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7 WEEKS - Au sommet de la montagne

Depuis plus d’une dizaine d’années, et avec une persévérance qui ne peut que forcer le respect, 7 Weeks a patiemment construit un univers sonore qui lui est propre. « Sisyphus », le nouvel album des Limougeauds, confirme tout le talent du groupe pour créer des ambiances envoûtantes.

Vu de l’extérieur, 7 Weeks semble être un groupe à géométrie variable, avec un line-up fluctuant. Qu’en est-il exactement ?
Julien Bernard (chant/basse/guitare) : Jérémy, le batteur, et moi, avons monté le groupe avec un pote qui est très vite parti. Fatigués par les nombreux départs et arrivées de musiciens, qui restaient en moyenne 3 ou 4 ans, nous avons finalement enregistré notre précédent album à deux (l’excellent « A Farewell To Dawn » sorti en 2016, ndlr). Nous en avons eu marre de ces changements de line-up et nous avons décidé de faire appel à des gens uniquement pour les concerts, ce qui nous a permis de rencontrer PH (claviers et guitare, ndlr). Il est finalement resté et a fait preuve d’une réelle motivation. Pendant un an, nous n’avons pratiquement rien fait, nous nous sommes même demandé si nous n’allions pas arrêter… Et lui, il venait à toutes les répétitions alors qu’il habite à 3h30 de notre local. Nous avons donc composé le nouveau disque à trois et, quand l’ensemble a commencé à prendre réellement forme, nous avons appelé Fred Mariolle, que les lecteurs de Guitar Part connaissent bien, pour qu’il nous donne des contacts de guitaristes en vue des prochains concerts. Finalement, il nous a dit qu’il était intéressé, nous avons fait un test concluant, et il a rejoint 7 Weeks. Tout l’album était déjà composé, mais il est venu en studio car nous tenions absolument à enregistrer live les nouveaux morceaux.

Comment s’est traduite l’arrivée de Fred Mariolle dans le groupe s’il n’a pas participé au processus de composition ?
Fred a amené un avis extérieur en fin de processus, ce qui est toujours extrêmement intéressant. Il a également apporté un son différent. Si j’avais enregistré les guitares, le résultat final aurait été tout autre. Moi, je suis de l’école Gibson et lui, il est plutôt Fender. Il a amené un son rock et Pascal Mondaz, le producteur de l’album qui nous connaît très bien, nous a avoué qu’il attendait ce genre de son depuis des années chez 7 Weeks.

Jouer les morceaux en live pour les enregistrer, c’était une nouvelle approche pour le groupe ?
Franchement, c’est génial, ça fait vivre les chansons. Quand tu enregistres au clic, tu te demandes où tu as pu faire un pain. Sans clic, le raisonnement est différent, tu cherches à savoir quelle prise est la meilleure. C’était la première fois que nous le faisions. Vu la teneur des titres, c’était une évidence quant à l’option d’enregistrer en live. Cela favorise les nuances et pousse à jouer sur les textures. Un morceau comme Gone, qui ouvre l’album, très simple avec un accord tout du long, serait plat si nous ne l’avions pas enregistré en live.

L’année durant laquelle le groupe était en pause, l’idée d’arrêter vous a traversé l’esprit. Par lassitude ?
Nous faisons 7 Weeks depuis une dizaine d’années. Nous avons fait pas mal d’albums (cinq au total et deux EP, ndlr), de concerts. Il y a eu de nombreux changements de line-up, des galères de label… Tout cela crée une fatigue aussi bien mentale que physique. Début 2018, nous nous sommes demandé si nous ne devions pas arrêter. Mais nous avons continué à faire de la musique à trois. Répéter sans avoir un but bien précis, crois-moi, cela fait du bien parfois… Nous avons réalisé que, à chaque fois que nous étions dans la merde, il y avait quelque chose qui nous poussait à repartir. Peu à peu, il y a cette idée autour du mythe de Sisyphe qui a commencé à germer dans nos esprits : tous les jours, tu pousses ton gros caillou jusqu’en haut de la montagne, il dévale la pente, et tu recommences encore et encore. Nous sommes allés plus loin en relisant le livre d’Albert Camus (« Le mythe de Sisyphe », un essai publié en 1942, ndlr) dans lequel il y a les réponses à toutes les questions qu’on se posait. D’où le titre de l’album et une volonté d’avoir une unité dans les titres, quelque chose d’aérien et cyclique. Finalement, c’est dans la difficulté que nous trouvons notre motivation et notre source de création. Ce disque parle de la condition humaine et artistique et d’un tas de choses que nous avons ressenties pendant son élaboration, mais ce n’est pas un album concept sur le livre d’Albert Camus.

L’évolution de votre musique, avec des morceaux plus aériens et plus basés sur les ambiances, comme si vous vouliez définitivement vous affranchir de l’étiquette stoner, c’est un sacré challenge, non ?
J’aime les groupes qui évoluent, ce qui ne m’empêche pas d’être un grand fan de Motörhead et d’AC/DC. Ces formations, surtout AC/DC, ont quasiment fait le même album depuis leurs débuts. Peu importe, ils l’ont toujours bien fait. Faire évoluer sa musique, ça veut dire prendre des risques. Je suis aussi un grand fan de Metallica et j’ai adoré tout ce que les gens ont détesté de ce groupe : les gars font de la country ? Des morceaux folk-blues ? Un album inécoutable et atrocement beau avec Lou Reed ? Génial ! Ce disque est tellement laid que c’est pour moi un véritable chef-d’œuvre (rires) ! J’apprécie aussi Queens Of The Stone Age, un des groupes qui nous a réellement donné envie de monter 7 Weeks, pour avoir su se débarrasser de l’héritage Kyuss et de celui des trois premiers albums. « Era Vulgaris » ou « Villains » ne sont pas des disques faciles à écouter de prime abord et c’était quand même un sacré pari d’avoir évolué de cette manière. La grande différence entre QOSTA et 7 Weeks est que Josh Homme intellectualise beaucoup plus la musique que nous. Avec « Sisyphus », nous tendons à aller vers une simplicité héritée sans doute de l’amour que nous avons pour le blues, Jérémy et moi. Cette forme d’évidence, c’est ce que nous avons cherché à avoir dans notre dernier disque et c’est sûrement ce vers quoi nous nous dirigerons désormais.

On a parfois l’impression que 7 Weeks a du mal à franchir un cap, peut-être à cause de la difficulté de classer le groupe dans un style bien précis : pas assez metal pour certain, pas vraiment stoner, et de moins en moins au fil des albums pour d’autres…
En France, on a toujours besoin de classer la musique, c’est un fait. 7 Weeks n’a jamais été franchement metal d’où la difficulté d’être accepté par des programmateurs dans ce milieu. Nous avons longtemps été considérés comme un groupe stoner. Il y a 10 ans, cette scène était exotique. Aujourd’hui, elle est ultra codifiée, avec de nombreuses ramifications : doom, sludge… Ce qui ne correspond pas à notre musique, tout comme le rock plus « mainstream » ou indé. Il n’y a pas vraiment de case pour nous ranger dans une catégorie précise. Ça, c’est la réponse facile. Mais nous n’avons peut-être pas pris les bonnes décisions à certains moments. Nous nous manageons et nous produisons nos disques. Avons-nous fait les bons choix ? Qu’importe. Aujourd’hui, le chemin est plus important que l’arrivée et c’est ce que raconte « Sisyphus ».

Bassiste et chanteur de 7 Weeks, Julien a très souvent endossé le rôle de guitariste en studio.
Pour l’enregistrement de « Sisyphus », j’ai opté pour un mélange Sovtek MIG et Orange Tunderverb 200qui a hyper bien fonctionné. La tête Orange qui chauffait comme si une gazinière était à l’intérieur (rires) ! J’ai fait toutes mes parties guitare avec une ESP Phoenix équipé de micros James Hetfield, l’un de mes guitaristes préférés. C’est un bout de bois, mais c’est franchement très précis. Tout était doublé soit avec une Fender Telecaster, soit avec une Jazzmaster. Fred a joué uniquement sur des Fender et a amené plus de textures que je ne l’aurais fait, avec différentes fuzz, parfois dans un même morceau, le tour repiqué via la MG 100 et un Marshall JCM 800. Au final, le plus important pour construire l’identité sonore n’est pas le matos que tu utilises, mais la manière de jeu jouer et de placer rythmiquement les notes.

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