Marseille, 7h du mat, j’embarque à bord du TGV pour retrouver, à Paris, un ami depuis peu Rédacteur en chef de Guitar Part. Mon texte sur Zappa a plu et il me demande si Nile Rodgers m’inspire. Un sourire ému m’envahit. J’ai rencontré le Monsieur le 23 juillet dernier.

© DR

La rencontre fut brève, mais plus qu’heureuse. J’accompagnais à la guitare mon amie chanteuse Camille Esteban qui assurait sa première partie. 20h, show time ! On vient nous chercher en loge pour rejoindre la scène et nous entrons dans un ascenseur. J’en sors le premier et tombe nez à nez avec Nile Rodgers qui me scanne de la tête au pied et me sourit spontanément en s’avançant vers moi, tel un enfant enjoué, tout en gratouillant du bout de son index les cordes de ma guitare, que j’ai déjà autour du cou. On se marre, je lui serre la main et lui présente mon amie Camille, nous nous souhaitons mutuellement un bon show et voilà. Le sourire du gars et la chaleur de sa présence sont gravés pour un bout de temps.

Parlons un peu du guitariste, son style de jeu trouve sa source dans le Rhythm and blues et a pris tout son essor à la fin des 70’s au sein de son groupe légendaire « Chic » et de son disco-funk ultra-entêtant avec les tubes « Le Freak » et « Good Times », pour ne citer qu’eux. Son jeu laid-back est d’une souplesse déconcertante, à la mesure du personnage, solidement ancré et décontracté.

Apprendre à jouer un de ses riffs est un mégakiff et un enrichissement considérable pour votre main droite, je vous le recommande chaudement. La carrière du musicien est immense, car ses compétences dépassent largement la guitare. Il a écrit et réalisé des albums pour Bowie, Let’s Dance, ou encore Like A Virgin de Madonna et même Sheila et le groupe B-Dévotion qui a fait le tour du monde avec le single hypnotique « Spacer »… Sans oublier de fructueuses collaborations, dois-je citer « Get Lucky » de Daft Punk ? L’identité que son riff imprime au titre est indéniable. Nile marque de son empreinte la musique moderne depuis presque une cinquantaine d’années, autant dire qu’il est une légende vivante, rien que ça ! 

Retour à Cannes, le show diaboliquement fédérateur de Nile Rodgers & Chic se termine et nous repartons joyeusement groggy avec Camille, en nous disant qu’il était vraiment « Chic » ce « Festival de Cannes ». Clap final !

Ses guitares

À l’origine, Nile joue principalement sur une Fender Stratocaster Hardtail 1960. Plus tard il a lancé son modèle, la fameuse Hitmaker, avec Fender. Sa couleur unique est inspirée du vernis que le Maître avait utilisé pour recouvrir sa première guitare peu de temps après l’avoir achetée du côté de Miami.de son immense collection !

21 - Kirk Hammet

Parce que nous sommes un brin taquin, James Hetfield fut pressenti pour cette page en lieu et place du soliste de Metallica. Lequel des deux nous impressionne le plus est un débat que nous reportons à plus tard, l’important est que ces pionniers du thrash apparaissent dans ce numéro spécial.

© Jean-Pierre Sabouret

Était-il possible de passer à côté d’une de la figure incontournable du genre, aussi critiquée soit-elle ? Metallica est en effet le groupe qu’il est de bon de toiser lorsqu’on fait partie des soi-disant connaisseurs, « parce que, vous comprenez, Lars Ulrich est mauvais à la batterie, et Kirk Hammett sait à peine accorder sa guitare ». Certes, le soliste a parfois été pris en flagrant délit de réglages douteux le sortant d’une juste tonalité lors de certains live (jolie périphrase pour souligner qu’il jouait faux…), mais doit-il pour autant rester l’impardonné, The Unforgiven dans la langue de Satriani, son professeur de guitare à Berkeley. Certainement pas, car ce sont les morceaux de bravoure de Fade To Black, The Call Of Ktulu, Masters Of Puppets, One, Battery qui ont fait naître une vocation chez beaucoup de guitaristes. Kirk Hammett a façonné de somptueux solos retenus par cœur par les apprentis de la six cordes. Il nous a fait acheter une wah-wah pour copier son style, mais nous a aussi rappelé combien le soliste doit se mettre au service de la mélodie, aligner des notes que tout un chacun doit pouvoir chantonner en faisant de l’air guitar, si on a la flemme d’apprendre à jouer, sinon en tentant de s’approcher au mieux de son phrasé. Même s’il est capable d’une belle vélocité, il garde cette accessibilité qui donne leurs couleurs aux hymnes les plus connus du groupe. Le grand tort de Metallica, en définitive, est de s’être rendu populaire dans un genre où les virtuoses se comptent par dizaines. Pourtant, nombreux sont les esthètes du manche à se revendiquer de l’héritage de Kirk, John Petrucci en tête, le soliste ô combien remarquable de Dream Theater. Avant d’en venir à ses guitares, on ne manquera pas de tirer aussi notre chapeau à James Hetfield pour son jeu rapide, exigeant, très bien maîtrisé en live. Le frontman de Metallica est victime d’une triste injustice. Il est évincé de la liste des meilleurs guitaristes par Kirk à sa gauche sur scène et, depuis 2003, Robert Trujillo à sa droite, un génie de la basse. Mais, ici, on ne t’oublie pas, James !

Ses Guitares

Le capitaine Kirk n’a jamais caché sa passion pour les vieux films d’horreur désuets, source d’inspiration de la Hammer (et pull-off, évidemment). Aussi, sa guitare préférée est une ESP KH-2 M-II Boris Karloff Mummy Graphic dont il possède les droits sur l’image. Cette guitare existe en Dracula, avec Béla Lugosi, ou La fiancée de Frankenstein. Il joue aussi sur Gibson Les Paul, Jackson RR1T et, n’oublions pas l’essentiel, avec les ongles noirs et du scotch sur la main droite.

22 - Slash

S’il est un personnage imaginaire dans South Park, dans notre monde Slash est bel et bien l’un des guitaristes les plus emblématiques qui soient. En effet, sa seule silhouette est reconnaissable entre mille. Et que dire de son jeu ? À travers les décennies, il a su créer, jouer, sublimer des titres qui resteront à jamais dans la mémoire collective.

© Jean-Pierre Sabouret

Avec un premier album écoulé à plus de 30 millions d’exemplaires, la carrière de Saul Hudson est lancée sur les chapeaux de roues. Succès quasi instantané, son association avec Axl Rose marquera l’histoire de la musique de manière indélébile. Tout y était : le son unique, les compositions, l’attitude… Un haut-de-forme, des lunettes noires, une Les Paul, une Cry Baby et un Marshall. Le kit du parfait rocker venait d’être défini en moins de temps qu’il en faut pour le dire. Et, même si l’aventure Guns N’ Roses initiale ne sera que d’assez courte durée, l’aura de Slash rayonne depuis ses débuts. C’est ainsi qu’à travers les ans, il se retrouve à collaborer avec les plus grands : Michael Jackson, Lenny Kravitz, Alice Cooper et bien d’autres… Parallèlement à ces interventions, le guitariste chapeauté aura tout le loisir de s’exprimer à travers ses différents projets, à commencer par le bien nommé Slash’s Snakepit qui le voit collaborer dans un premier temps avec deux de ses anciens compères des Guns, Gilby Clarke et Matt Sorum. Cette aventure donnera naissance à une magnifique Gibson Les Paul signature. Les années passent et les projets aussi. 

Après deux albums, Slash décide de monter un vrai groupe avec de nouveau Sorum et Duff McKagan (bassiste emblématique des Guns), s’offrant par la même un nouveau chanteur à fort tempérament : Scott Weiland. Le succès est encore une fois au rendez-vous, mais le caractère de feu du regretté ex-Stone Temple Pilots fera sombrer bien trop rapidement ce Velvet Revolver. On n’est jamais aussi bien servi que par soi-même, Slash se lance enfin dans une carrière solo et offre, en avril 2010, un disque où les invités s’enchaînent. C’est aussi le début de sa fructueuse collaboration avec Myles Kennedy qui, depuis lors, reste son chanteur attitré en solo. Intronisé au Rock ’N Roll Hall of Fame en 2012 pour son travail avec Guns N’ Roses, il réintègrera finalement le groupe en 2016, entamant par là même la troisième tournée la plus lucrative de l’histoire. Depuis ce jour, Slash a encore sorti trois albums en solo. Le nouvel opus des Guns, quant à lui, se fait toujours attendre, malgré quelques nouveaux titres disponibles. À jamais, Slash aura marqué par son look et son jeu le monde de la musique. La définition même du rocker.

Ses guitares

Même si la collection de Slash comprend des centaines de guitares, il serait de manière iconique immédiatement identifié une Gibson Les Paul à la main. Pourtant c’est bien une BC Rich Mockingbird qui fit chavirer son cœur dans les débuts, lui qui voulait tant ressembler à son idole Joe Perry. Dans les années 80, il a d’ailleurs acheté à ce dernier, en manque de finances, une Les Paul 59 (celle que l’on voit dans le clip de « November Rain »), avant de la lui rendre à l’occasion de ses 50 ans. Quel gentleman !

23 - Joe Satriani

Satch a surfé avec les aliens et ne vient pas de notre planète si l’on en croit les titres de ses deux premiers albums. Il est en tout cas très haut dans le ciel niveau technique, au point d’avoir été le professeur de quelques pointures du rock et du metal. Mr Propre dans son style comme dans ses solos.

© Jean-Pierre Sabouret

À la manière d’un Van Halen, que l’on aime sa musique ou non, on ne peut rester hermétique à l’immense talent de Satriani. Il suffit de le voir lancer un The Mystical Potato Head Groove Thing et voir sa main droite aller étouffer les cordes alors qu’il joue un arpège en tapping dans une gamme lydienne, pour en rester bouche bée… quand on débute la six cordes. La vraie difficulté est plutôt à aller chercher du côté de Satch Boogie si l’on connait la guitare et qu’on ne se laisse pas désarmer par la dance des doigts sur le manche d’un Day At The Beach. Plus on approfondit la pratique de l’instrument et plus on comprend que Satriani n’a aucune faiblesse. Ce professeur à Berkeley est un excellent mélodiste et sait mettre à profit toutes les gammes potassées durant ses cours d’harmonie avec Lennie Tristano, un pianiste de Jazz. Ses albums sont parfaitement produits, et c’est sans doute l’absence de chant dans des morceaux souvent structurés en refrain, couplet, solo, comme si un vocaliste était attendu au micro qui en rebute certains. Oui, tout n’est pas écoutable chez Satriani, mais il a appris à jouer à Steve Vai, Kirk Hammett, Alex Skolnick, Larry Lalonde (excusez du peu) et réuni à lui seul les qualités de tous leurs jeux.

Ses guitares

Ibanez, Ibanez et encore Ibanez, la question est de savoir si vous la voulez en rouge, en bleu ou en miroir. Il possède plusieurs guitares signature estampillées d’un JS. S’il a parfois été flashé à jouer trop vite sur une Stratocaster, mais il reste fidèle à la marque à la marque japonaise. Il doit aussi la richesse de son à ses nombreuses pédales, dont beaucoup de Boss et quelques… Ibanez, notamment le Flanger. 

24 - Steve Vai

Les cheveux dans le vent(ilateur), des mimiques donnant l’impression qu’il s’est coincé la cheville dans son pédalier, Steve Vai en fait des caisses. Ce style si affreusement ampoulé pourrait prêter à rire s’il ne maitrisait pas son instrument à la perfection.

© Shutterstock

Vous pensiez que l’egotrip en musique venait du rap, que nenni, Steve a inventé la prétention, mieux que ça, il lui a donné une sonorité. Pourtant, passer à côté d’une écoute attentive de ce génie de la six cordes serait une grave erreur. Frank Zappa lui-même le voyait comme virtuose quand Steve jouait pour lui entre 1980 et 1983 alors qu’il avait à peine la vingtaine. Avec un tel mentor, cet enfant prodige a vite pris le goût des rythmiques complexes qu’il agrémentait de toutes les techniques apprises auprès de Satriani, son professeur. Il faut avoir une fois dans sa vie écouté l’album Passion and Warfare pour comprendre son univers où se mélangent de nombreuses influences musicales. Du classique au jazz, en passant par les musiques du monde il place autant qu’il le peut, et de manière sans doute un peu trop démonstrative, du tapping à deux mains, une maitrise parfaite du picking et du legato, des bends qui montent si haut qu’il pourrait faire plusieurs fois le tour du manche, et une utilisation d’un vibrato qui semble fusionner avec sa main. Le tout est agrémenté d’un certain mysticisme laissant croire que cette technique irréprochable pourrait être un don du ciel…Ok, il peut être fatigant par certains aspects, mais Dieu qu’il est bon.

Ses guitares

Ibanez est décidément à la fête. Steve Vai possède évidemment sa guitare signature, la JEM, qu’il décline à l’envie dans une multitude de couleurs plus ou moins assorties à ses vestes, ses cheveux et son égo. À l’image de la Frankenstrat, Steve a aussi accouché d’un monstre, la Tripleneck, une guitare à trois manches, parce que dans ce domaine, on n’en a jamais assez. On se gausse, mais une fois encore, dès qu’il les prend en main, on se tait et on prend notre leçon.    

25 - Jerry Cantrell

Dans la vague tonitruante du grunge, une formation sort du lot par la profondeur, d’aucuns disent la lenteur, de sa narration. Libre de revenir à ses racines blues ou country, de se projeter dans des arrangements singuliers, Jerry Cantrell a marqué de son empreinte l’exception Alice in Chains.

© DR

Jerry Cantrell a trois ans lorsque son père revient du Viet Nam, une guerre qui aura raison de sa famille après le divorce 4 ans plus tard. Ce drame partagé par tant d’autres, ce quotidien d’aides sociales, encore faut-il pouvoir l’exprimer. Pour Jerry, ce sera avec une guitare. À 12 ans, il s’initie à l’oreille avec la guitare que lui laisse utiliser un petit ami de sa mère. Suivra une copie coréenne de Stratocaster. En 1985, à 19 ans, il part pour Dallas, vit de petits boulots et joue avec autant de groupes qu’il le peut. Vient 1987, l’année qui le plonge dans la dépression après la perte successive de sa mère et de sa grand-mère, mais aussi celle où il rencontre à Seattle le chanteur Layne Staley. Ils fondent Alice in Chains. Staley convainc Cantrell de sortir de sa zone de confort et de chanter aussi. L’accord de leur voix va devenir un atout phénoménal, apportant cette couleur essentielle à la puissante harmonie des arrangements atypiques de Cantrell, la lourdeur de ses ruptures de rythme. Alice in Chains a trouvé la voix qui fera sa différence d’avec toute la production grunge de la décennie suivante, Cantrell considérant que même ses solos, loin de la démonstration de virtuosité, ont l’importance d’une partie chantée...

Ses guitares

Durant sa période à Dallas, Cantrell travaille dans un magasin d’instrument de musique où il s’offre sa première “vraie” guitare électrique, une G&L Rampage de 1984 qui ne l’a jamais quittée depuis. S’il joue souvent sur Gibson, il restera fidèle à la marque californienne avec laquelle il collabore en 2009 pour éditer une G&L Rampage Jerry Cantrell, blanc ivoire, avec son unique bouton de volume, et d’excellente réputation...

26 - Tom Morello

Quantité de musiciens composent des tubes. Ceux qui créent des hymnes sont nettement moins nombreux. Porté par son engagement politique et un style de jeu qui n’appartient qu’à lui, Tom Morello a marqué l’histoire des guitar heroes par son incandescence et son inventivité...

© Jean-Pierre Sabouret

Comment fabrique-t-on un « rebelle » ? Suivre une mère professeure, activiste engagée dans le mouvement pour les droits civiques et fondatrice du « Parents for rock and Rap » est un bon début. Descendre de pionniers du Kenya moderne, dont un père acteur de l’insurrection Mau Mau aide aussi. Et que celui-ci nie sa paternité, 18 mois après sa naissance, pour quitter sa mère, dont il porte le nom, a dû aussi faire son petit effet. Élève brillant, futur étudiant d’Harvard en science politique, Tom Morello est un révolté né, un anarchiste dans un pays conservateur qui a bien l’intention de se faire entendre. À 13 ans, il s’achète une Kay K-20T avec son ampli. Mais ce n’est pas avant 18 ans, et l’achat d’une Gibson explorer II en 1982 qu’il s’y met sérieusement avec Electric Sheep et Adam Jones (futur guitariste de Tool) à la basse. Hard rock, heavy metal, rap et punk se mêlent dans ses influences, explorant jusqu’à emprunter au hip-hop l’emploi de bruits, de scratch qu’il reproduit avec ses nombreux effets. Si Lock Up lui permet de se lancer en 1987, le déclic vient avec sa rencontre avec un autre allergique au système qui voit la musique comme un outil majeur pour transmettre les idées, Zack de la Rocha. Ils forment Rage Against the Machine en 1991, et l’Amérique en tremble encore...

Ses guitares

En 1986, Morello achète de quoi assembler une guitare pour avoir le son de Randy Rhoads. En vain ! Le bricolage continue jusqu’à ce que, loin du but escompté, il mette au point « Arm the Homeless », modèle unique avec lequel il composera les titres et le son de RATM. Plus facile à se procurer, c’est avec une Fender Telecaster de 1982 qu’il joue sur scène l’hymne insurrectionnel Killing In The Name... À noter qu’Ibanez a édité une Ibanez Artstar Custom à son nom, intégrant ses effets favoris. 

27 - Matthew Bellamy

Il est des artistes dont la carrière n’évolue pas dans le bon sens, en tout cas pas celle que l’on espérait au plus profond de nous. Les derniers albums de Muse nous ont fait descendre du train en marche, mais jamais ils n’atténueront l’admiration que nous avons eue pour son génial frontman.

© Jean-Pierre Sabouret

Matt aurait-il un brin de frustration en lui comme le laisse imaginer la paranoïa ambiante de beaucoup de ses paroles ? Peut-être n’est-il pas devenu exactement ce qu’il rêvait d’être ? Cette icône pop-rock semble fixer du haut de son trône, avec un regard doux-amer, la galaxie metal. Quelques riffs du dernier album « Will Of The People » en témoignent, mais rappelez-vous aussi d’Assassin, Yes Please, Stockholm Syndrome, des interludes sur scène, des envolées rageuses sur Hullabaloo Soundtrack ou de la superbe reprise de Back In Black avec Brian Johnson himself, en chair et en timbre voilé. Peut-être qu’à son grand regret, la tête pensante de Muse n’est pas non plus le grand compositeur lyrique qu’il aurait souhaité être en commençant l’Exogenesis, composition ambitieuse réduite à une douzaine de minutes alors qu’il en escomptait bien plus. Mais pourquoi cette place si haut dans nos cœurs ? Déjà, Bellamy a su réintégrer des solos incisifs à une époque où le rock, le grunge et l’indé oubliaient ses parties guitare sonnant « so 80’s ». 

Lorsque certains reprochaient au groupe d’être un sous Radiohead, Muse s’est forgé une identité avec pas mal de compositions basées sur l’excellent niveau de Matthew Bellamy à la six-cordes. On l’apprécie pour son phrasé rapide et sans pause dans des Plug In Baby, Knights Of Cydonia, pour ses arpèges si mélodieux et bien sentis de New Born, Micro Cuts, mais aussi pour ses arrangements complexes sur des morceaux structurés en plusieurs mouvements, avec des gammes souvent plus riches que l’incontournable pentatonique si liée à la pop et au rock. On sent que le jeune Matt a d’abord appris le piano (l’instrument qui ouvre le premier opus sur l’inoubliable Sunburn), connait très bien la musique classique et s’est laissé séduire par les harmonies et la subtilité du jazz. Toutes ses influences font que les trois premiers albums de Muse sont des monuments du rock absolument inattaquables, 100 % parfaits. Matt reste ainsi, à jamais, l’un des meilleurs guitaristes de rock et, c’est agaçant, aussi un des meilleurs pianistes. Cerise sur le gâteau, il touche un petit peu sa bille au chant… Énervant ce garçon…

Ses guitares

Côté distorsion, Matt opte pour un réglage savant dit « tout à donf » pour saturer au maximum et une whammy pour friser les oreilles avec des aigus criards. Un son quasi synthétique qu’il souligne avec une guitare élaborée à l’origine par le luthier Hugh Manson, la fameuse Manson MB-1, équipée du Kaoss Pad, un contrôleur midi à diriger du bout du doigt. Avec quelques variantes toujours magnifiques, il s’est forgé un son reconnaissable entre 1000, une fois encore, la marque de son immense talent.

28 - Joe Duplantier

Devenir un vaillant représentant de la 6 cordes ne signifie pas aligner les notes à la vitesse de la lumière, ou sortir dans la même phrase les mots myxolydiens et phrygiens sans saigner du nez. La composition est aussi une affaire d’énergie et de transmission. Joe Duplantier l’a bien compris.

© Cyril Trégoust

Dans Gojira, le siège du virtuose est déjà occupé par Mario Duplantier, le petit frère, l’un des plus grands batteurs du moment. Le plus souvent à la composition, Joe crée un espace d’expression pour les percussions et ajoute ce qu’il faut de riffs bien sentis pour oublier le côté factice que peut avoir un morceau uniquement basé sur la technique. Le rythme sans cesse brisé d’Ocean Planet, le ternaire d’All The Tears, les breakdowns de Born For One Thing ou l’ostinato de World To Come délivrent une émotion en accord avec la spiritualité et les thèmes écologiques évoqués dans les paroles, mais en aucun cas ne semblent frimer avec la métrique comme peut le faire Tool (que l’on adore, par ailleurs). S’il n’est pas un as du manche, Joe s’offre un son singulier et identifiable, mélange de riffs lents, brutaux, ponctués par des notes harmoniques parfois dissonantes et une attaque récurrente des cordes aiguës à vide. Il crée ainsi une atmosphère étonnamment aérienne et donne aux compositions death de Gojira une teinte audible à tous les publics prêts à la saturation et au chant guttural (le growl, pour les initiés). Il suffit de regarder les premiers rangs d’un de leurs concerts pour voir que tous les horizons musicaux s’y bousculent. Les mordus de Chuck Schuldiner, l’inoubliable guitariste chanteur de Death, une inspiration pour Joe, se retrouvent au coude à coude avec des adeptes de rock ou heavy bien plus grand public. Un exploit inaccessible aux excellents Meshuggah, Textures ou The Dillinger Escape Plan, tous capables de mettre un métronome en dépression, mais pas de remplir des salles gigantesques de par le monde. Gojira en est aujourd’hui à son septième album et n’a commis aucun impair ni fait de concession sur la violence de sa musique, même lorsque les musiciens s'accrochent à la façade de la conciergerie face à une bonne partie de la planète. Sur « Magma » et « Fortitude », Joe se fait plus mélodique dans les lignes de guitare, s’amuse avec le tapping et une voix moins agressive, mais ne se perd toujours pas en solos qui viendraient casser la cohérence d’un morceau. Tout est au service de l’atmosphère et du ressenti de l’auditeur.

Ses guitares

S’il n’est pas rare de le voir malmener une Jackson SLS, Joe est surtout adepte de Charvel dont il possède plusieurs exemplaires. Son modèle signature est une Pro-Mod San Dimas Style 2 HH avec un micro chevalet humbucker DiMarzio Fortitude, conçu pour développer encore davantage de basses écrasantes. Avec l’accordage en Ré, là c’est sûr, les caissons prennent cher !

29 - Tosin Abasi

Si l’inaltérable Meshuggah est l’un des précurseurs du djent, Periphery lui ouvre une audience plus large et Animals As Leaders finit d’en faire un style écoutable par le plus grand nombre. La figure de proue du groupe est un guitariste totalement hors norme.

© DR

Oluwatosin Ayoyinka Olumide Abasi de son vrai nom s’est peut-être intéressé à la harpe avant la guitare, nous n’avons pas d’information à ce sujet, mais il s’est vite senti à l’étroit sur seulement six cordes. Il passe alors à huit et martyrise chacune à coup de shred, de slapping et de tapping. Durant un concert de son Reflux, il se fait remarquer par Prosthetic Records qui lui propose une aventure en solo, qu’il baptise Animals As Leaders et qui deviendra un groupe. Il enregistre en 2009 avec Misha Mansoor, du groupe Periphery (quelle surprise !), un premier album dont il fait toutes les parties guitare ainsi que la basse. Ces deux compères, Javier Reyes et Navene Koperweis, sont engagés au passage pour transposer la musique de Tobin sur scène. Comme beaucoup, nous avons découvert la formation avec l’incroyable morceau Cafo. D’apparence brouillonne dans son introduction, il gagne largement en clarté après la première minute et on commence à comprendre à qui l’on a affaire. Il aura fallu moins de 5 ans pour le voir se faire une place aux côtés de Joe Satriani, Guthrie Govan et Mike Keneally sur le G4, ou se retrouver dans la tournée de Generation Axe avec Nuno Bettencourt, Yngwie Malmsteen, Steve Vai et Zakk Wylde… Rien que ça.

Ses guitares

Tosin possède évidemment une grande collection de guitares, mais il est surtout associé à des Ibanez comportant trop de cordes pour être honnêtes. Beaucoup sont faites sur mesure, mais vous pouvez craquer pour l’Ibanez RG2228 ou la TAM 100 Tosin Abasi signature pour vous rapprocher de son jeu. Lorsque ses doigts saignent à force d’envolées intenses de shred, il se repose sur une Godin Multiac Nylon ou une Kiesele NS1

30 - Tim Henson

Les guitaristes youtubeurs se comptent par dizaines, mais ceux capables de remplir une salle de concert et de faire des tournées internationales sont déjà beaucoup plus rares. Tim est un personnage hors norme, à bien des égards.

© DR

Tim a 11 ans quand ses parents, tous deux musiciens, lui collent une guitare dans les paluches. Travailleur acharné, il fonde Polyphia à 17 ans en 2010 et sort le premier album « Muse » en 2014. Mélangeant subtilement le fingerstyle à toutes les techniques de tous les guitaristes évoqués précédemment dans ce dossier, il jette un pavé dans la marre du metal prog, avec de nombreuses influences piochées dans la pop et l’electro. Polyphia remet surtout au gout du jour une musique exigeante aux accents jazzy, ce style de morceau dont le tonton relou de la famille disait en les écoutant : « ils jouent tous très bien, mais ça serait bien qu’ils jouent ensemble ». Le guitariste leader part dans des shreds qui n’en finissent pas agrémentés de moments de tapping et de picking à en pleurer de rage tant ils les effectuent avec une facilité déconcertante. Autour de lui, le second guitariste, Scott LePage, est quasiment invisibilisé, alors qu’il est monstrueusement bon, et le batteur Clay Asechkliman apporte un groove redoutable. Alors certes, on peut ne pas aimer ce style de musique, toujours à la limite entre le génial et le pompeux (qui a dit Steve Vai ?), mais lorsqu’on aime la six-cordes, on ne peut pas se permettre de ne pas avoir la curiosité d’écouter.

Ses guitares

Le bougre possède une jolie collection de guitares, mais nous avons envie de parler en premier de son Ibanez TOD10N, non pas que ce soit celle qu’il utilise le plus, mais il fait des merveilles avec ses cordes de nylon. Au début de Polyphia, il s’en est plus souvent remis à une Music Man JP6 BFR avant d’être endorsé par Ibanez, qui lui a concocté des guitares signatures : la THBB10, et la TOD10.

Galerie photos

Vous aimez cet article ?
resdqcd
Alors allez faire un tour sur notre espace pédagogique, vous y trouverez une centaine de vidéos matos, des tests de guitares, de pédales, des tutos et plus encore !
Découvrir
Story
Jean-Pierre Sabouret, Cyril Trigoust, Julien Meurot, Frédéric Lelièvre et Manu Eveno
2/1/2025
plus d'articles